CITE DU VATICAN, Mardi 26 mars 2002 (ZENIT.org) – « Mon souhait, lorsque j´ai l´occasion de présider un pèlerinage, c´est de faire vivre aux participants une épopée spirituelle. Cette exigence prime sur le charme de la destination et son potentiel touristique, fut-ce en Italie », explique Mgr Le Gal.
Du 20 au 28 avril prochain, Mgr Patrick le Gal, Ordinaire aux Armées française, présidera en effet le pèlerinage de France Catholique (france-catholique.fr) à destination de Venise, Florence et Sienne (France-Catholique propose en effet aux 20-35 ans, 10 jours de découverte artistique et spirituelle, pour moins de 3000 F* (457 €): Venise, Florence, Assise, Sienne). Cette marche à la suite des saints n´est pas un luxe accessoire mais l´occasion de retremper notre foi à leur contact, explique l´évêque qui répond aux questions d´Odile Jacquot.
– L´évêque aux Armées françaises est-il un familier des voyages ?
– Le diocèse pratique volontiers les pèlerinages. Le plus fameux d´entre eux est sans doute le PMI (pèlerinage militaire international) de Lourdes au mois de mai. Cet événement rassemble chaque année plus de 12 000 personnes – des militaires et leurs familles – de 35 nationalités différentes. C´est vraiment une expérience très forte et catholique au sens étymologique. Il existe aussi des rassemblements régionaux, je pense par exemple au pèlerinage de la région militaire Nord-Ouest, au Mont Saint-Michel ou au pèlerinage de la région Sud-Ouest qui se déroule à Rocamadour à l´automne.
– Faut-il obligatoirement sortir de chez soi pour se sanctifier ?
– Mon souhait, lorsque j´ai l´occasion de présider un pèlerinage, c´est de faire vivre aux participants une épopée spirituelle. Cette exigence prime sur le charme de la destination et son potentiel touristique, fut-ce en Italie. Pour revenir à la question de la destination, je dirais que le principal risque du tourisme est l´éparpillement. Je conçois un pèlerinage comme un temps fort comportant des enseignements et des grandes célébrations liturgiques. A quoi servirait de pérégriner sans approfondir sa foi ? Du point de vue pastoral, je suis aussi attentif à la possibilité d´attirer des familles (de militaires !) dans ce genre de voyages.
– Le trio Venise-Florence-Assise est-il indifférent ?
– Non parce que l´art sacré nous parle de Dieu. Il ne s´agit pas de nous lancer dans un voyage d´études profane mais de suivre un périple chrétien. Quand on pense à l´Italie, on pense généralement à Rome, au pèlerinage sur les tombeaux des saints Apôtres… Mais il y a des saints partout dans ce pays. Venise garde la trace de l´évangéliste Marc dont le corps aurait été – selon la tradition – transporté dans la cité vers 815. Le lion est devenu l´emblème de la cité… A Florence, il y a Fra Angelico. Jean-Paul II l´a béatifié (1984) et a fait de lui le patron des artistes. C´est en effet par la peinture que ce frère prêcheur a voulu exercer son ministère dans l´Italie de la Renaissance. Ses œuvres d´art parlent à l´homme d´aujourd´hui. Et que dire des hauts lieux franciscains ? Il va de soi que la vie de saint François ne cesse de frapper et d´inspirer les chrétiens. Saint François, c´est les Béatitudes en marche.
– Ce périple à l´école des saints peut-il être autre chose qu´un beau voyage dans le passé ?
– Il existe évidemment un décalage entre la vie de Fra Angelico et la nôtre. Je suis néanmoins persuadé que le pèlerinage est un moyen privilégié d´évangélisation. Cela ne veut pas dire que nous allons prêcher 24h sur 24 au risque d´assommer les gens. Cette expérience a pour but de fortifier la foi. Le pèlerinage est un « extra » mais nous en avons bien besoin de temps en temps!
– Les pèlerinages ont-ils compté dans votre itinéraire spirituel ?
– J´ai visité la chapelle Sixtine en coup de vent car il y avait trop de monde. Je n´ai rien vu ! Plus sérieusement, j´ai envie de souligner combien la démarche est aussi importante que le lieu. Je me souviens d´un pèlerinage de Chartres mémorable où j´ai marché sous l´eau durant quatre heures… La grâce n´était pas liée à l´humidité ! Il y a toujours des moments exaltants et des petits côtés agaçants (un tel exige de pouvoir acheter sa carte postale, un autre de visiter scrupuleusement tout ce qui est inscrit sur le programme…). Le pèlerinage est une réalité ambivalente. Aujourd´hui, les gens bougent. Il est normal que la pédagogie chrétienne se glisse dans les nouvelles habitudes de vie des chrétiens pour les orienter vers le Christ. Au fond, beaucoup de pèlerinages sont des vacances avec une forte valeur ajoutée spirituelle !
– Le pèlerinage ne suppose-t-il pas quand même un effort, une ascèse ?
– Oui et non. Je ne crois pas au volontarisme à tout crin, à l´effort pour l´effort. On peut toujours gravir les marches d´un sanctuaire avec les genoux en sang… Mais le plus urgent est de montrer aux pèlerins Dieu lui-même et d´éviter les caricatures ennuyeuses. Il suffit de quelques maladresses pour rendre la religion fade et sans saveur… Il faut donc éviter les célébrations médiocres, les visites inutiles, les topos interminables, etc. Je crois davantage à la force évocatrice par exemple d´une œuvre d´art, du silence pour méditer ce que l´on a reçu, et d´un peu de fantaisie qu´offre le dépaysement du voyage. La liesse fraternelle est le signe d´un pèlerinage réussi. Cela nous donne une petite idée du Royaume !
(c) France-Catholique
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