Un retour attendu après près d’un demi-siècle
L’Italie envisage de rétablir la fête de Saint-François comme jour férié national, dans un contexte d’appels à l’unité. Si cette mesure est approuvée, la fête reviendrait près d’un demi-siècle après sa suppression en 1977, lorsque les mesures d’austérité avaient supprimé plusieurs jours fériés.
L’Italie est sur le point de rétablir le 4 octobre comme jour férié national en l’honneur de saint François d’Assise et, symboliquement, du défunt pape François, qui portait son nom. La proposition, dont le débat est prévu pour la dernière semaine de septembre, a reçu le soutien de tous les partis de la coalition de la Première ministre Giorgia Meloni.
Ses défenseurs espèrent la voir rétablie à temps pour 2026, date du 800e anniversaire de la mort du saint, transformant ainsi une date historiquement chère à la mémoire chrétienne en une expression civique de paix et de solidarité.
Maurizio Lupi, chef du parti centriste « Noi Moderati » et principal promoteur de la législation, a décrit cette mesure comme étant plus qu’une simple question de symbolisme. « C’est un appel à la paix, à la cohésion, à la valeur de la nature et à la leçon de foi et de spiritualité que François a offerte au monde », a-t-il déclaré à l’AFP.
Une mémoire religieuse et politique
Le moment est émouvant. Le pape François, décédé en avril à l’âge de 88 ans, a été le premier pontife à prendre le nom du saint médiéval d’Assise, ce qui, dès le début de son pontificat, a manifesté son désir d’une Église plus pauvre, plus humble et plus proche des marginaux.
Le rétablissement de cette fête permettrait de réunir deux figures séparées par des siècles, mais unies dans leur rejet du pouvoir et de la richesse au profit du service aux pauvres et de la protection de la création.
Entre finances et identité
L’Italie reconnaît actuellement 12 jours fériés nationaux, soit moins que certains de ses voisins méditerranéens, mais plus que des pays comme la France ou la Suède. Les législateurs doivent trouver un équilibre entre le poids culturel et spirituel d’un nouveau jour férié et les préoccupations liées à la productivité économique.
Les détracteurs du projet avertissent qu’un jour férié supplémentaire pourrait peser sur les finances de l’État, en particulier à un moment où l’Italie est confrontée à la pression de contrôler ses dépenses.
Cependant, le débat contraste fortement avec les événements récents en France. Dans ce pays, une tentative de l’ancien Premier ministre François Bayrou de supprimer deux jours fériés au nom de la discipline budgétaire a suscité une indignation générale et a été rapidement abandonnée.
La proposition italienne, en revanche, reflète moins un esprit de suppression que de restauration, faisant appel à la mémoire nationale plutôt qu’à l’arithmétique budgétaire.
Autres campagnes pour les fêtes
La volonté d’honorer saint François n’est pas la seule tentative visant à façonner le calendrier civique italien à travers les saints. Certains législateurs ont fait campagne pour que le 19 mars, fête de saint Joseph — également célébrée comme la fête des pères — soit reconnu comme jour férié. Jusqu’à présent, ces efforts ont été insuffisants.
Mais saint François, déjà désigné saint patron du pays, a une résonance sans pareille. Consacrer à nouveau sa fête, en particulier en cette année jubilaire pour la famille franciscaine, reviendrait à ancrer l’identité moderne de l’Italie dans une figure qui continue d’inspirer au-delà des divisions religieuses et politiques.
