Paolo Martinelli avec des fidèles de sa région. ©AVOSA

Paolo Martinelli avec des fidèles de sa région. ©AVOSA

Un calendrier pour affirmer l’identité de l’Église locale en Arabie

Enraciné dans l’histoire de l’Église dans le Golfe et marqué par la mémoire de saints liés à cette terre

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Première publication le 9 septembre 2025 par l’AED

 

Le 19 août 2025, le Vicariat apostolique d’Arabie méridionale a adopté son propre calendrier liturgique. Enraciné dans l’histoire de l’Église dans le Golfe et marqué par la mémoire de saints liés à cette terre, ce calendrier exprime l’identité d’une communauté composée presque exclusivement de migrants. Il veut être un signe d’unité dans la diversité et une reconnaissance de la mission particulière de cette Église locale, comme l’explique l’évêque Paolo Martinelli, vicaire apostolique d’Arabie méridionale.

Paolo Martinelli, vicaire apostolique d’Arabie méridionale. ©AVOSA

Pouvez-vous m’expliquer ce qu’est ce nouveau calendrier liturgique ?

Le calendrier particulier du Vicariat apostolique d’Arabie méridionale est le calendrier liturgique qui, en plus des célébrations indiquées dans le calendrier universel de l’Église catholique, inclut également les célébrations liturgiques propres à notre territoire.

Ce chemin a commencé il y a quelques années avec le vicaire apostolique d’Arabie septentrionale, Mgr Aldo Berardi. Sur sa suggestion, nous avons célébré ensemble l’année jubilaire du 1500ᵉ anniversaire des martyrs de Najran, saint Aréthas et ses compagnons, dans tout le Golfe en 2023–24. [Saint Aréthas, chef de la communauté chrétienne de Najran, fut martyrisé en 523 lors des persécutions menées par le roi juif Dhu Nuwas au Yémen, ndlr]

De cette expérience est née la nécessité d’établir une mémoire liturgique pour ces saints. À cette fin, le Dicastère pour le culte divin nous a invités à présenter un calendrier propre à chaque vicariat, incluant la mémoire de saint Aréthas.

Pourquoi était-il important pour vous d’avoir votre propre calendrier ?

C’est une étape très importante pour notre Église, composée entièrement de migrants, avec environ un million de fidèles issus de plus d’une centaine de pays.

Naturellement, les fidèles souhaitent célébrer les saints de leurs patries, du moins les plus importants. Cependant, nous ne sommes pas une collection d’Églises nationales, mais le Peuple de Dieu vivant dans le Golfe.

Notre calendrier particulier rappelle les saints liés à cette terre et dont la mémoire a une signification particulière. Ce calendrier aide nos fidèles à grandir dans un fort sens de l’unité au sein de notre Église locale et d’appartenance à celle-ci.

Considérez-vous ce calendrier liturgique comme une forme de reconnaissance ?

L’approbation du calendrier liturgique peut être vue comme une forme de reconnaissance, car elle aide le Vicariat apostolique à clarifier son identité d’Église locale en Arabie. En mettant en valeur les saints significatifs pour la région arabe et en incluant des figures de l’Ancien Testament comme Abraham, Moïse et Job — qui résonnent aussi avec les autres religions abrahamiques — le calendrier donne à notre Vicariat un visage spécifique et précieux au sein de l’Église catholique.

Certains mémoriaux liturgiques expriment également une dimension œcuménique, comme Isaac de Ninive Isaac de Ninive, (ascète et évêque syrien du VIIᵉ siècle, est un grand mystique et théologien de l’Église de l’Orient, ndlr], que le pape François a récemment inscrit au Martyrologe romain.

La célébration de la dédicace de notre cathédrale à Abou Dhabi [19 février 1965, ndlr] est particulièrement importante, car elle exprime l’unité du Vicariat. De même, la commémoration de tous les prêtres, religieux et missionnaires défunts qui ont consacré leur vie au service de cette Église locale.

« Notre Église locale, composée entièrement de migrants »

Pourquoi les saints Pierre, Paul et Marie ont-ils été désignés comme patrons de l’AVOSA ?

Comme Reine de la Paix et Consolatrice des migrants, Marie est invoquée par tous nos fidèles. Ici, dans le Golfe, nous l’honorons sous le titre de Notre-Dame d’Arabie, patronne des vicariats du Nord et du Sud.

Le Vicariat apostolique d’Arabie méridionale a pour patrons spécifiques les saints Pierre et Paul, les colonnes de l’Église. Cela exprime d’abord notre lien avec le Siège de Pierre et avec l’Église universelle. Notre Église locale, composée entièrement de migrants, reflète d’une manière unique l’universalité de l’Église. Nos fidèles viennent de langues, cultures, traditions et rites différents. Pourtant, enracinés dans la même foi et le même baptême.

Repas festif à la paroisse Sainte-Marie de Dubaï (1er juin 2025). ©AVOSA

La devise du pape Léon XIV est particulièrement parlante pour nous : In illo uno unum. Dans l’unique Christ, nous sommes tous un, bien que si différents. La référence à saint Paul, l’Apôtre des nations, est également particulièrement significative pour nous. Dans sa Lettre aux Galates, Paul écrit qu’après sa conversion, « je partis pour l’Arabie » (Ga 1,17). De plus, Paul est l’apôtre qui a porté l’Évangile à des peuples d’origines diverses.

Pensez-vous que ce nouveau calendrier liturgique renforcera l’unité de l’Église locale ?

L’approbation du calendrier liturgique renforce l’unicité de notre identité et peut véritablement aider nos fidèles non seulement à préserver leurs différentes traditions, mais aussi à prendre conscience d’être un seul corps — d’être l’Église du Christ vivant dans le Golfe, appelée à apporter la joie de l’Évangile à tous.

 L’Église catholique dans la péninsule arabique

L’Arabie est divisée en deux vicariats apostoliques distincts. Le Vicariat apostolique d’Arabie septentrionale (AVONA), créé en 2011, couvre les pays du Golfe — Bahreïn, Qatar, Koweït et Arabie Saoudite — et est dirigé par Mgr Aldo Berardi. Le Vicariat apostolique d’Arabie méridionale (AVOSA), fondé en 1888, qui comprend les Emirats, Oman et le Yémen, est confié à Mgr Paolo Martinelli. Chacun de ces vicariats répond aux besoins pastoraux spécifiques de ses fidèles, majoritairement des migrants, tout en tenant compte des enjeux politiques liés à cette région.

L’Église catholique en Arabie du Nord

En Arabie du Nord, les chrétiens, majoritairement des expatriés, sont tolérés mais contrôlés. La liberté de culte existe seulement en privé et le prosélytisme est interdit. Les conversions de l’islam au christianisme restent très risquées, tandis que les relations avec les autorités dépendent du pays, allant d’une relative tolérance au Bahreïn à des restrictions plus strictes au Koweït et en Arabie saoudite.

Kevin TANGUY

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AED

L’AED est une fondation pontificale, fondée en 1947 dans un esprit de réconciliation. Elle soutient les chrétiens partout dans le monde, là où ils sont confrontés aux persécutions et difficultés matérielles. https://aed-france.org

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