Vivre la prière et la solitude comme témoignage de communion et de charité

Salle du Consistoire
Samedi 11 octobre 2025

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Que la paix soit avec vous ! Bonjour à tous et bienvenue !

Chers frères et sœurs, merci d’être ici. Cette rencontre nous offre l’occasion de réfléchir à la vocation de la vie érémitique dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui.

Je voudrais commencer par une parole que le Seigneur a dite à la Samaritaine, que nous lisons dans l’Évangile selon saint Jean : « L’heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père cherche de tels adorateurs » (Jn 4,23). Oui, le Père cherche et appelle, en tout temps, des hommes et des femmes à l’adorer à la lumière de son Esprit et dans la vérité révélée par son Fils unique. Il appelle les hommes et les femmes à se consacrer entièrement à lui, à le chercher et l’écouter, à le louer et l’invoquer jour et nuit, dans le secret de leur cœur. « Quand tu pries, dit Jésus, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6,6).

D’abord, le Seigneur nous appelle à entrer dans ce lieu caché du cœur, en l’explorant patiemment ; il nous invite à un chemin intérieur d’abandon et de dépouillement. Une fois entrés, il nous demande de fermer la porte aux mauvaises pensées afin de protéger un cœur pur, humble et doux, grâce à la vigilance et au combat spirituel. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons nous abandonner avec confiance au dialogue intime avec le Père, qui habite et voit dans le secret, et qui secrètement nous comble de ses dons.

Vous, en tant qu’ermites, êtes appelés à vivre cette vocation d’adoration et de prière intérieure, propre à tout croyant, de manière exemplaire, afin d’être témoins dans l’Église de la beauté de la vie contemplative. Ce n’est pas une fuite du monde, mais une régénération du cœur, pour qu’il soit capable d’écouter, source de l’action créative et féconde de la charité que Dieu inspire en nous. Cet appel à l’intériorité et au silence, à vivre en contact avec soi-même, avec le prochain, avec la création et avec Dieu, est aujourd’hui plus nécessaire que jamais, dans un monde de plus en plus aliéné par les médias et la technologie. De l’amitié intime avec le Seigneur renaissent la joie de vivre, l’émerveillement de la foi et le goût de la communion ecclésiale.

Votre éloignement du monde ne vous sépare pas des autres, mais vous unit dans une solidarité plus profonde. Évagre le Pontique écrit : « Le moine est celui qui, séparé de tous, est uni à tous » (Traité sur la prière, 124), car la solitude priante génère communion et compassion pour toute l’humanité et pour toute créature, dans la dimension spirituelle comme dans le contexte ecclésial et social où vous êtes placés comme levain de vie divine.

L’ermite diocésain « est une figure en relation ouverte avec le corps ecclésial et le corps de l’histoire » [1]. Votre simple présence et votre témoignage de prière, par la communion avec l’évêque et la fraternité avec les prêtres, deviennent précieux et féconds, augmentant le « souffle spirituel » de la communauté chrétienne. Cela est particulièrement vrai dans les zones intérieures du pays, dans les contextes ruraux où prêtres et religieux se font rares et où les paroisses sont appauvries en opportunités. Même dans les contextes urbains anonymes et complexes, marqués par une solitude mal vécue, les présences érémitiques sont des oasis de communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

Tout en restant fidèles à l’héritage transmis par les Pères de l’Église pour sauvegarder la Parole, par la lectio divina et le service de la prière et de l’intercession avec les Psaumes, vous êtes appelés à interpréter les nouveaux défis spirituels avec la créativité de l’Esprit Saint. En effet, c’est le Paraclet qui vous ouvre au dialogue avec tous les chercheurs de sens et de vérité, en vous éduquant au partage et en guidant souvent leur quête confuse. Vous pouvez tous encourager les autres à revenir à eux-mêmes, à redécouvrir le centre de gravité du cœur, comme nous l’enseigne le pape François dans l’encyclique Dilexit nos. Là, dans les profondeurs de l’âme, chacun peut découvrir le feu du désir de Dieu qui brûle et ne s’éteint jamais, comme nous l’enseigne saint Augustin : « Désirons continuellement du Seigneur notre Dieu ; et prions ainsi continuellement » (Lettre 130, 18-20). Vous êtes les gardiens et les témoins de ce désir qui habite chaque personne, afin que chacun puisse le découvrir et le nourrir en lui.

Chers amis, nos temps troublés vous demandent enfin « d’entrer dans le mystère de l’intercession du Christ pour toute l’humanité, acceptant de ‘vous placer au milieu’ entre les créatures, fragiles et menacées par le mal, et le Père miséricordieux, source de tout bien » [2]. Appelés à tenir la brèche, les mains levées et le cœur vigilant, marchez toujours dans la présence de Dieu, en solidarité avec les épreuves de l’humanité. Gardant le regard fixé sur Jésus et ouvrant les voiles de votre cœur à son Esprit de vie, naviguez avec toute l’Église, notre mère, sur la mer agitée de l’histoire, vers le Royaume d’amour et de paix que le Père prépare pour tous. Merci.

[1] Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, Le chemin de vie de l’ermite dans l’Église particulière, « Ponam in deserto viam (Is 43,19) ». Lignes directrices (30 décembre 2021), 10.

[2] Le chemin de vie de l’ermite dans l’Église particulière, 18.

Bureau de presse du Saint-Siège, Bulletin quotidien, 11 octobre 2025