Terre Sainte: "une erreur de se sentir proche d´un seul" des deux camps

« La seule recette possible », c´est celui du pardon

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CITE DU VATICAN, Mercredi 10 avril 2002 (ZENIT.org) – C´est « une erreur de se sentir proche d´un seul » des deux camps qui s´affrontent en Terre Sainte, explique le cardinal Van Thuan dans les colonnes du quotidien italien « La Stampa » (lastampa.it). Et « la seule recette possible au Moyen Orient », dit-il, c´est le chemin du pardon montré par le mea culpa du pape Jean-Paul II au Mur des Lamentations lors de son pèlerinage jubilaire à Jérusalem en l´an 2000.

Selon le cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan, président du Conseil pontifical Justice et Paix, les chrétiens peuvent favoriser le dialogue en Terre Sainte.

Aujourd´hui, l´agence Fides, organe de la congrégation romaine pour l´Evangélisation des peuples, indique en effet que le siège de l´armée israélienne se poursuit autour de l´ensemble formé par les couvents et la basilique de la Nativité à Bethléem, et où se sont barricadés 200 Palestiniens, miliciens et non. A l´intérieur de cet ensemble, se trouvent aussi 40 Franciscains, des religieuses et des moines grecs-orthodoxes et arméniens-orthodoxes.

Parmi ces derniers, un novice de 23 ans, blessé aujourd´hui par un tir – dont on n´a pas établi l´origine – a été transporté dans un état grave à l´hôpital Hadassah de Jérusalem, indique l´agence missionnaire italienne Misna).

La situation à l´intérieur reste donc très difficile : manque de nourriture et d´eau. Le corps du jeune Palestinien tué durant le coup de force aux premières heures du lundi 8 avril reste sans sépulture, dans l´attente d´une ambulance de la Croix-Rouge pour le remettre à sa famille, toujours selon Fides.

 » La tension reste très grande, a déclaré à Fides le Père Jaeger, porte-parole de la Custodie de Terre Sainte. Il y a un travail frénétique, dans l´espérance de pouvoir résoudre cette situation avant qu´elle ne puisse échapper de nos mains, avec de possibles nouvelles actions armées « .

On comprend le contexte des affirmations du cardinal Van Thuan. « Dans l´abîme où se précipite la crise au Proche Orient, écrivait la Stampa le 8 avril, il faut repartir du geste humble accompli par Jean-Paul II au cours de son voyage à Jérusalem. La demande de pardon confiée à la fissure du Mur des Lamentations est la seule solution possible au conflit parce qu´il n´y a pas de paix sans justice et il n´y a pas de justice sans pardon. Contre les interprétations unilatérales et la solidarité à sens unique, le cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan, ministre du Vatican pour la Justice et la Paix, réaffirme la neutralité du Saint-Siège entre Israéliens et Palestiniens et décrit la stratégie du dialogue de Karol Wojtyla ».

– Eminence, quelle est la proposition du Saint-Siège en ce qui concerne ce qui se produit au Moyen Orient?

– Des orientations ont été définies comme la condamnation sans équivoque du terrorisme et la réprobation des conditions de vie dramatiques imposés au peuple Palestinien. Les représailles et les tirs alimentent la haine de même que les attaques des kamikazes ont pour effet d´accroître la militarisation du territoire. Israël ne peut ignorer la proportionnalité dans l´usage des légitimes moyens de défense. Nous sommes face à un conflit, en effet, dans lequel un côté peut disposer de la technologie belliqueuse la plus sophistiquée et l´autre n´a rien.

– Et le siège de Bethléem ?

– Il faut absolument conjurer tout bain de sang et l´on travaille à différentes hypothèses de solution. Israéliens et Palestiniens sont tenus à protéger les lieux qui sot saints pour les chrétiens, les juifs et les musulmans et sont patrimoine de l´humanité tout entière. A travers le patriarcat latin de Jérusalem et les communautés de Bethléem, le pape est en contact constant avec qui souffre et fait sentir sa proximité. Le critère proposé par le Saint-Siège est valide à Bethléem et dans le reste de la Terre Sainte: sécurité et vengeance sont des termes inconciliables.

– La communauté internationale fait tout son possible?

– Il y a une blessure qui doit être soignée, autrement, dans les négociations tout devient velléitaire et abstrait c´est-à-dire le respect des résolutions de l´ONU par les deux parties. Si elles restent une pure théorie le véritable risque sur l´échiquier international, c´est l´anarchie, ou la loi du plus fort. Non seulement les organismes supra-nationaux mais aussi nous tous, nous devons faire notre part. En Terre Sainte, les chrétiens peuvent être un pont entre musulmans et juifs parce qu´ils partagent avec les musulmans la langue et la culture et avec les juifs la tradition biblique. Dans l´Eglise, on a dépassé tous les préjugés envers Israël, et par conséquent, c´est une erreur de se sentir proche seulement de l´un des deux camps qui s´affrontent.

– Ce sont des heures fébriles pour la diplomatie vaticane…

– Ces jours-ci sont arrivés au Saint-Siège de nombreuses demandes d´aide. Le « mea culpa » du Pontife au Mur des Lamentations est l´unique recette possible pour le Moyen Orient où ni Israéliens ni Palestiniens ne semblent disposés à faire un pas semblable. En tant que croyants, nous nous confions à la force de la prière. Mais il est indispensable que la religion soit purifiée des lectures fondamentalistes, cesse d´être un motif de conflit et un obstacle au dépassement des problèmes géopolitiques. C´est seulement ainsi qu´est possible une ère d´ouverture, de développement, et de tolérance.

– Comment restaurer un dialogue entre les parties en conflit?

– Je viens du Vietnam, un pays qui a immensément souffert à cause de la guerre et je sais bien que tout conflit ne peut se terminer que par le dialogue. Mais si c´est un dialogue de sourds, on ne pourra jamais avoir une paix durable. Sans pardon, il est impossible de vivre ensemble, et le désir de vengeance efface l´efficacité des tractations diplomatiques les plus ajustées. Avant tout, il faut faire cesser les combats, puis s´asseoir pour raisonner à la même table, en rompant la spirale dévastatrice qui conduit à diaboliser l´autre à travers le fondamentalisme. Qui est vraiment croyant doit être un homme de paix.

– Et la question-clef de Jérusalem?

– Si la diplomatie, la politique et les trois grandes religions veulent résoudre le problème de Jérusalem, elles doivent avoir le courage de renverser les perspectives afin que la Cité sainte soit universellement perçue comme un trésor commun à vivre et dont jouir dans la diversité. Ce ne peut pas être une question à régler par la force, ce qui arrive là où, en quelques mètres, on effleure ce qu´il y a de plus sacré pour les trois monothéismes. Implorer la miséricorde divine, nous rappelle le pape, équivaut à refuser la haine et les armes.

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ZENIT Staff

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