Le pape François lance trois défis aux jeunes des Philippines: l'honnêteté, la sauvegarde de l'environnement et le soin des pauvres. Et il en ajoute un quatrième.
Les "nouveaux jeunes" que voulait Jean-Paul II aux Philippines il y a vingt ans ont rencontré le pape François ce dimanche matin, 18 janvier, à Manille, à l'université Saint-Thomas de Manille. Mais le pape n'a pas prononcé ce discours, il a parlé d'abondance du coeur en espagnol, avec une traduction consécutive en anglais.
Il a préféré répondre aux interrogations des jeunes: "La réalité est plus improtante que les idées. Votre rélaité est plus importante que les idées que j'avais préparées", a dit le pape à la fin de son allocution improvisée.
Il a ajouté un quatrième défi: "apprendre à aimer et à se laisser aimer".
Voici les trois autres défis. "Ne perdez pas votre intégrité": le pape les avertit qu'ils pourront sembler "ridicules" mais que le Christ sera leur force.
Ensuite, la vocation de l'homme c'est de "faire de la terre un beau jardin pour la famille humaine". Préserver l'environnement.
Enfin, le pape laisse cette consigne pour les pauvres: "S’il vous plaît, faites davantage !" Mais dans son allocution improvisée il a aussi interpellé un jeune bénévole très engagé en faveur des sinistrés de Yolanda: "Ricky, tu donnes, tu donnes, avec tes amis, tu aides, mais est-ce que tu acceptes de recevoir? Chut! La réponse est dans ton coeur."
Voici la traduction officielle en français deu discours du pape préparé en anglais.
A.B.
Discours du pape François
Chers jeunes amis,
C’est une joie pour moi d’être aujourd’hui avec vous. Je salue cordialement chacun de vous et je remercie tous ceux qui ont rendu possible cette rencontre. Au cours de ma visite aux Philippines, j’ai particulièrement voulu avoir une rencontre avec vous, les jeunes, pour vous écouter et pour parler avec vous. Je désire exprimer l’amour et l’espérance que l’Église a pour vous. Et je veux vous encourager, comme citoyens chrétiens de ce pays, à vous offrir avec enthousiasme et avec honnêteté au grand travail de renouvellement de votre société et de contribution à construire un monde meilleur.
Je remercie spécialement les jeunes qui m’ont adressé des paroles de bienvenue. Ils ont exprimé de façon éloquente, en votre nom, vos préoccupations et vos inquiétudes, votre foi et vos espérances. Ils ont parlé des difficultés et des attentes des jeunes. Bien que je ne puisse pas répondre à chacun de ces questionnements de façon exhaustive, je sais que, avec vos Pasteurs et entre vous, vous les considérerez attentivement à l’aide de la prière et que vous ferez des propositions concrètes d’action.
Aujourd’hui, je voudrais suggérer trois domaines-clés où vous avez une contribution significative à offrir à la vie de votre pays. Le premier est le défi de l’intégrité. Le terme “défi” peut être entendu de deux manières. D’abord, il peut être compris de façon négative, comme une tentative d’agir contre vos convictions morales, contre tout ce que vous savez être vrai, bon et juste. Notre intégrité peut être défiée par des intérêts égoïstes, par l’avidité, par la malhonnêteté.
Vous êtes donc appelés à donner un bon exemple, exemple d’intégrité. Naturellement, en le faisant, vous devrez affronter des oppositions et des critiques, le découragement et même le ridicule. Mais vous avez reçu un don qui vous permet de dépasser ces difficultés. C’est le don de l’Esprit Saint. Si vous nourrissez ce don par la prière quotidienne et puisez la force dans la participation à l’Eucharistie, vous serez en mesure d’atteindre cette grandeur morale à laquelle Jésus vous appelle. Vous deviendrez aussi une boussole pour vos amis qui sont en recherche. Je pense spécialement à ces jeunes qui ont la tentation de perdre l’espérance, d’abandonner leur idéaux élevés, de quitter l’école ou de vivre au jour le jour dans les rues.
Il est donc essentiel de ne pas perdre votre intégrité ! Ne compromettez pas vos idéaux ! Ne cédez pas aux tentations contre la bonté, la sainteté, le courage et la pureté ! Relevez le défi ! Avec le Christ, vous serez – vraiment vous l’êtes déjà – des artisans d’une culture philippine renouvelée et plus juste.
Un autre domaine où vous êtes appelés à donner votre contribution est celui de montrer de la préoccupation pour l’environnement. Ce n’est pas seulement parce que votre pays, plus que d’autres, risque d’être sérieusement touché par le changement climatique. Vous êtes appelés à prendre soin de la création, non seulement comme des citoyens responsables, mais aussi comme disciples du Christ ! Le respect de l’environnement signifie davantage que de simplement utiliser des produits propres ou de recycler ce que nous utilisons. Ce sont des aspects importants, mais non suffisants. Nous avons besoin de voir, avec les yeux de la foi, la beauté du plan de salut de Dieu, le lien entre l’environnement naturel et la dignité de la personne humaine. L’homme et la femme sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et la maîtrise de la création leur a été confiée (cf. Gn 1, 26-28). Comme administrateurs de la création de Dieu, nous sommes appelés à faire de la terre un beau jardin pour la famille humaine. Lorsque nous détruisons nos forêts, lorsque nous dévastons le sol et polluons les mers, nous trahissons ce noble appel !
Il y a trois mois, vos Évêques ont affronté ces thèmes dans une Lettre pastorale prophétique. Ils ont demandé à chacun de réfléchir sur la dimension morale de nos activités et de nos styles de vie, de notre consommation et de l’usage que nous faisons des ressources naturelles. Aujourd’hui, je vous demande de le faire, dans le contexte de vos vies et de votre engagement pour la construction du Royaume du Christ. Chers jeunes, l’usage juste et la gestion correcte des ressources naturelles est une tâche urgente et vous avez une contribution importante à offrir. Vous êtes l’avenir des Philippines. Soyez vivement intéressés à tout ce qui arrive à votre si belle terre !
Un dernier domaine où vous pouvez offrir une contribution vous est particulièrement cher à tous. C’est le soin des pauvres. Nous sommes chrétiens, membres de la famille de Dieu. Chacun de nous, et peu importe si individuellement nous avons beaucoup ou peu, est appelé à tendre la main personnellement et à servir nos frères et nos sœurs dans le besoin. Il y a toujours quelqu’un proche de nous qui a des besoins matériels, psychologiques, spirituels. Le plus grand don que nous puissions leur faire est notre amitié, notre préoccupation, notre tendresse, notre amour pour Jésus. Le recevoir signifie tout avoir. Le donner signifie offrir le don le plus grand de tous.
Beaucoup d’entre vous savent ce que signifie être pauvres. Mais beaucoup d’entre vous ont aussi fait l’expérience de quelque chose du bonheur que Jésus à promis aux “pauvres en esprit” (cf. Mt 5, 3). Je voudrais dire ici une parole d’encouragement et de gratitude à ceux d’entre vous qui ont choisi de suivre notre Seigneur dans sa pauvreté, par la vocation au sacerdoce et à la vie religieuse; en puisant à cette pauvreté, vous vous enrichirez beaucoup. Mais à vous tous, spécialement à ceux qui peuvent faire et donner davantage, je demande : s’il vous plaît, faites davantage ! S’il vous plaît, donnez plus ! Lorsque vous donnez de votre temps, de vos talents et de vos ressources à beaucoup de personnes nécessiteuses qui vivent aux marges, vous faites une différence. C’est une différence qui est si désespérément nécessaire, et pour laquelle vous serez largement récompensés par le Seigneur. Parce que, comme il a dit : « Tu auras un trésor au ciel » (Mc 10, 21).
Il y a vingt ans en ce même lieu, saint Jean-Paul II a affirmé que le monde a besoin d’“un nouveau type de jeunes ” – engagés dans les plus hauts idéaux, et désireux de bâtir la civilisation de l’amour. Soyez ces jeunes! Ne perdez pas vos idéaux ! Soyez des témoins joyeux de l’amour de Dieu et du magnifique dessein qu’il a pour nous, pour ce pays et pour le monde dans lequel nous vivons. S’il vous plaît, priez pour moi. Que Dieu vous bénisse tous !
[Texte original: Anglais]
© Libairie éditrice du Vatican