« La plus grande ressource des petits États insulaires en développement et des pays moins avancés est leur peuple, avec leurs riches traditions culturelles et religieuses », affirme le cardinal Peter Turkson. « Leur croissance économique dépendra des modèles de développement et d’affaires qui s’inspirent de la solidarité universelle et de l’impératif éthique selon lequel personne ne doit pas être laissée en arrière ».
Le cardinal Turkson était le chef de la délégation du Saint-Siège à la Conférence des Nations Unies pour appuyer la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14 : Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour un développement durable.
Le préfet du dicastère pour le développement humain intégral avait préparé une allocution qui, faute de temps, n’a pas pu être délivrée ce 7 juin 2017. Il a remis son discours écrit dans le cadre du dialogue de partenariat 5 sur le thème : Augmenter les avantages économiques pour les petits et moyens États insulaires en développement et les pays les moins avancés et offrir aux petits pêcheurs artisanaux des accès aux ressources et marchés maritimes.
Le cardinal a souligné trois points concernant les avantages économiques des entreprises liées à l’océan des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement. D’abord, ces entreprises doivent être considérées comme des « micro, petites et moyennes entreprises » faisant partie de « l’économie légalement règlementée ». Ensuite, la coopération régionale doit permettre à ces pays « un meilleur accès au financement pour le développement ».
Enfin, l’homme étant au cœur de la vie économique et sociale, « priorité » doit être donnée à « l’accès à un emploi stable pour tous ».
Voici notre traduction du discours remis par écrit par le cardinal Peter Turkson, en anglais.
CR
Discours du card. Peter Turkson
Monsieur le Président
Le Saint-Siège se félicite de cette occasion de partager ses réflexions sur l’augmentation des avantages économiques pour les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) et sur l’accès aux ressources marines et aux marchés pour les pêcheurs artisans. Le document final des Orientations de SAMOA est important pour cette discussion.
En examinant les avantages économiques, pour les PEID et les PMA, de leurs activités liées aux océans, comme la pêche et l’aquaculture, le tourisme, les ressources biologiques végétales et la biotechnologie, ma délégation souhaite souligner trois points.
Premièrement, il est correct de penser à ces entreprises en tant que micro, petites et moyennes entreprises (MPME). À cet égard, ma délégation souhaite se référer au travail important accompli par la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI). En 2011, la CNUDCI a déterminé qu’il n’existait aucun ensemble cohérent de mesures juridiques et réglementaires mondiales susceptibles de favoriser l’inclusion financière ou la micro-finance pour les MPME. En 2014, un groupe de travail de la CNUDCI a commencé à se concentrer sur la création et l’activation d’un environnement commercial et juridique pour ce type d’activité, en particulier les MPME dans les économies en développement. Un aspect important du travail jusqu’à présent a consisté à permettre aux entreprises qui opèrent en dehors de l’économie légalement réglementée de faire partie de celle-ci.
Deuxièmement, la coopération régionale pour renforcer les intérêts économiques des PEID et des PMA est très importante pour avoir un meilleur accès au financement pour le développement et une plus grande influence sur le marché, attirant ainsi de plus grands investissements et promouvant des modèles d’affaires vertueux et un environnement professionnel formel et juridique sain.
Troisième et dernier point, ma délégation est convaincue que «l’homme est la source, le centre et le but de toute la vie économique et sociale» [1]. Il s’ensuit que, dans la société mondiale d’aujourd’hui, il est essentiel que « nous continuions à donner la priorité à l’objectif de l’accès à un emploi stable pour tous » [2], y compris pour les petits pêcheurs artisanaux. Comme le pape François l’a écrit dans sa lettre encyclique Laudato si ‘, « arrêter d’investir dans les personnes, afin d’obtenir un plus grand gain financier à court terme, est une mauvaise affaire pour la société ». [3] En outre, nous devons rejeter tout conception du marché qui suggère que les problèmes peuvent être résolus simplement par une augmentation des bénéfices des entreprises ou des particuliers.
Monsieur le Président
La plus grande ressource des PEID et des PMA est leur peuple, avec leurs riches traditions culturelles et religieuses. Leur croissance économique dépendra des modèles de développement et d’affaires qui s’inspirent de la solidarité universelle et de l’impératif éthique selon lequel personne ne doit être laissé en arrière.
Merci, Monsieur le Président.
- Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne, Gaudium et Spes, 63.
- Pape Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in Veritate, 32.
- Pape François, Lettre encyclique Laudato si’, 128.
© Traduction de Zenit, Constance Roques