CITE DU VATICAN, Vendredi 12 avril 2002 (ZENIT.org) – L´écrivain Marek Halter devait parler au pape la semaine passée de ses rencontres au Proche-Orient: L´Avvenire lui a demandé son point de vue sur la situation du Proche Orient: « Avec ces leaders, la paix est très difficile », dit-il.
Juif d´origine polonaise, Marek Halter a rencontré la semaine dernière le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président de l´Autorité palestinienne Yasser Arafat et le président égyptien Hosni Moubarak. Sa venue en Italie coïncidait avec la sortie en italien, le 23 avril, de son roman « Le vent de Chazary » (Il vento di Chazary) publié chez Sperling et Kupfer. Mais ce qui l´a surtout amené à Rome, révèle L´Avvenire, c´est un appel téléphonique de Mgr Stanislas Dziwisz, « secrétaire du pape et mon grand ami », dit Marek Halter. « Je crois fermement, dit-il, dans la paix. C´est l´unique issue possible, parce que l´offensive militaire n´est certainement pas une solution ». Il évoque avec une pointe d´amertume sa rencontre avec Ariel Sharon: « Lorsque je lui ai demandé: « Qu´est-ce qui arrivera demain? » je n´ai pas obtenu de réponse ».
– Avec le pape de quoi vouliez-vous parler?
– De notre Pologne et, naturellement, du Moyen Orient et de la paix. Lorsque l´on a appris mes rencontres avec Moubarak, Arafat et Sharon, don Stanislas m´a téléphoné pour me dire que le pape voulait que je lui raconte ces entretiens. Un chose est de les lire sur le journal, une autre le témoignage direct.
– Que ressort-il de ces rencontres?
– Il y a trois éléments à prendre en considération. La politique, en premier lieu. Avec les manifestations en faveur de la Palestine, ou en faveur d´Israël, nous sommes encore loin de l´idée d´une unique manifestation pour la paix. Nous sommes capables d´être « contre » quelqu´un et non « en faveur », parce qu´en réalité, c´est plus facile. Le deuxième élément est la revendication de chacune des parties. Celle de la Palestine est juste, elle a la nécessité de former un Etat. Ensuite, il y a la légitime aspiration d´Israël à la sécurité. A Jérusalem, à Tel Aviv, les gens ont peur. Ce sont deux revendications justes. En troisième lieu, il y a la relation personnelle entre ces deux hommes qui est désormais dramatique.
– Pourquoi dramatique?
– Pour Shakespeare la relation entre Arafat et Sharon serait très intéressante. Pour l´histoire au contraire, cette relation est terrible parce que les gens meurent. Lorsque j´ai parlé avec l´un et l´autre, la moitié de la discussion était toute centrée sur la haine contre l´autre.
– Vous voulez dire que sans ces personnages on arriverait plus tôt à la paix?
– Ce leadership aggrave la situation, avec un autre, dans une semaine ou deux au maximum, on pourrait signer la paix. Mais il n´est pas possible de le changer. Ils ont tous les deux été choisis démocratiquement. Il y a deux semaines, Arafat n´était plus populaire, aujourd´hui c´est un « líder maximo », grâce à Sharon. Chacun est le meilleur publicitaire de l´autre.
– Les communautés israélites se sentent trahies par l´Occident qui semble être davantage solidaire des Palestiniens arabes. Vous aussi vous avez ce sentiment?
– La solidarité avec le peuple juif, après le Seconde guerre mondiale naissait davantage de préoccupations personnelles que d´un vrai intérêt pour l´autre. Après la guerre, la mauvaise conscience du fait de l´Holocauste a fait que toute l´Europe s´est solidarisée avec le peuple juif pour créer l´Etat d´Israël. Soixante ans ont passé. Aujourd´hui, la nouvelle génération a mauvaise conscience vis à vis du Tiers monde. Elle est contre la globalisation et elle pense que le drame palestinien est dû à la politique impérialiste américaine. Donc…
– Que peut faire l´Europe pour la paix au Moyen Orient?
– Peu de chose, j´en ai peur. L´Europe n´a pas une diplomatie commune. Elle a la monnaie commune mais pas une défense commune. Si elle voulait envoyer 30 mille soldats, elle ne le pourrait pas. Au contraire, les Etats-Unis peuvent le faire. L´Europe ne peut qu´utiliser une force morale, mais cela pourrait aussi agacer, parce que le Moyen Orient se sent adulte et veut faire par lui-même.