(ZENIT News / Bucarest, 31.10.2025) – La silhouette de Bucarest s’est enrichie d’un monument spectaculaire, redéfinissant à la fois son paysage spirituel et architectural. Dimanche 26 octobre, le patriarche orthodoxe Daniel a béni l’intérieur et l’extérieur de la très attendue cathédrale patriarcale, officiellement dédiée à l’Ascension du Christ. Populairement appelée « Cathédrale du Salut du Peuple », elle est désormais la plus grande église orthodoxe du monde — et, symboliquement, une réponse verticale au colossal Palais du Parlement voisin.
La cérémonie, à laquelle ont assisté le patriarche œcuménique Bartholomée Ier ainsi que de nombreuses autorités religieuses et civiles roumaines et étrangères, a marqué une étape majeure dans l’histoire spirituelle du pays. L’Église catholique y était représentée par le nonce apostolique Mgr Giampiero Gloder, l’archevêque Aurel Percă de Bucarest et Mgr Cristian Crișan, de l’Église grecque-catholique roumaine.
Un rêve ancien devenu réalité
La dédicace survient alors que l’Église orthodoxe roumaine s’apprête à célébrer deux anniversaires : les 140 ans de son autocéphalie et le centenaire de son élévation au rang patriarcal. Si les travaux n’ont commencé qu’en 2010, l’idée d’une cathédrale nationale remonte à la fin du XIXᵉ siècle, souvent retardée par les guerres, les bouleversements politiques et les décennies de communisme athée.
S’élevant à 127 mètres, pour une superficie totale de 55 000 m², la cathédrale est une véritable déclaration architecturale et théologique. Elle abrite 27 portes de bronze de 800 kg chacune, 25 000 m² de mosaïques réalisées par des artistes roumains avec des tesselles de Venise, et sept cloches monumentales pesant au total 33 tonnes — la plus grande étant la plus lourde d’Europe. Le coût global du projet est estimé à 270 millions d’euros.
L’architecte Constantin Amâiei décrit l’édifice comme un « dialogue de contrastes » : face au Parlement qui s’étend horizontalement, la cathédrale s’élance « comme une flèche vers le ciel », rappelant que « le clocher doit être le centre autour duquel la communauté se rassemble ».
Saint André, apôtre de la Roumanie
La cathédrale accueillera bientôt les reliques de saint André, apôtre qui aurait évangélisé la région de Dobroudja. Le 23 octobre, le patriarche Daniel a béni un reliquaire contenant des fragments de ses ossements, offerts par Mgr Orazio Soricelli, archevêque d’Amalfi-Cava de’ Tirreni, en collaboration avec Mgr Siluan de la diaspora roumaine en Italie. Le reliquaire, réplique miniature de la cathédrale, a été fabriqué dans les ateliers du Patriarcat.
« Saint André nous invite à garder la foi apostolique et à nous réjouir dans la communion des saints », a déclaré le patriarche Daniel, espérant que les reliques « fortifieront la foi et nourriront l’unité fraternelle ».
Un signe discret d’unité entre Églises
Ce projet monumental porte aussi une dimension œcuménique. Lors de sa visite historique en 1999 — la première d’un pape dans un pays majoritairement orthodoxe depuis le Grand Schisme —, saint Jean-Paul II avait offert 200 000 dollars pour la construction de la future cathédrale. Cette somme servit plus tard à financer l’achat des cloches, fabriquées en Autriche et bénies en 2018. Le patriarche Daniel a qualifié le pape polonais de « l’un des principaux bienfaiteurs de la cathédrale », rappelant que « les cloches symbolisent la voix de Dieu, appelant à la prière et à la fraternité ».
Vingt ans plus tard, en 2019, le pape François a poursuivi ce dialogue fraternel lors de sa visite en Roumanie. Priant le Notre Père dans la nouvelle cathédrale, il avait souligné : « Chaque fois que nous disons ‘Notre Père’, nous affirmons que le mot Père ne peut exister sans le mot Notre. »
Une mosaïque de saint André, réalisée dans le même style vénitien que celles des murs de la cathédrale, fut alors offerte par le patriarche Daniel au Souverain pontife — un fragment d’orthodoxie roumaine confié à l’évêque de Rome.