Madagascar: Radio Don Bosco dévoile la manipulation médiatique

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La rédaction française de Radio Vatican fait la lumière

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CITE DU VATICAN, Mardi 12 mars 2002 (ZENIT.org) – « Propagation de fausses nouvelles, chiffres revus à la baisse, inexactitude et manipulation », Romilda Ferrauto (R. F.), responsable de la rédaction française de l´information à Radio Vatican, évoque ce « Timisoara » malgache avec le P. Cosimo Alvati (C. A.), Salésien, directeur de Radio Don Bosco à Antananarivo, témoin oculaire. « Selon lui, explique Romilda Ferrauto, la couverture médiatique des événements de ces derniers mois à Madagascar a été complètement manipulée ». La richesse des ressources de Madagascar, et l´influence française attiseraient des convoitises.

Alors que la normalisation politique est en cours à Madagascar et que la « révolution pacifique » de l´opposant Marc Ravalomanana semble irréversible, le moment est peut-être venu « de s´interroger sur l´attitude de certains media internationaux depuis le début de la crise », proposait aujourd´hui Radio Vatican dans son journal du matin.

Aujourd´hui, l´agence missionnaire italienne Misna indique pour sa part que depuis plusieurs jours, les forces liées au gouvernement du prédisent sortant Didier Ratsiraka bloquent la ville de Tamatave, empêchant tout véhicule de sortir de cette grande localité portuaire, qui abrite également la plus important raffinerie de pétrole de l´île. Ce blocus a paralysé la capitale, Antananarivo, où les réserves de carburant sont désormais épuisées. La ville maritime est devenue la capitale de l´Etat sécessionniste proclamé il y a quelques jours par les cinq gouverneurs des provinces autonomes malgaches fidèles à Ratsiraka.

– C. A.: Nous, les journalistes, nous devons faire un examen de conscience parce que nous avons la responsabilité face au monde, au public, à ceux qui nous écoutent, la responsabilité de la vérité.

– R. F. : Le P. Alvati présente des exemples précis…

– C. A.: Par exemple, le 21 février, le premier jour des affrontements, avec deux morts, on a parlé de Marc Ravalomanana comme si c´était lui qui avait organisé la rébellion, mais cela n´est pas vrai parce que il y avait un commando, des mercenaires payés, qui ont provoqué les affrontements. Mais sur EuroNews, c´était Marc Ravalomanana qui était nommé comme le chef de la rébellion; Autre exemple: la destruction de la radio du président sortant Didier Ratsiraka: on a vu sur Le Monde, en quatrième page, la photo avec les jeunes qui lançaient des pierres contre la radio. Ces jeunes étaient présentés comme les partisans de Ravalomanana, mais la réalité est autre.

– R. F.: Les chiffres aussi ont été faussés, la plupart du temps revus à la baisse même par les plus grandes agences internationales: alors qu´il y avait des centaines de milliers de personnes dans la rue, on parlait de milliers…

– C. A.: Par exemple, le jour de l´investiture de Marc Ravalomanana, au stade municipal de Tananarive, on avait plus ou moins 250.000 personnes à l´intérieur du stade, – je l´ai vu, je peux dire que c´est vrai! Mais la presse internationale a tout simplement dit: « quelques milliers de personnes ». Voilà, c´était peut-être quelque journaliste resté chez lui ou dans son bureau et il a lu le communiqué officiel qui lui est parvenu.

– R. F. : Mais le problème en tous les cas n´est pas dû au manque de moyens parce que les journalistes étrangers étaient nombreux…

– C. A.: Oui, il y en avait beaucoup. Pas seulement des Français, mais des Anglais, des Américains. Ils étaient témoins de ce qui s´est passé. Et c´est cela qui m´a frappé. Nous en tant que Radio Don Bosco, nous avons fait la directe tous les jours de la Place du 13 Mai. Nous pouvons dire: « Nous avons vu », avec nos yeux ce qui s´est passé vraiment. Par exemple, la déclaration du couvre-feu à Tananarive et la loi martiale surtout, a été faite à travers RFI tout simplement. C´est-à-dire que les media locaux de Tananarive ou de Madagascar n´étaient pas invités à la conférence de presse donnée par Didier Ratsiraka! C´est incroyable! Il faut considérer aussi que la télé et la radio nationales étaient fermées depuis quelques jours et RFI a déclaré que le président s´était adressé à toute la Nation à travers la télé et la radio nationales, mais ce n´est pas vrai! C´est simplement à travers RFI! Donc, c´est pas pour accuser quelqu´un mais c´est tout simplement pour voir la situation réelle: on a constaté une manipulation.

– R. F. : mais alors pourquoi cette couverture médiatique des événements a-t-elle été aussi défaillante: incompétence, mauvaises habitudes des journalistes, ou défense d´intérêts privés, politiques, économiques?

– C. A.: Certainement un manque d´information des correspondants qui sont arrivés à Madagascar, le manque de connaissance du lieu, mais aussi, peut-être il faut y voir la défense de certains intérêts de tel pays qui a intérêt à garder son amitié avec M. Didier Ratsiraka.

– R. F. : Le P. Cosimo Alvati ne veut accuser personne mais on peut rappeler que la France est traditionnellement bien implantée à Madagascar, que l´île est riche en matières premières, et que ces richesses sont peut-être convoitées par d´autres puissances.

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ZENIT Staff

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