Le rôle de la psychologie dans la sélection et la formation des séminaristes

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Entretien avec Gladys A. Sweeney, de l´Institut pour les Sciences Psychologiques, USA

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ROME, lundi 18 mars 2002 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II reconnaît la contribution que peuvent apporter les données de la psychologie dans le discernement et l´accompagnement des candidats au sacerdoce, à condition que la réalité du sacerdoce, de l´identité et de la vocation du prêtre (cf. Zenit 4 février 2002) soit bien comprise. Pour mieux comprendre ce que la psychologie peut apporter dans ce domaine, Zenit a interrogé Madame Gladys A. Sweeney, doyenne de l´Institut pour les Sciences Psychologiques (www.ipsciences.edu), qui a son siège à Arlington (Virginia), près de Washington, et qui est centré sur le développement d´une psychologie fondée sur la vision catholique de la personne humaine.

ZENIT: Dans son discours à la Congrégation vaticane pour l´Education Catholique, le pape proposait la contribution d´experts en psychologie dans la sélection des candidats au sacerdoce. Selon vous, que peut apporter la psychologie dans ce domaine?

G. A. Sweeney: C´est un domaine dans lequel la psychologie peut rendre un service irremplaçable. L´utilisation d´instruments psychologiques et d´entrevues diagnostiques permet de voir s´il existe des obstacles de nature psychique, émotionnelle ou organique qui empêchent le postulant de prendre librement une décision concernant sa vocation. La décision concernant la vocation doit être une décision libre, basée sur l´amour. Il y a des postulants convaincus d´avoir la vocation mais dont la motivation vient parfois d´un désir inconscient d´éviter le mariage par exemple ou de fuir les relations interpersonnelles. La psychologie aide à clarifier ces obstacles, et rend ainsi un grand service non seulement à l´Eglise mais aussi au postulant.

Z: La psychologie peut-elle aussi apporter quelque chose dans le domaine de la formation des séminaristes?

G. La formation sacerdotale et la formation à la vie consacrée est longue et demande un niveau d´introspection et d´examen de soi très intense. Au cours de cette période de formation peuvent se manifester des phénomènes de type psychologique comme des angoisses, de l´anxiété, des moments dépressifs, qui s´éclaircissent dans la direction spirituelle. Ils peuvent être le résultat d´une intensification de la connaissance de soi et peuvent requérir l´aide des sciences psychologiques. Dans ce cas, la consultation d´un psychologue peut encore sauver la vocation.

Z: Le pape demande que les experts unissent « un bon niveau scientifique et une compréhension profonde de la conscience chrétienne sur la vie et la vocation au sacerdoce ». Se réfère-t-il à un courant de la psychologie en particulier?

G. Un psychologue qui a de bonne qualifications est un psychologue qui connaît à fond les dernières avancées de la science, et cela est bien sûr très important. Mais il doit comprendre clairement la vision intégrale de l´être humain tout comme l´aspect surnaturel de la vocation. Reprenant l´exemple que nous avons cité tout à l´heure, il est possible que ces périodes d´anxiété ou de dépression ne soient pas le reflet d´un dysfonctionnement psychologique mais une manifestation d´une période transitoire de la vie spirituelle comme une « nuit obscure de l´âme » par exemple. Dans ce cas, une fois cette période passée, la personne se trouve à un niveau de vie spirituelle plus élevé. Si le séminariste consulte un psychologue qui ne comprend pas l´aspect surnaturel de la vocation et voit cela comme un dysfonctionnement, on lui fait plus de mal que de bien, en empêchant une croissance spirituelle de la personne. Et si en revanche il s´agit d´un problème psychologique, c´est une erreur de le traiter comme un problème spirituel. C´est pour cela que des psychologues bien formés sur le plan intellectuel et spirituel peuvent rendre un grand service aux séminaires, pas seulement pour la sélection mais aussi pour la formation sacerdotale.

Z: Vous ne croyez pas que l´on risque parfois de confondre psychologie et spiritualité ou vie morale? Comment peut-on éviter ce risque?

G. Une vision intégrale de la personne est une vision qui inclut tous ces aspects: l´aspect psychologique, spirituel et moral. Les personnes qui ont des problèmes psychologiques ont tendance à prendre des décisions de façon imprudente, contraires à la nature humaine et parfois immorales. Il existe parfois un patron de ce type de décision. Dans ce cas les sciences psychologiques doivent intervenir pour libérer la volonté afin que la personne puisse voir les situations de manière objective, discerner avec prudence l´action à entreprendre, et agir de façon morale et vertueuse. La psychologie est alors au service de la vérité, et comme Jean-Baptiste, elle doit aider à « rendre droits les sentiers du Seigneur ». Il ne doit pas y avoir de confusion. La psychologie libère la personne pour que celle-ci choisisse le bien.

Cette vision de la psychologie au service de la vérité sur l´être humain et sur la vocation va dépendre d´une éducation bien orientée des psychologues de l´avenir. Il s´agit d´une psychologie non réductrice, non relativiste et qui n´ignore pas la transcendance de l´être humain.

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ZENIT Staff

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