Is 12: La joie du peuple racheté

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Audience du 17 avril 2002

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CITE DU VATICAN, Mercredi 24 avril 2002 (ZENIT.org) – « La joie du peuple racheté », c´est le titre retenu par L´Osservatore Romano en français (Vatican.va) du 23 avril pour la traduction de la catéchèse de Jean-Paul II, mercredi 17avril, sur le cantique d´Isaïe 12.

– Allocution de Jean-Paul II –

1. L´hymne qui vient d´être proclamé entre comme un chant de joie dans la Liturgie des Louanges. Il constitue une sorte de sceau de certaines pages du Livre d´Isaïe qui sont devenues célèbres en raison de leur interprétation messianique. Il s´agit des chapitres 6-12, généralement intitulés « Le livre de l´Emmanuel ». En effet, au centre de ces oracles prophétiques domine la figure d´un souverain qui, bien qu´appartenant à la dynastie historique de David, révèle des aspects transfigurés et reçoit des titres glorieux: « Merveilleux-conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Is 9, 5).

La figure concrète du roi de Judée qu´Isaïe promet comme fils et successeur à Acaz, le souverain d´alors qui était bien éloigné des idéaux davidiques, est le signe d´une promesse plus élevée: celle du roi-Messie qui réalisera en plénitude le nom d´ »Emmanuel », c´est-à-dire de « Dieu-avec-nous », en devenant la présence divine parfaite dans l´histoire humaine. On comprend alors facilement comment le Nouveau Testament et le christianisme ont entrevu dans ce profil royal le visage de Jésus-Christ, Fils de Dieu devenu un homme solidaire avec nous.

2. L´hymne auquel nous faisons référence (cf. Is 12, 1-6) est considéré par les chercheurs, en raison de sa qualité littéraire et de son style général, comme une création successive à celle du prophète Isaïe, qui vécut au VIII siècle avant Jésus-Christ. Il s´agit presque d´une citation, d´un texte ayant la forme d´un Psaume, peut-être d´usage liturgique, qui est inséré à cet endroit pour servir de conclusion au « Livre de l´Emmanuel ». En effet, il en évoque certains thèmes: le salut, la confiance, la joie, l´action divine, la présence parmi le peuple du « Saint d´Israël », une expression qui indique aussi bien la « sainteté » transcendante de Dieu que sa proximité aimante et active, sur laquelle le peuple d´Israël peut compter.

La personne qui chante a derrière elle une histoire pleine d´amertume, ressentie comme un acte du jugement divin. Mais à présent l´épreuve a cessé, la purification a eu lieu; la colère du Seigneur laisse place au sourire, à la disponibilité à sauver et à réconforter.

3. Les deux strophes de l´hymne semblent rythmer deux moments. Dans le premier (cf. vv. 1-3), ouvert par l´invitation à prier: « Et tu diras en ce jour-là », la parole « salut » domine; elle est répétée trois fois et s´applique au Seigneur: « Voici le Dieu de mon salut… il a été mon salut… aux sources du salut ». Rappelons, entre autres, que le nom d´Isaïe – comme celui de Jésus – contient la racine du verbe juif ylsa´, qui fait allusion au « salut ». L´orant possède donc la certitude inébranlable qu´à la racine de la libération et de l´espérance se trouve la grâce divine.

Il est significatif de remarquer qu´il fait une référence implicite au grand événement salvifique de l´exode de l´esclavage d´Egypte, car il cite les paroles du chant de libération entonné par Moïse: « Yahvé est ma force et mon chant » (Ex 15, 2).

4. Le salut donné par Dieu, capable de faire naître la joie et la confiance également au jour sombre de l´épreuve, est représenté à travers l´image de l´eau, classique dans la Bible: « Dans l´allégresse vous puiserez de l´eau aux sources du salut » (Is 12, 3). Nous revenons en esprit à l´épisode de la Samaritaine, lorsque Jésus offre la possibilité de posséder en soi une « source d´eau jaillissante en vie éternelle » (Jn 4, 14).

A ce propos, Cyrille d´Alexandrie commente de façon suggestive: « Jésus appelle eau vive le don vivifiant de l´Esprit, au moyen duquel seule l´humanitée, bien que complètement abandonnée, comme les troncs sur les montagnes, sèche et privée de toute espèce de vertu par les pièges du diable, est restituée à l´antique beauté de la nature… Le Sauveur appelle eau la grâce de l´Esprit Saint, et si quelqu´un se laisse saisir par lui, il trouvera en lui-même la source des enseignements divins, au point de ne plus avoir besoin des con-seils des autres, et de pouvoir exhorter ceux auxquels il arrive d´avoir soif de la Parole de Dieu. Telle était la condition, lorsqu´ils se trouvaient dans cette vie et sur cette terre, des saints prophètes, des apôtres et de leurs successeurs. Il est écrit à leur sujet: Vous puiserez de l´eau avec joie aux sources du salut » (Commento al Vangelo di Giovanni II, 4, [Commentaire à l´Evangile de Jean], Rome 1994, pp. 272.275).

L´humanité s´éloigne malheureusement souvent de cette source qui désaltère toute la personne, comme le remarque avec amertume le prophète Jérémie: « Ils m´ont abandonné, moi la source d´eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l´eau » (Jr 2, 13). Quelques pages auparavant, Isaïe avait également exalté « les eaux de Siloé qui coulent doucement », symbole du Seigneur présent à Sion, et il avait menacé du châtiment de l´inondation des « eaux du Fleuve – c´est-à-dire l´Euphrate – puissantes et abondantes » (Is 8, 6-7), symbole de la puissance militaire et économique ainsi que de l´idôlatrie; des eaux qui fascinaient alors la Judée, mais qui devaient la submerger.

5. Une nouvelle invitation – « Et vous direz, en ce jour-là », ouvre la deuxième strophe (cf. Is 12, 4-6); il s´agit d´un appel incessant à la louange joyeuse en l´honneur du Seigneur. Les injonctions à chanter se multiplient: « Louez, invoquez, annoncez, manifestez, proclamez, chantez, criez, exultez ».

Au centre de la louange, il y a une unique profession de foi en Dieu sauveur, qui agit dans l´histoire et qui se trouve aux côtés de sa créature, partageant son histoire: « Yahvé a fait de grandes choses… il est grand au milieu de toi, le Saint d´Israël » (cf. vv. 5.6). Cette profession de foi a une fonction également missionnaire: « Annoncez aux peuples ses hauts faits…. qu´on le proclame sur toute la terre » (vv. 4.5). Le salut obtenu doit être témoigné au monde, de façon à ce que l´humanité tout entière accoure à ces sources de paix, de joie et de liberté.

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ZENIT Staff

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