Psaume 84:" Notre salut est proche"

Catéchèse liturgique du 25 septembre

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CITE DU VATICAN, Mercredi 2 octobre 2002 (ZENIT.org) – Voici la traduction intégrale de l’allocution de Jean-Paul II sur le psaume 84, donnée en italien au cours de l’audience générale du 25 septembre 2002, proposée par l’édition hebdomadaire en français de L’Osservatore Romano du 1er octobre (cf. http://www.vatican.va).

– Allocution de Jean-Paul II sur le Ps 84 –

1. Le Psaume 84 que nous venons de proclamer est un chant joyeux et rempli d’espérance dans l’avenir du salut. Il reflète le moment exaltant du retour d’Israël sur la terre des pères après l’exil babylonien. La vie nationale recommence dans ce foyer bien-aimé, qui avait été éteint et détruit lors de la conquête de Jérusalem par les armées du roi Nabuchodonosor en 586 av. J.-C.

En effet, dans l’original hébreu du Psaume, on entend résonner de façon répétée le verbe shûb, qui indique le retour des déportés, mais qui signifie également un « retour » spirituel, c’est-à-dire la « conversion ». La renaissance ne concerne donc pas seulement la nation, mais également la communauté des fidèles, qui avaient ressenti l’exil comme une punition pour les péchés commis et voyaient à présent le retour dans leur patrie et la nouvelle liberté comme une bénédiction divine, due à la conversion qui avait eu lieu.

2. Le Psaume peut être suivi dans son déroulement selon deux étapes fondamentales. La première est rythmée par le thème du « retour », qui comprend toutes les interprétations que nous avons mentionnées.
On célèbre tout d’abord le retour physique d’Israël: « YHWH…, tu fais revenir les captifs de Jacob » (v. 2); « Fais-nous revenir, Dieu de notre salut… Ne reviendras-tu pas nous vivifier? » (vv. 5-7). Il s’agit d’un don précieux de Dieu, qui se soucie de libérer ses fils de l’oppression et qui s’engage pour leur prospérité. « Tu aimes en effet tout ce qui existe… Mais tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître, ami de la vie » (cf. Sg 11, 24-26).

Mais, à côté de ce « retour », qui réunit de façon concrète ceux qui sont dispersés, il y a un autre « retour » plus intérieur et spirituel. Le Psalmiste lui laisse une grande place, en lui attribuant une importance particulière, qui vaut non seulement pour l’antique Israël, mais pour les fidèles de tous les temps.

3. Le Seigneur agit de façon active dans ce « retour », révélant son amour en pardonnant l’iniquité de son peuple, en effaçant tous ses péchés, en retirant son emportement, en mettant fin à sa colère (cf. Ps 84, 3-4).

C’est précisément la libération du mal, le pardon des fautes, la purification des péchés qui créent le nouveau Peuple de Dieu. Cela est exprimé à travers une invocation, qui est également entrée dans la liturgie chrétienne: « Fais-nous voir, YHWH, ton amour, que nous soit donné ton salut » (v. 8).

Mais à ce « retour » de Dieu qui pardonne doit correspondre le « retour », c’est-à-dire la conversion, de l’homme qui se repent. En effet, le Psaume déclare que la paix et le salut sont offerts à « qui revient à lui de tout son cœur » (v. 9). Celui qui se place de façon décidée sur la voie de la sainteté reçoit les dons de la joie, de la liberté et de la paix.

On sait que, souvent, les termes bibliques concernant le péché évoquent le fait de se tromper de route, de manquer l’objectif, de dévier du droit chemin. La conversion est précisément un « retour » sur la voie linéaire qui conduit à la maison du Père, qui nous attend pour nous embrasser, nous pardonner et nous rendre heureux (cf. Lc 15, 11-32).

4. Nous arrivons ainsi à la deuxième partie du Psaume (cf. Ps 84, 10-14), si chère à la tradition chrétienne. On y décrit un monde nouveau, dans lequel l’amour de Dieu et sa fidélité, comme s’il s’agissait de personnes, s’embrassent; de même, la justice et la paix s’embrassent elles aussi lorsqu’elles se rencontrent. La vérité germe comme lors d’un nouveau printemps et la justice, qui pour la Bible est également salut et sainteté, se présente dans le ciel pour entamer son chemin au milieu de l’humanité.

Toutes les vertus, auparavant chassées de la terre en raison du péché, rentrent à présent dans l’histoire et, en s’entrecroisant, dessinent la carte d’un monde de paix. Miséricorde, vérité, justice et paix deviennent comme les quatre points cardinaux de cette géographie de l’esprit. Isaïe chante lui aussi: « Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s’ouvre et produise le salut, qu’elle fasse germer en même temps la justice. C’est moi, YHWH, qui ait créé cela » (Is 45, 8).

5. Les paroles du Psalmiste, déjà au II siècle avec saint Irénée de Lyon, ont été lues comme une annonce de l' »engendrement du Christ par la Vierge » (Adversus haereses, III, 5, 1). La venue du Christ est, en effet, la source de la miséricorde, l’éclosion de la vérité, la floraison de la justice, la splendeur de la paix.

C’est pourquoi le Psaume, en particulier dans sa partie finale, est relu en liaison avec la nativité par la tradition chrétienne. Voilà comment l’interprète saint Augustin, dans l’un de ses discours pour Noël. Laissons-le conclure notre réflexion. «  »La vérité a germé de la terre »: le Christ, qui a dit: « Je suis la vérité » (Jn 14, 6) est né d’une Vierge. « Et des cieux se penche la justice »: celui qui croit en celui qui est né ne se justifie pas lui-même, mais est justifié par Dieu. « La vérité a germé de la terre »: car « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14). « Et des cieux se penche la justice »: car « tout don excellent, toute donation parfaite, vient d’en-haut » (Jc 1, 17). « La vérité a germé de la terre », c’est-à-dire qu’elle a pris corps de Marie. « Et des cieux se penche la justice »: car « Un homme ne peut rien recevoir, si cela ne lui a été donné du ciel » (Jn 3, 27) » (Discours, IV/1, Rome 1984, p. 11).

© L’Osservatore Romano

N.B. Nous adoptons l’usage respectueux de nombreux biblistes de ne pas vocaliser en « Yahvé » le tétragramme de l’hébreu désignant le nom de Dieu, imprononçable, mais de transcrire les quatre consonnes de l’hébreu par les majuscules YHWH. A la lecture on peut dire « le Seigneur ».

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ZENIT Staff

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