Le corps du cardinal arménien Grégoire-Pierre Agagianian (1895-1971), découvert intact plus de cinquante ans après sa mort, a été transporté de Rome à Beyrouth ce jeudi 12 septembre 2024. Un moment fort pour le Liban, où le défunt a été le chef de l’Église catholique des arméniens pendant presque 25 ans.
Le Patriarcat arménien catholique de Cilicie, qui est à l’initiative de ce rapatriement, a choisi « de déplacer ses biens les plus précieux au cœur de la capitale Beyrouth, envoyant ainsi un message de foi et d’espoir ». En effet, cet événement exceptionnel est l’occasion de réunir les libanais de toutes confessions, de promouvoir l’unité nationale et le dialogue interreligieux.
Le serviteur de Dieu a quitté l’église Saint-Nicolas de Tolentino à Rome, où il était enterré. Arrivé au Liban, il a d’abord été accueilli lors d’une cérémonie sur la place des Martyrs de Beyrouth, en présence de représentants de confessions chrétiennes et islamiques, d’hommes politiques et de diplomates. À l’issue de la cérémonie, il a été transporté en procession à la cathédrale arménienne catholique Saint-Élie-et-Saint-Grégoire-l’Illuminateur, où il a été inhumé.
Une cause en béatification ouverte en 2020
Le cardinal Agagianian a été ordonné prêtre en 1917 et nommé évêque en 1935. Il a été élu 15e patriarche des arméniens catholiques au Liban en novembre 1937, sous le nom de Krikor Bedros XV.
Créé cardinal par le pape Pie XII en février 1956, il a été légat pontifical dans plusieurs pays, et a notamment été président de la Commission pontificale pour la révision du Code de droit canonique oriental, puis préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Il a également joué un rôle important lors du Concile Vatican II.
Le 25 août 1962, il a renoncé au patriarcat et s’est installé définitivement à Rome, où il est décédé le 16 mai 1971. Le 4 février 2020, le cardinal Angelo De Donatis a publié l’édit annonçant l’ouverture de la cause en béatification et canonisation du patriarche arménien. La phase diocésaine du dossier a été officiellement lancée le 28 novembre 2022 dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome.
La foi : « notre victoire, notre triomphe »
Le cardinal Grégoire-Pierre Agagianian est une figure centrale de l’Église catholique arménienne. Sa mémoire est très respectée dans les différentes communautés ecclésiales au Liban et ailleurs. Connu pour sa recherche de « justice et paix », qui était sa devise épiscopale, il s’est engagé toute sa vie dans la construction d’églises, d’écoles et d’orphelinats. Il reste pour le monde un exemple d’intégrité, de spiritualité et de dévouement.
Profondément marqué par le génocide qui a dévasté son pays d’origine, il « n’a jamais détourné son regard de la Croix car le sens profond est le Christ sur la Croix. C’est ainsi qu’il regardait les autres », a confié aux médias du Vatican le patriarche actuel des catholiques arméniens, Raphaël Bedros Minassian.
Enfin, « ses qualités de prudence, de piété et de discernement ont contribué à alimenter la diffusion de la vérité avec une grande concrétisation », a déclaré le cardinal De Donatis. Pour le serviteur de Dieu, « la foi est le bouclier et l’ancre du catholique : c’est notre victoire, notre triomphe ».