Ce 18 novembre 2025, le Prince Albert II a annoncé ne pas donner suite à la proposition de loi votée en mai dernier par le Conseil national de la Principauté de Monaco, qui vise à autoriser l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) sous certaines conditions.
Cette nouvelle proposition législative tend non seulement à autoriser l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse et jusqu’à 16 semaines en cas de viol, mais aussi à réduire de 18 à 15 ans l’âge minimum pour se dispenser du consentement parental.
« J’ai demandé d’informer le Conseil national qu’il ne sera pas donné suite à sa proposition de loi » a déclaré le Prince de Monaco dans une interview accordée au quotidien Monaco-matin, la veille de la fête nationale. S’il reconnaît la complexité du sujet et « l’émotion qu’il peut soulever », Albert II ne veut pas succomber à des idées contraires aux principes fondamentaux de la Principauté.
« Le cadre actuel respecte ce que nous sommes au regard de la place qu’occupe la religion catholique dans notre pays » a-t-il ajouté. Le souverain a également indiqué que le ministre d’État présenterait prochainement des mesures d’accompagnement pour soutenir les femmes confrontées à des situations difficiles.
« Sans le catholicisme, la Principauté ne possède plus tout son ADN »

Mgr Marie-Dominique David, archevêque de Monaco © Diocèse de Monaco
La Principauté de Monaco est l’un des derniers États d’Europe où l’avortement demeure interdit, sauf dans des cas extrêmement spécifiques. Ayant été dépénalisée en 2019, la pratique demeure formellement illégale et n’est autorisée que pour trois exceptions : le viol, le danger pour la vie de la mère et les malformations fœtales graves.
À Monaco, le catholicisme est religion d’État et structure le droit lui-même. Le pouvoir exécutif est exercé conjointement par le Prince et le Parlement, de sorte que le monarque doit signer les projets de loi pour qu’ils entrent en vigueur. En refusant de promulguer la loi autorisant l’IVG votée par le Conseil national, le prince Albert II réaffirme l’identité catholique du pays, fondée notamment sur le respect de toute vie humaine.
Déjà en mars dernier, l’Église catholique à Monaco s’inquiétait de ce projet de loi. « C’est un sujet dont les conséquences sociétales et institutionnelles sont inquiétantes à plus d’un titre » était-il écrit dans un communiqué publié sur le site du diocèse.
Le 18 mai 2025, quelques jours après le vote au Conseil national, l’archevêque de Monaco a expliqué plus longuement ses inquiétudes dans une lettre pastorale. Selon Mgr Marie-Dominique David, « ce serait là un changement de société, un point de non-retour, le franchissement d’un cap anthropologique majeur, où le droit n’assurerait plus la protection des plus faibles. Cela entraînerait nécessairement une altération substantielle de nos Institutions, avalisant le fait que la Principauté ne se reconnaîtrait plus dans les références morales et les valeurs sociales du catholicisme ».
L’archevêque a conclu sa lettre avec ces mots forts : « Oui, prenons garde. Si tout l’ADN de la Principauté ne réside pas dans le catholicisme, sans le catholicisme, la Principauté ne possède plus tout son ADN ».
