Le pape François a reçu les évêques du Salvador à l’occasion de leur visite ad limina, le 20 mars 2017, au Vatican, à quelques jours de la mémoire liturgique du bienheureux évêque salvadorien Oscar Romero (1917-1980). La Conférence épiscopale espère la canonisation du martyr en août, formulant le vœu que le pape fasse le voyage outre-atlantique à cette occasion.
« Nous sommes contents de cette visite ad limina, entre autres parce que la Providence a voulu qu’elle coïncide avec la mémoire liturgique du bienheureux Romero, le 24 mars », confie Mgr José Luis Escobar Alas, archevêque de San Salvador et président de la conférence épiscopale, à Radio Vatican.
Il fait aussi le point sur la cause de canonisation de l’évêque martyr : « Le 28 février dernier, nous avons conclu l’instruction du procès pour le miracle. Certes, nous voudrions que le pape canonise (Mgr) Romero ici, au Salvador, et nous l’avons invité à venir le 15 août, jour du centenaire de sa naissance. Peut-être, si la divine Providence le veut, le miracle sera-t-il approuvé par le Saint-Siège et le pape le canonisera-t-il le 15 août. Ce serait pour nous une très grande bénédiction ».
« Un des fruits du sang des martyrs a été la croissance des vocations, ajoute l’archevêque (…). À la différence d’autres pays qui n’ont pas beaucoup de vocations, nous en avons beaucoup ».
Les valeurs de la famille contre la violence
Mgr Escobar Alas évoque les défis pastoraux de l’Église au Salvador : « principalement la défense de la vie, comprise dans un sens ample comme la justice, la vérité et la paix dans une société marquée par la violence ». Les évêques promeuvent notamment « les valeurs de la famille, d’une famille solide et responsable qui peut sauver toute la société ».
« Nous avons rédigé une lettre pastorale dédiée justement au thème de la violence, poursuit l’archevêque de San Salvador. (…) Ce pays a souffert de la violence depuis les temps de la ‘Conquista’ jusqu’au conflit armé de la fin du siècle dernier, qui s’est conclu par un accord de paix qui n’a pas été pleinement respecté. Il n’y a pas eu de vraie justice, sinon une loi d’amnistie inappropriée, illégitime, qui a tout enterré, y compris les crimes contre l’humanité ».
Il dénonce « un péché, un crime dans toute la société : les franges les plus violentes sont celles que la société a abandonnées ». Ainsi le phénomène des bandes est « un problème de marginalisation, d’exclusion sociale, d’idolâtrie de l’argent ».
Pour les évêques, ajoute-t-il, « la solution réside dans la création d’un environnement favorable » car la « vraie cause » de la violence est la pauvreté. La priorité du gouvernement, estime-t-il, doit être de créer « des opportunités d’études pour les jeunes et de travail pour les adultes ».
De même pour le phénomène migratoire : « le problème de fonds reste toujours le problème économique ». Mgr Escobar Alas exprime des inquiétudes face à la politique migratoire américaine : « il se crée un climat (…) de crainte pour les déportations. Nos pays ne sont pas dans les conditions de gérer un rapatriement massif de nos concitoyens. Ce serait un désastre pour eux et pour ceux qui les accueillent ».
Autre cheval de bataille de l’Eglise salvadorienne : la protection des ressources minières. « Ici, les lois sont faibles, elles ne protègent pas l’environnement et encore moins quand il s’agit de mines. C’est pourquoi, avec un groupe d’experts catholiques, nous avons présenté à la Commission Environnement et Changements climatiques du Parlement une proposition de loi pour empêcher l’activité minière ».
Avec une traduction de Constance Roques