CITE DU VATICAN, Lundi 25 mars 2002 (ZENIT.org) – Toute la presse catholique italienne a salué aujourd´hui l´annonce de l´acquittement de Safiya Husaini, mère de famille nigériane de 35 ans, condamnée à la mort par lapidation par un tribunal musulman parce qu´accusée d´adultère.
La cour d´appel de l´Etat de Sokoto a aujourd´hui rendu la liberté à Safiya, dont le cas a fait l´objet d´une mobilisation internationale sous l´impulsion de la communauté catholique de Sant´Egidio.
Safiya s´était d´abord défendue en disant qu´elle avait eu sa petite fille, Adama, à la suite d´un viol par un ami de son père puis que l´enfant était de son troisième mari qui ne s´est pas manifesté.
Mais cette nouvelle a été attristée par une autre nouvelle: vendredi dernier, 22 mars, une autre femme du Nigeria a été condamnée à son tour à la lapidation pour le même chef d´accusation.
Pour le P. Giulio Albaese, directeur de Misna interrogé par radio Vatican, il est important maintenant que le gouvernement fédéral du Nigeria, réaffirme la « laïcité de l´Etat ».
Il souligne cette autre leçon du cas de Safiya: il faut, dit-il, être de plus en plus exigeants pour réclamer le respect des droits de l´homme. « On ne peut faire des affaires commerciales, dit-il, avec des gouvernements de pays où ce genre de guerre a lieu (…). Il faut que les gouvernements occidentaux soient plus cohérents ».
A propos de la Charia au Nigeria, Fides rappelle pour sa part que le 18 mars le ministre de la justice fédérale du Nigeria, Kanu Agabi, a envoyé aux gouverneurs de 19 États où la Charia est en vigueur une lettre affirmant que : « La Charia ne s’applique qu’aux musulmans mais il faut sauvegarder leurs droits ainsi que la Constitution le prévoit. Un musulman ne devra jamais être soumis à une punition qui ne serait pas appliquée à d’autres nigériens pour la même infraction », rapporte aujourd´hui Fides.
La déclaration du ministre, précise Fides, relance le débat sur la Charia. « Nous attendions une telle prise de position de la part du gouvernement dès le début de l’application de la Charia. Elle arrive tard, mais j’espère qu’elle va avoir une influence positive sur le pays », a dit à Fides Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque de Jos.
Ahmed Sani, gouverneur de l’État de Zamfara où la loi islamique est appliquée, a répondu au ministre en affirmant la pleine compatibilité de la Charia avec la Constitution. Il a ajouté qu’aucun non-musulman n’a le droit de déterminer la légitimité de la Charia.
À partir de janvier 2000, la loi islamique a été introduite au fur et à mesure dans 19 États du Nord en majorité islamique.
L’Église s’est toujours dite contraire à son application, la loi islamique ne tenant pas compte de la complexité du pays.
Mgr Kaigama affirme : « Je veux être clair: le Nigeria n’est pas contre la Charia, mais son application dans notre pays a une influence négative sur la complexe société nigérienne. La Charia est appliquée aux musulmans, mais indirectement elle influe également sur les chrétiens qui vivent dans les États qui l’ont introduite. Elle implique en effet la société entière dans son ensemble : il n’est pas permis de servir de boissons alcooliques dans les lieux publics, on ne peut pas s’habiller d’une certaine façon, et ainsi de suite. De plus, elle enfreint les droits fondamentaux des musulmans puisqu’elle prévoit des normes telle que la lapidation des adultères ».