A propos du don du sang, notamment, le Saint-Siège appelle à « reconnaître » et à « promouvoir la « responsabilité de l’amour et de la charité … qui s’engage à faire de sa propre vie un cadeau à autrui », souligne Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève. Il est intervenu à la 140e réunion du Bureau exécutif de l’Organisation mondiale de la santé qui se passe du 23 janvier au 1er février 2017.
C’est « la nécessité » «peut-être plus importante, mais non mentionnée » dans les « Principes de consensus mondial sur le don et la gestion du sang, des composants sanguins et des produits médicaux d’origine humaine », dit-il.
La délégation du Saint-Siège « est profondément consciente du grave manque de dons disponibles » et du fait que, « dans certains cas, seulement 10% des besoins identifiés peuvent être satisfaits », a dit Mgr Ivan Jurkovic. « Néanmoins, des procédures doivent être mises en place pour prévenir l’exploitation des personnes vulnérables », a-t-il souligné. « La dignité des donateurs » devrait être placée « au centre de toute considération pour toutes les questions liées à ces procédures. »
Afin d’examiner « l’ampleur du tourisme de transplantation et de trafic d’organes et de charger les autorités sanitaires … de travailler à l’interdiction …de ces pratiques », l’Académie Pontificale des Sciences convoquera, les 7 et 8 février 2017, à la Cité du Vatican, un sommet sur le trafic d’organes et le tourisme de transplantation, a indiqué l’observateur permanent du Saint-Siège.
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Ivan Jurkovic, prononcée en anglais.
MD
Intervention du représentant du Saint-Siège
«Principes de consensus mondial sur le don et la gestion du sang, des composants sanguins et des produits médicaux d’origine humaine»
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège note avec intérêt les principes d’éthique envisagés dans toutes les procédures qui impliquent le don et la gestion du sang, des composants sanguins et des produits médicaux d’origine humaine. Puisque « ni la vie humaine ni la personne humaine ne peuvent jamais être traitées comme un objet à manipuler ou comme une marchandise jetable » (1), les principes proposés placent à juste titre la préoccupation de la dignité des donateurs au centre de toute considération pour toutes les questions liées à ces procédures et exigent des normes éthiques élevées pour protéger la santé et la sécurité de toutes les personnes touchées.
Il est tout aussi important de reconnaître que de nombreuses inégalités sont inhérentes à l’achat et à l’accès aux produits médicaux d’origine humaine. Le cadre proposé appelle donc à la prudence pour éviter l’exploitation de personnes qui n’ont souvent pas accès aux produits médicaux d’origine humaine nécessaires, mais qui pourraient devenir des cibles pour des dons non volontaires ou, pire encore, des victimes potentielles du trafic d’organes humains.
A ce sujet, l’Académie pontificale des sciences convoquera, les 7 et 8 février 2017, à la Cité du Vatican, un sommet sur le trafic d’organes et le tourisme de transplantation. Les objectifs de ce sommet sont d’examiner l’ampleur du tourisme de transplantation et de trafic d’organes et de charger les autorités sanitaires et autres personnes engagées de travailler à l’interdiction et à l’éradication de ces pratiques qui ont été vivement condamnées dans la Résolution 63.22. (2) de l’Assemblée mondiale de la Santé. De même, le pape François a appelé les dirigeants mondiaux à prendre des « mesures pratiques et constantes, concrètes et immédiates » pour « mettre fin le plus rapidement possible au phénomène de l’exclusion sociale et économique, avec ses conséquences néfastes », incluant entre autres, « la traite des êtres humains, [et] la commercialisation des organes et tissus humains » (3).
Ma délégation a pris bonne note des divers principes énoncés dans la proposition établie par le Secrétariat. Un consensus de base sur ces principes devrait bientôt s’exprimer car ils représentent des valeurs traditionnelles qui sous-tendent la pratique médicale et le tissu social même de nos communautés humaines. En effet, les gouvernements devraient assumer la responsabilité de promouvoir et de préserver les normes nécessaires pour assurer l’équité dans les pratiques liées au don et à l’achat de tels produits médicaux, la confidentialité pour toutes les personnes concernées, la protection contre les risques physiques et psychosociaux, le maintien de standards élevés de soins médicaux et la fourniture efficace d’un approvisionnement fiable des dons nécessaires.
Monsieur le Président,
À cet égard, la délégation du Saint-Siège est profondément consciente du grave manque de dons disponibles et que, dans certains cas, seulement 10% des besoins identifiés peuvent être satisfaits. Néanmoins, des procédures doivent être mises en place pour prévenir l’exploitation des personnes vulnérables, éviter de placer indûment le fardeau des dons de matériel biologique sur les groupes économiquement défavorisés ou empêcher la logique du marché de prendre le dessus (4) dans ces situations critiques et complexes. Peut-être plus importante, mais non mentionnée dans les principes proposés, est la nécessité de reconnaître et de promouvoir la « responsabilité de l’amour et de la charité … qui s’engage à faire de sa propre vie un cadeau à autrui, si on veut vraiment se réaliser soi-même ». (5)
Merci, Monsieur le Président.
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NOTES
- Pape Jean Paul II, Discours au nouvel ambassadeur du Royaume Uni auprès du Saint-Siège, 7 septembre 2002, Cité du Vatican.
- Dans cette Résolution, les États membres de l’OMS ont indiqué qu’ils étaient déterminés à ce que l’utilité croissante de la transplantation de cellules, de tissus et d’organes humains, dans un large éventail de conditions, dans les pays à faibles ressources comme dans les pays à ressources élevées soit fermement fondée sur « la dignité et la solidarité qui condamnent l’achat de parties du corps humain pour la transplantation et l’exploitation des populations les plus pauvres et les plus vulnérables ainsi que la traite des êtres humains qui en découle ».
- Pape François, Discours à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, New York, 25 septembre 2015.
- Cf. Pape Benoît XVI, Discours aux participants à une Conférence internationale organisée par l’Académie pontificale pour la vie, Cité du Vatican, 7 novembre 2008.
- Ibid.
(c) Traduction de Zenit. Constance Roques