Terre Sainte/"L´Avvenire": "Juif et Arabe, à chacun son Etat"

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Une « occupation humiliante »

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CITE DU VATICAN, Dimanche 10 mars 2002 (ZENIT.org ) – Dans un entretien publié par le quotidien catholique italien L´Avvenire, le professeur Avishai Magalit, de l´Université hébra£ique de Jérusalem, se prononce pour la création d´un Etat Palestinien. Le professeur de philosophie affirme: « L´occupation des Territoires des dernières années a été humiliante ». Il espère un retour à la dimension proprement « politique » du conflit: « Dans un conflit politique, explique-t-il, les deux parties cherchent à défendre leurs propres intérêts et la défense des intérêts requiert un certain degré de rationalité. Dans une politique de l´humiliation au contraire, il y a peu de rationalité et beaucoup de sang ».

Depuis plus de vingt ans, professeur Margalit raconte la dramatique situation des Juifs et des Palestiniens dans les pages des quotidiens d´Europe et des Etats-Unis. Son dernier essai: « Views in Review » a été traduit en italien sous le titre « Visages d´Israël ».

« La pression militaire d´Israël ne réussit pas à arrêter les attentats des kamikazes palestiniens qui a leur tour déchaînent de nouvelles et radicales représailles de la part de l´armée de Sharon, constate le quotidien. « C´est la réponse nationaliste, explique le professeur Margalit, qui encourage l´usage de la force militiare. Selon cette théorie, une Nation qui a subi un Holocauste se considère le droit de tout faire pour empêcher qu´une situation analogue puisse de répéter ».

– La spirale attentats-réprésailles manifesterait l´incapacité d´Arafat d´arrêter le terrorisme qui fait des victimes parmi les civils…
– Buber lui-même n´était pas d´accord avec qui décrivait la lutte entre Juifs et Arabes en Palestine comme un affrontement entre droits légitimes des deux côtés parce qu´une telle formule légitimait l´usage de la force pour rompre l´équilibre. Il croyait en un Etat « binational » et il était favorable à la limitaiton de l´immigration juive en Palestine tant qu´on avait pas atteint un accord en Arabes et Israéliens. Hélas, il est mort (1965, ndlr) avant la Guerre des Six Jours et par conséquent nous ne savons pas quelle aurait été son opinion sur la politique d´annexion. Mais en Israël, Buber était un « outsider ». Au milieu des années 80, on atteignait le sommet de la démonisation de Arafat, même si le soulèvement palestinien qui a commencé en décembre 1987 a « humanisé » les Palestiniens aux yeux des Israéliens. Mais Arafat et les Palestiniens, dans l´imaginaire collectif, restaient toujours des diables. Aujourd´hui on se retrouve dans la même situation.

– Peut-on envisager la fin de l´Intifada?
– L´histoire de l´occupation et du soulèvement est une hsitoire d´honneur et d´humiliation. Le conflit politique, plus qu´un conflit d´intérêts est un conflit entre vices et vertus. La génération des jeunes palestiniens nés sous l´occupation, reconnaît l´humiliation lorsqu´elle y est soumise. Beaucoup d´entre eux travaillent dans l´Etat d´Israël, parlent hébreu et se comparent aux jeunes Israéliens plus qu´aux jeunes de Damas ou d´Arabie Saoudite. Pour les Israéliens, tout Palestinien est un ennemi dont il faut se garder et se défendre. David Grossman lui-même a dit que les gens des Territoires occupés se sentent humiliés et offensés de devoir s´arrêter et se soumettre aux contrôlex aux postes de blocage.

– Arafat aurait laissé passer l´occasion d´avoir un Etat palestinien selon la presse israélienne. Un accord sans Arafat serait-il possible?
– Pour la plus grande partie des Israéliens, y compris ceux qui sont en faveur d´un accord, le refus de parler avec Arafat est devenu une question d´honneur. C´est un point d´honneur aussi pour les Palestiniens qui se serrent autour d´Arafat. Et là, les Palestiniens ont un avantage moral: le droit de choisir leurs propres représentants. Maintenant, la première chose que les Israéliens devraient faire, c´est de restituer au conflit palestinien sa dimension politique. Dans un conflit politique les deux parties cherchent à défendre leurs propres intérêts et la défense des intérêts requiert un certain degré de rationalité. Dans une politique de l´humiliation au contraire, il y a peu de rationalité et beaucoup de sang.

– Mais le siège, depuis 14 mois, des territoires sous contrôle de l´Autonomie palestinienne donne peut d´espoir à la reprise du dialogue. Que faire?
– Le peuple palestinien a le droit de vivre sur sa terre et le peuple israélien a le droit de vivre sur la sienne. Mais c´est ce que disait aussi Isaiah Berlin que l´histoire a fait en sorte que la terre de l´un soit aussi, au même titre, la terre de l´autre. Et, au même titre, les deux peuples ont le droit d´y vivre. La Jérusalem d´aujourd´hui, sous la domination israélienne, est en pratique une ville divisée. Très simplement, les Juifs n´entrent pas dans certains quartiers et les Arabes évitent d´en fréquenter d´autres. Une souveraineté conjointe pourrait vraiment réussir à unir, pour la première fois, Jérusalem. La suppresion des frontières de la peur est une condition de la réelle unification de la ville. Nous espérons que quelque chose intervienne de l´extérieur.

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ZENIT Staff

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