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« Être serviteurs dans un monde polarisé »

Discours du pape Léon XIV aux participants au Chapitre général de l’Ordre des Servites de Marie

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À l’occasion de leur 215ᵉ Chapitre général, les membres de l’Ordre des Servites de Marie ont été reçus par le pape Léon XIV dans la Salle Clémentine du Palais apostolique. Dans un climat fraternel et attentif, le Saint-Père leur a adressé un discours profond, invitant l’Ordre à revenir à ses sources évangéliques, à vivre pleinement sa mission de service et à renouveler sa dévotion mariale.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
La paix soit avec vous !

Bonjour à tous, bienvenue !
Chers frères, soyez les bienvenus !

Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de votre 215ᵉ Chapitre général. C’est un retour aux sources et, en même temps, un regard vers l’avenir. Les deux choses ne peuvent être séparées : plus on revient à ses origines, plus on devient capable de créativité et de prophétie.

La première source à laquelle il faut revenir est toujours l’Évangile. En effet, « pour les divers fondateurs et fondatrices, l’Évangile était la règle absolue, tandis que toute autre règle n’était qu’une expression de l’Évangile et un moyen de vivre pleinement l’Évangile » (François, Lettre apostolique à tous les consacrés à l’occasion de l’Année de la vie consacrée, 21 novembre 2014, I, 2). C’est ce qu’écrivait le pape François, qui ajoutait : « Pour eux, l’idéal était le Christ ; ils cherchaient à être intérieurement unis à lui et ainsi pouvoir dire avec saint Paul : “Pour moi, vivre c’est le Christ” (Ph 1,21). Leurs vœux étaient destinés à être l’expression concrète de cet amour passionné » (ibid.). Avant tout, donc : revenir à l’Évangile.

Le deuxième retour est celui à la Règle – pour vous, celle de saint Augustin –, aux Constitutions et au patrimoine spirituel qui vous vient de votre histoire. Ces sources vous offrent en un certain sens la « clé exégétique » grâce à laquelle, avec l’aide de l’Esprit, vous pouvez lire et interpréter ce que la Parole de Dieu vous dit.

Enfin, le troisième retour est l’écoute du cri des pauvres. C’est un retour à l’aujourd’hui comme kairos, comme moment de grâce où tout ce que le Seigneur vous a donné trouve son sens. Cela s’exprime très bien dans le thème que vous avez choisi pour vos rencontres :
« Être serviteurs dans un monde polarisé, pour construire ce qui nous unit en valorisant les différences ».

Pour vivre au mieux ce triple retour, non seulement en ces jours mais toujours, je voudrais vous recommander trois moyens, typiques de votre tradition : la fraternité, le service et la spiritualité mariale.

Concernant la fraternité, il est frappant que l’Ordre des Serviteurs de Marie — presque unique dans l’histoire des fondations religieuses — n’ait pas été fondé autour d’un seul fondateur charismatique, mais autour d’un groupe de sept amis, un véritable groupe évangélique. Le fondateur n’est pas un homme, mais plusieurs personnes unies par une forte amitié dans le Christ. Dans un monde comme le nôtre, cela est le signe d’une mission particulière : vivre et porter la fraternité, surtout là où les hommes sont divisés par les conflits, la richesse, les différences culturelles, la race ou la religion. Dans tous ces contextes, vous êtes appelés à être des porteurs d’amitié et de paix, à l’image des « Sept » qui, dans leurs villes marquées par la haine fratricide, devinrent porteurs de réconciliation et de charité.

Cela nous conduit au deuxième moyen : le service. Il est significatif que les premiers membres de l’Ordre aient choisi d’être — et d’être appelés — « serviteurs », et que la fondation elle-même ait fait ses premiers pas dans un hospice pour les pauvres : l’hôpital Fonte Viva de Bigallo. Là, vos fondateurs se sont mis au service des malades, des pèlerins, des femmes pauvres ; en bref, des plus petits de leur temps, leur donnant tous leurs biens afin de suivre, nus, le Seigneur nu. Et c’est l’expérience de servir Dieu dans les blessures des souffrants qui les a bientôt conduits à la rencontre avec Lui dans la contemplation de Monte Senario : « cor unum et anima una in Deum » (Règle 3).
La vie selon l’Évangile est ainsi : passion pour Dieu et pour l’homme, amour du ciel et de la terre avec la même intensité.

Ce n’est que dans cette unité que naissent et mûrissent les choix justes qui, aujourd’hui comme hier, permettent d’être présents là où nos frères et sœurs sont le plus blessés, là où le Seigneur nous veut. En ce sens, je souhaite vous encourager dans votre service des pauvres — migrants, prisonniers, malades — ainsi que dans votre engagement pour une écologie intégrale, pour la protection de la création et des personnes là où vous œuvrez.

Nous arrivons au troisième moyen : la spiritualité mariale. L’histoire la plus ancienne de l’Ordre a donné aux Sept Fondateurs le nom de praecipui amatores dominae nostrae, c’est-à-dire de grands, d’exceptionnels amoureux de Notre Dame, de Marie. Vous continuez de promouvoir sa dévotion dans l’Église, fondée sur la Parole de Dieu et avec de solides références théologiques et ecclésiologiques. À cet égard, le travail que vous accomplissez à travers la faculté théologique Marianum est remarquable, tout comme votre service pastoral dans les nombreux sanctuaires mariaux qui vous sont confiés.

Chers amis, que Marie, présente au pied de la Croix, forte et fidèle, vous apprenne à vous tenir auprès des innombrables croix où le Christ souffre encore dans ses frères, pour leur apporter consolation, communion, aide et le précieux pain de l’affection (cf. Constitutions des Serviteurs de Marie, Épilogue).

Merci pour le bien que vous faites. Je vous bénis, je vous confie au Seigneur et j’invoque sur vous l’intercession de la Mère de Dieu. Merci.

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Pape Léon XIV

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