Inde: Le Conseil des Eglises aussi demande la démission du gouvernement du Gujarat

L’impuissance du gouvernement local a réprimer les troubles

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CITE DU VATICAN, Lundi 15 avril 2002 (ZENIT.org) – Devant l’impuissance du gouvernement local à réprimer les troubles, et associé à de nombreuses organisations civiles, le Conseil des Eglises demande en vain la démission du gouvernement du Gujarat, indique l´agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d´Asie (EDA, http://eglasie.mepasie.org) dans son édition du 16 avril.

Le 4 avril dernier, à la veille d’une visite du Premier ministre Atal Behari Vajpayee dans l’Etat du Gujarat, le Conseil des Eglises de l’Inde, qui comprend les Eglises protestantes et orthodoxes du pays, a adressé au gouvernement fédéral une protestation solennelle. Il s’est ainsi associé aux nombreux groupes de citoyens qui aujourd’hui réclament la démission du gouvernement du Gujarat, celui-ci s’étant montré incapable de mettre un terme aux violences qui, au début du mois de mars dernier, ont fait 800 victimes, chiffre généralement retenu aujourd’hui comme probable.

Les auteurs du communiqué ont exprimé leur angoisse devant l’escalade de la violence et le sang versé au cours des massacres d’êtres humains. Ils dénoncent, dans ses débordements odieux, la réalisation d’un projet fasciste qui s’apparente à une purification ethnique. Les attentats contre les vies humaines n’ont pas entièrement cessé, soulignent-ils, puisque le jour même de la publication du communiqué, cinq nouvelles victimes ont encore perdu la vie dans les flammes.

Aussi le Conseil des Eglises a-t-il insisté auprès du pouvoir central pour qu’il mette un terme immédiat au carnage au lieu de continuer à protéger l’actuel gouvernement de l’Etat du Gujarat, totalement inefficace. Les rédacteurs du communiqué ont également fait référence aux accusations portées par Amnesty International, affirmant qu’en certains endroits les autorités avaient fait preuve de connivence avec les agresseurs. « Les coupables doivent être punis sans considération de religion ou d’appartenance politique », a conclu le communiqué (Ucanews, 5 avril 2002).

L’intervention du Conseil des Eglises s’inscrivait dans une série de demandes du même type qui se sont succédées depuis que la Commission nationale des droits de l’homme a critiqué l’impuissance du gouvernement local a réprimer les troubles provoqués par le massacre des 58 voyageurs hindous, morts brûlés vifs dans un train venant de Ayodhya et attaqué par une foule musulmane près de Ahmedabad, le 27 février dernier.

A la même date, le 4 avril, un religieux hindou bien connu, Swami Agnivesh, venu dans le Gujarat à la tête d’une délégation interreligieuse de 73 membres, a rendu publiques les constatations faites par lui et son groupe. Il a noté que la minorité musulmane de l’Etat avait été la victime d’une véritable tuerie et qu’elle avait perdu toute confiance en ses représentants.

Le même religieux était l’un des membres du groupe d’hommes politiques et de militants sociaux, présidé par Somnath Chatterjee, qui, le 9 mars suivant, a lancé un appel à la population indienne pour qu’elle s’engage dans un mouvement de protestations exigeant la démission du gouvernement de l’Etat dirigé par Narendra Mori. Le groupe a accusé le pouvoir local et fédéral d’avoir emboîté le pas aux associations extrémistes du Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS) et du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP).

Celles?ci ont voulu se servir du Gujarat comme d’un laboratoire pour y expérimenter leur idéologie hindouiste, l’hindutva, tendant à identifier la nation indienne à l’hindouisme. Le résultat en a été les massacres de début mars, un « génocide calculé », une « variante indienne du fascisme », a souligné Somnath Chatterjee (The Economic Times, New Delhi, 9 avril 2002).

Comme l’on s’y attendait, le Premier ministre a rejeté les demandes des protestataires et refusé de relever de ses fonctions le gouvernement de l’Etat du Gujarat. Lors de sa visite à Ahmadabad, tout en remarquant que l’on ne peut répondre à la folie par la folie, il a affirmé que la restauration de la loi et de l’ordre restait la priorité pour l’administration locale. Dans les divers camps d’hébergement qu’il a visités, il a promis que les conditions en seraient rapidement améliorées.

Cette visite n’a guère emporté la conviction des musulmans. L’un d’entre eux, volontaire dans le camp de Shah Alam, à Ahmedabad, l’a qualifiée de visite de pure forme. « Elle ne découragera pas de futurs meurtres, pas plus qu’elle n’empêchera la haine qui nous vise de se répandre » (Ucanews, 8 avril 2002).

Le refus du gouvernement fédéral de ratifier les demandes de démission du gouvernement local formulées de toutes parts est loin d’avoir mis un terme à la vague de protestations qui se développe dans tout le pays. Tout récemment, le 9 avril, un communiqué commun signé de la Conférence épiscopale catholique, du Conseil national des Eglises et l’Alliance évangélique s’en est fait à nouveau l’écho (SAR News, 10 avril 2002).

Les signataires ont demandé avec insistance que l’administration de l’Etat du Gujarat soit retiré au gouvernement actuel et directement confiée au président de l’Etat indien. Ils ont déclaré : « En dépit du blâme général venu de partout, y compris de l’étranger, la situation au Gujarat ne semble pas s’être améliorée. Nous invitons le pouvoir central à prendre de sévères mesures contre le gouvernement de l’Etat et contre ceux qui ont participé au carnage intercommunautaire. »

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ZENIT Staff

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