par Tim Daniels
Une nouvelle étude universitaire suggère que la manière dont les catholiques vivent l’Eucharistie pendant la messe peut influencer leur conviction dans le mystère qui l’entoure.
Natalie A. Lindemann, professeure de psychologie à l’université William Paterson, a publié une étude dans la revue Catholic Social Science Review. Elle y montre que les expériences liturgiques traditionnelles — telles que recevoir la communion dans la bouche, écouter les cloches de la consécration ou fréquenter des paroisses qui célèbrent la messe en latin — sont associées à une plus grande certitude de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
L’enquête, menée auprès de 860 adultes catholiques anglophones aux États-Unis et pondérée pour refléter la démographie nationale, a révélé un éventail de croyances. Environ un tiers des personnes interrogées affirment avec certitude que le Christ est réellement présent sous les espèces du pain et du vin, tandis que près d’un quart considèrent l’Eucharistie comme purement symbolique. Les autres se situent dans un spectre allant du doute à l’indécision.
L’étude révèle que ce n’est pas le sexe, l’âge ou l’origine ethnique qui font la différence, mais le contexte liturgique. Les catholiques ayant déjà communié dans la bouche affichaient un niveau de croyance nettement plus élevé que ceux qui ne l’avaient jamais fait. L’effet était plus marqué chez ceux qui recevaient toujours la communion ainsi, et encore plus fort chez ceux qui insistaient pour que cette pratique soit respectée.
Des tendances similaires sont apparues avec d’autres indicateurs de pratique traditionnelle. Les participants dont les paroisses sonnaient les cloches lors de la consécration manifestaient une croyance plus forte que ceux qui ne les avaient jamais entendues. De même, les catholiques exposés à la messe traditionnelle en latin — qu’ils y assistent régulièrement ou non — étaient plus enclins à affirmer la présence réelle que ceux qui n’y avaient jamais participé. Les attitudes positives envers la liturgie traditionnelle allaient de pair avec une conviction renforcée, tandis que les perceptions négatives s’accompagnaient d’un scepticisme accru.
Ces résultats interviennent alors que les évêques américains ont exprimé leur inquiétude face au déclin de la foi eucharistique et lancé un programme national de trois ans pour renouveler la dévotion au Saint-Sacrement. Les recherches de Lindemann fournissent des données montrant que les gestes rituels et les signes sensoriels peuvent renforcer la conviction théologique d’une manière que la seule catéchèse n’atteint pas.
L’étude souligne aussi les effets persistants de la pandémie de COVID-19, lorsque de nombreux diocèses avaient imposé la communion dans la main. Plusieurs répondants ont confié qu’ils continuaient à suivre cette pratique avec réticence, ce qui suggère que des changements liturgiques peuvent avoir des conséquences durables sur la manière dont la foi est vécue.
Enfin, si l’étude met en évidence des liens entre la dévotion eucharistique et des facteurs culturels plus larges — tels qu’une pratique plus régulière de la messe et des tendances politiques conservatrices — elle ne constate pas d’influence significative de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique ni même de l’emplacement du tabernacle.
Dans l’ensemble, les résultats soulignent un paradoxe : à une époque qui valorise le choix personnel, les catholiques qui adoptent l’uniformité du rituel et les formes traditionnelles de culte semblent plus enclins à professer avec assurance le mystère au cœur de leur foi.
