La perte de la foi et le suicide de Judas, la mission de l’Eglise de rechercher les pécheurs, étaient les thèmes de la cinquième méditation de la retraite de carême du pape François et de la Curie romaine. Au matin du 8 mars 2017 à Ariccia, le père Giulio Michelini s’est arrêté sur la figure de l’apôtre qui trahit Jésus, en estimant que « Judas nous révèle nous-mêmes ».
D’après Radio Vatican, le franciscain a évoqué le drame du suicide de Judas, cherchant à comprendre comment l’apôtre a pu trahir son maître. Une des hypothèses étant que Judas, qui souhaitait un Messie combatif, politique, voulait faire pression sur Jésus.
Autre hypothèse : Judas aurait perdu la foi à un moment donné. Le p. Michelini a invité les retraitants à se demander « s’il n’y a pas eu souvent dans (notre) vie des moments où nous avons abandonné le Christ … notre amour, pour une vanité, une sensualité, un bénéfice, une sécurité, une haine, une vengeance ? »
« Nous avons peu de justifications pour parler avec indignation du traître. Judas nous révèle nous-mêmes », a souligné le prédicateur. Et de citer l’écrivain français Emmanuel Carrère dans son livre « Le Royaume » (2014) : « Je t’abandonne, Seigneur. Toi, ne m’abandonne pas ».
Les pasteurs doivent aussi se demander comment rejoindre ceux qui sont loin de la foi, a-t-il poursuivi en donnant un exemple personnel : « Je vis avec une communauté de jeunes qui font deux missions populaires par an. Je les taquine parce qu’ils vont danser dans les rues, entrent dans les discothèques et vont dans les bars. … Mais ils savent combien j’ai d’estime pour le fait qu’il y ait quelqu’un qui se rende là où il y a ce que nous ne voudrions pas voir, il y a des jeunes peut-être désespérés… Même si nous n’accomplissons pas ce devoir, nous devons être reconnaissants et solidaires envers ceux qui vont chercher dans les rues, comme disait Jésus, les païens et les publicains ».
Enfin, le p. Michelini a évoqué le suicide de Judas, le mettant en parallèle avec le personnage de « l’Innominato » du roman « Les fiancés » d’Alessandro Manzoni : réalisant ses méfaits, il a la tentation de s’ôter la vie mais repense aux paroles de l’héroïne, Lucie, sur la miséricorde de Dieu.
Dans le même roman, la figure du cardinal Frédéric Borromée, qui regrette de n’être pas allé chercher le truand lui-même avant sa conversion, invite à aller à la recherche des pécheurs, a estimé le prédicateur.
Le p. Michelini a aussi dénoncé la responsabilité des chefs religieux « intellectuels de la religion » dans le suicide de Judas. Il a interpellé les pasteurs : « Comment pouvons-nous aider les chrétiens de notre temps à ne pas perdre la foi, à reprendre conscience de leur foi, celle dont parle le Nouveau testament, la foi joyeuse …, l’adhésion à la personne de Jésus. Que pouvons-nous faire pour que ces suicides ne se produisent plus ? ».