Mgr Janusz Urbanczyk - Stift Klosterneuburg

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OSCE: «Le besoin profond de rejeter la violence et d'adopter la non-violence» 

Intervention de Mgr Urbanczyk au Conseil permanent de l’OSCE

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Le Saint-Siège attire l’attention de l’Europe « sur la nécessité, le besoin profond, de rejeter la violence et d’adopter la non-violence ».
C’est ce qu’a déclaré Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, à la réunion spéciale du Conseil permanent de l’OSCE, le 12 janvier 2017. Il  a salué la présidence autrichienne de l’OSCE pour l’année 2017 et a souligné « le rôle constructif et important que les religions peuvent jouer » pour arrêter les conflits et la violence.
« Le Saint-Siège, a-t-il souligné,  soutiendra toutes les initiatives de la présidence autrichienne qui cherchent à faire progresser la cause de la paix et de la stabilité, surtout lorsque de telles initiatives visent à désamorcer les conflits, à rétablir la confiance entre les 57 États participants et à combattre la radicalisation et l’extrémisme violent. »
La délégation vaticane, a-t-il assuré,  « attache une grande importance au dialogue et au partenariat entre les religions, ainsi qu’entre les États et les religions, en tant que moyen important de promouvoir la confiance, la réconciliation, le respect mutuel et la compréhension, ainsi que de favoriser la paix ».
Mgr Janusz S. Urbanczyk a aussi appelé à renforcer « des efforts de lutte contre l’intolérance et la discrimination, y compris contre les musulmans, les chrétiens et les membres d’autres religions ».
Voici notre traduction complète de l’intervention de Mgr Janusz S. Urbanczyk.
MD
Déclaration de Mgr Urbanczyk
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège accueille chaleureusement le Ministre fédéral de l’Europe, de l’Intégration et des Affaires étrangères de l’Autriche, S. Exc. Sebastian Kurz, de retour au Conseil permanent, le félicite pour sa nouvelle charge de président en exercice de l’OSCE en 2017, le remercie de sa présentation et l’assure de la coopération et du soutien du Saint-Siège pendant la présidence autrichienne. À vous, Monsieur l’Ambassadeur Koja, ainsi qu’à tout le personnel de la délégation et de la présidence autrichienne, le Saint-Siège adresse ses félicitations et ses meilleurs vœux. Permettez-moi également de saisir cette occasion pour renouveler la gratitude de ma délégation à l’égard de la présidence allemande de 2016 pour son leadership au cours de l’année écoulée.
Monsieur le Président,
L’année 2017 commence à l’ombre des nombreux conflits dans la région OSCE et d’attaques violentes contre celle-ci en 2016. Nous devons reconnaître que beaucoup trop de nos concitoyens connaissent trop bien l’horreur et les conséquences des conflits, des luttes et du terrorisme et, malheureusement, regardent vers l’avenir avec la peur dans leur cœur plutôt que la confiance et un sentiment clair de sécurité.
Cette réalité inquiétante nous pousse à l’action. La paix et la coexistence pacifique doivent être au sommet de l’ordre du jour de notre Organisation. C’est pourquoi le Saint-Siège soutiendra toutes les initiatives de la présidence autrichienne qui cherchent à faire progresser la cause de la paix et de la stabilité, surtout lorsque de telles initiatives visent à désamorcer les conflits, à rétablir la confiance entre les 57 États participants et à combattre la radicalisation et l’extrémisme violent.
À cet égard, le Saint-Siège voudrait attirer l’attention sur la nécessité, le besoin profond, de rejeter la violence et d’adopter la non-violence. Comme l’a récemment souligné le Pape François: « La non-violence est parfois considérée comme une abandon, un manque d’engagement et une passivité, mais ce n’est pas le cas… Car la force des armes est trompeuse ».
Ma délégation serait négligente si elle ne renforçait pas ces paroles en rappelant la lauréate du prix Nobel, Bertha von Suttner, la militante de la paix autrichienne et la première femme à recevoir le prix Nobel de la paix qui, dans son très célèbre appel à la paix, le livre « Déposez vos armes », a convoqué et continue d’appeler le monde à embrasser la paix et à rejeter la glorification de la guerre. Elle a écrit : « Cette question de savoir si la violence ou le droit devrait prévaloir entre les États est le plus important des problèmes de notre époque mouvementée, et le plus grave dans ses répercussions. Les résultats bénéfiques d’une paix mondiale sûre sont presque inconcevables, mais encore plus inconcevables sont les conséquences de la guerre mondiale menaçante que beaucoup de gens malavisés sont prêts à précipiter ».
En outre, le Saint-Siège tient à souligner une fois de plus « le rôle constructif et important que les religions peuvent jouer, notamment en vue de la prévention de la guerre et de la réconciliation, de la réhabilitation et de la reconstruction des sociétés post-conflit. Les religions, en effet, peuvent être exploitées comme une force innée positive compte tenu de la contribution que les croyants s’efforcent d’apporter à leurs communautés et sociétés ».
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège est très heureux que le Conseil ministériel de Hambourg ait adopté la Décision sur le rôle de l’OSCE dans la gouvernance des grands mouvements de migrants et de réfugiés. Puisque les peuples qui fuient les guerres et les persécutions, ainsi que la pauvreté et l’exclusion resteront probablement une caractéristique importante dans nos États dans les années à venir, nous félicitons la présidence autrichienne pour son engagement à faire avancer le travail des présidences suisse, serbe et allemande sur les migrations, les réfugiés et les personnes déplacées. En particulier, étant donné que de nombreux migrants et réfugiés, en particulier de la région MENA, fuient les violations des libertés fondamentales – y compris la liberté de religion ou de conviction – les États participants ont le devoir de garantir à tous la jouissance des droits de l’homme.
De plus, comme l’a souligné le pape François, « nous devons agir contre les causes et pas seulement les effets » de ce phénomène. « Beaucoup de causes de migration auraient pu être abordées il y a quelque temps. Tant de catastrophes auraient pu être évitées, ou au moins leurs effets les plus durs atténués. Aujourd’hui encore, avant qu’il ne soit trop tard, beaucoup pourrait être fait pour mettre fin à ces tragédies et pour construire la paix ». Cette question avancera également par des efforts communs accrus et intensifiés avec les partenaires pour la coopération, en particulier ceux de la région Méditerranée.
Le pape François a appelé à maintes reprises à l’instauration de systèmes financiers et économiques justes qui favorisent le développement humain intégral et garantissent la protection et le soin de notre maison commune par des politiques environnementales saines. Le Saint-Père a souligné que « le défi urgent de protéger notre maison commune comprend le souci de réunir toute la famille humaine afin de rechercher un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer ». Le Saint-Siège est, par conséquent, tout à fait favorable aux intentions de la Présidence autrichienne dans la dimension économique et environnementale, en s’appuyant sur l’adoption réussie au Conseil ministériel de Hambourg de la Décision sur le renforcement de la bonne gouvernance et la promotion de la connectivité.
Monsieur le Président,
Tout au long des 40 ans du grand projet qui a été lancé avec la signature de l’Acte final d’Helsinki, le Saint-Siège a mis l’accent sur la troisième dimension, axée sur les droits de l’homme, afin de protéger la dignité inhérente de toutes les personnes humaines, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. C’est pourquoi le Saint-Siège est heureux d’exprimer son soutien aux priorités générales de la Présidence autrichienne dans la dimension humaine.
Le Saint-Siège reste confiant que, sous votre présidence, il sera possible de parvenir à un consensus sur les déclarations du Conseil ministériel sur le renforcement des efforts de lutte contre l’intolérance et la discrimination, y compris contre les musulmans, les chrétiens et les membres d’autres religions, en accord avec les tâches données par la Déclaration de Bâle sur le renforcement des efforts de lutte contre l’antisémitisme. Nous nous félicitons des consultations officieuses entamées par la présidence allemande dans le cadre du CM à Hambourg ; cependant, il faut travailler davantage. Le Saint-Siège appelle à une réunion, au cours de la prochaine année, du Comité de la dimension humaine à consacrer aux tâches de Bâle et aux manifestations d’intolérance et de discrimination (y compris les crimes de haine) qui touchent les communautés religieuses de la Région de l’OSCE.
Ma délégation attache une grande importance au dialogue et au partenariat entre les religions, ainsi qu’entre les États et les religions, en tant que moyen important de promouvoir la confiance, la réconciliation, le respect mutuel et la compréhension, ainsi que de favoriser la paix. C’est pourquoi nous saluons l’intérêt que porte votre présidence à cette question et nous vous encourageons à poursuivre les efforts pour parvenir à une déclaration du Conseil ministériel sur le sujet.
Enfin, le Saint-Siège – qui soutient pleinement la participation politique, économique, sociale et culturelle des femmes, aux côtés et au même niveau que les hommes, tel que cela ressort clairement des engagements pris par l’OSCE – estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour faire progresser une égalité vraie et authentique entre les femmes et les hommes, ainsi que pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, qui continue de toucher de nombreuses femmes et viole gravement leur dignité et leurs droits fondamentaux.
Monsieur le Ministre Kurz,
Au moment où vous prenez les responsabilités qui vous incombent en tant que Président en exercice de l’OSCE en 2017, le Saint-Siège note que des questions et des décisions d’organisation importantes doivent être résolues et adoptées cette année : un système révisé des barèmes des contributions de l’OSCE devrait être adopté, le nouveau Secrétaire général, le Directeur du BIDDH, le Représentant pour la liberté des médias et le Haut Commissaire pour les minorités nationales doivent être désignés par consensus et la question du cadre et de la personnalité juridique de l’OSCE demeure ouverte, car aucune résolution ne semble imminente.
Bien qu’elles puissent sembler plutôt administratives et bureaucratiques, le Saint-Siège demande instamment que la priorité soit accordée à ces questions car, sans leur résolution, le fonctionnement même de l’OSCE est mis en péril. Par conséquent, nous devons garder à l’esprit que les 57 États participants forment une communauté non seulement de valeurs, mais aussi de responsabilité, non seulement pour le bien commun de la zone OSCE, mais aussi pour l’Organisation en tant que telle.
En conclusion, je vous souhaite le meilleur et le plus grand succès pour promouvoir davantage la sécurité et la coopération entre les 57 États participants. Avec la présidence autrichienne de 2017, la centralité de la ville de Vienne est à nouveau soulignée. Puisse l’année 2017, pour tous les hommes et les femmes, à l’Est comme à l’Ouest de cette ville de négociations engagées et constructives, de diplomatie et de compromis, être marquée par des mesures concrètes et nécessaires à la paix, la sécurité et la coopération.
Merci Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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