CITE DU VATICAN, Mercredi 9 octobre 2002 (ZENIT.org) - "Seigneur, tu nous assures la paix": le cantique du ch. 26 du Livre d'Isaïe le prophète chante le don de Dieu par excellence, la paix, explique Jean-Paul II, dans son allocution du 2 octobre, dont voici la traduction de l'italien par L'Osservatore Romano en français du 8 octobre (cf. http://www.vatican.va).
(Lecture: Is 26, 1-2.4.7.9)
1. Dans le Livre du prophète Isaïe plusieurs voix convergent, réparties sur une vaste période de temps et toutes attribuées au nom et à l'inspiration de ce grand témoin de la Parole de Dieu, qui vécut au VIII siècle av. J.-C.
A l'intérieur de ce vaste rouleau de prophéties que Jésus déroula lui aussi et lut dans la synagogue de son village, Nazareth (cf. Lc 4, 17-19), se trouve une série de chapitres, qui va du 24 au 27, généralement appelée par les chercheurs "la grande apocalypse d'Isaïe". En effet, on rencontrera une autre apocalypse, plus petite, dans les chapitres 34-35. Dans des pages souvent ardentes et riches de symboles, se dessine une puissante description poétique du jugement divin sur l'histoire et l'on exalte l'attente du salut de la part des justes.
2. Souvent, comme ce sera le cas dans l'Apocalypse de Jean, on oppose deux villes antithétiques entre elles: la ville rebelle, incarnée par plusieurs centres historiques de l'époque, et la ville sainte, où se rassemblent les fidèles.
Le Cantique que nous venons d'entendre proclamer, et qui est tiré du chapitre 26 d'Isaïe, est précisément la célébration joyeuse de la ville du salut. Elle se dresse forte et glorieuse, car c'est le Seigneur lui-même qui en a posé les fondations et élevé les murs de défense, la transformant en une demeure sûre et tranquille (cf. v.1). Il en ouvre à présent les portes pour accueillir le peuple des justes (cf. v. 2), qui semblent répéter les paroles du Psalmiste lorsque, devant le temple de Sion, il s'exclame: "Ouvrez-moi les portes de justice, j'entrerai, je rendrai grâce à YHWH! C'est ici la porte de YHWH, les justes entreront" (Ps 117, 19-20).
3. Celui qui entre dans la ville du salut doit avoir une qualité fondamentale: "l'âme solide... avoir confiance en toi... confier" (cf. Is 26, 3-4). Il s'agit de la foi en Dieu, une foi solide, basée sur Lui, qui est le "rocher, éternellement" (v. 4).
C'est la confiance, déjà exprimée dans la racine d'origine hébraïque de la parole "amen", profession de foi synthétique dans le Seigneur, qui - comme le chantait le roi David - est "ma force, mon roc et ma forteresse, mon libérateur, c'est mon Dieu. Je m'abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma force de salut, ma citadelle et mon refuge" (Ps 17, 2-3; cf. 2 S 22, 2-3).
Le don que Dieu offre aux fidèles est la paix (cf. Is 26, 3), le don messianique par excellence, synthèse de la vie dans la justice, la liberté et dans la joie de la communion.
4. Il s'agit d'un don répété avec force, également dans le verset final du Cantique d'Isaïe: "YHWH, tu nous assures la paix, et même toutes nos œuvres tu les accomplis pour nous" (v. 12). C'est ce verset qui a attiré l'attention des Pères de l'Eglise: dans cette promesse de paix, ils ont entrevu les paroles du Christ qui devaient retentir des siècles plus tard: "Je vous donne ma paix, c'est ma paix que je vous donne" (Jn 14, 27).
Dans son Commentaire de l'Evangile de Jean, saint Cyrille d'Alexandrie rappelle que, en donnant la paix, c'est son Esprit lui-même que Jésus donne. Il ne nous laisse donc pas orphelins, mais à travers son Esprit, il reste avec nous. Et saint Cyrille commente: le prophète "implore que nous soit donné l'Esprit divin, grâce auquel nous avons à nouveau été admis dans l'amitié avec Dieu le Père; nous qui, auparavant, étions loin de Lui en raison du péché qui régnait en nous".
Le commentaire devient ensuite une prière: "Accorde-nous la paix, ô Seigneur. Alors nous admettrons que nous avons tout, et il nous apparaîtra que rien ne manque à celui qui a reçu la plénitude du Christ. C'est en effet une plénitude de tout bien, que Dieu habite en nous à travers l'Esprit (cf. Col 1, 19)" (Vol. III, Rome, 1994, p. 165.
5. Jetons un dernier regard au texte d'Isaïe. Il présente une réflexion sur le "sentier du juste" et une déclaration d'adhésion aux justes décisions de Dieu (cf. vv. 8-9). L'image dominante est celle, classique dans la Bible, de la voie, comme l'avait déjà déclaré Osée, un prophète un peu antérieur à Isaïe: "Qui est sage pour comprendre ces choses... Droites sont les voies de YHWH, les justes y marcheront, mais les infidèles y trébucheront" (14, 10).
Dans le Cantique d'Isaïe se trouve une autre composante, qui apparaît très évocatrice, également en raison de l'utilisation liturgique qu'en fait la Liturgie des Laudes. On a, en effet, la mention de l'aube qui est attendue après une nuit passée à la recherche de Dieu: "Mon âme t'a désiré pendant la nuit, oui, au plus profond de moi, mon esprit te cherche" (26, 9).
C'est précisément aux portes du jour, lorsque le travail commence et que la vie quotidienne a déjà repris son cours dans les rues de la ville, que le fidèle doit à nouveau s'engager à cheminer "dans les sentiers de tes jugements, YHWH" (v. 8), en espérant en Lui et en sa Parole, unique source de paix.
Sur ses lèvres se présentent alors les paroles du Psalmiste qui, dès l'aurore, professe sa foi: "Dieu, c'est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi... Meilleur que la vie ton amour" (Ps 62, 2.4). Son âme ayant repris courage, il peut ainsi affronter la nouvelle journée.
© L'Osservatore Romano
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Oct 09, 2002 00:00