Le pape François et le patriarche Bartholomée invitent à « ne pas se résigner » devant les défis de l’époque contemporaine.
Le pape François l’a redit, ce jeudi 28 juin 2018, en recevant au Vatican la délégation du Phanar venue à Rome pour la traditionnelle visite à l’occasion de la fête des apôtres Pierre et Paul, saints patrons de l’Eglise de Rome.
« Le mépris de la dignité de la personne humaine, l’idolâtrie de l’argent, la diffusion de la violence, l’absolutisation de la science et de la technologie, l’exploitation inconsidérée des ressources naturelles ne sont que quelques signes sérieux d’une réalité tragique à laquelle nous ne pouvons nous résigner », a déclaré le pape en citant les propos du patriarche œcuménique allant dans el même sens.
Il a évoqué leur prochaine rencontre, le 7 juillet 2018, à Bari (Italie), au sanctuaire de saint Nicolas de Myre, avec les autres représentants chrétiens du Moyen Orient pour prier pour la paix.
Le pape a souhaité que se multiplient ainsi les occasions de prier, de travailler, et d’annoncer l’Evangile ensemble entre catholiques et orthodoxes.
On se souvient de la visite et de la prière ensemble du pape et du patriarche, et de l’archevêque Ieronymos, en Grèce, à Lesbos, à l’occasion de la visite au camp de réfugiés de Moria, par exemple, le 16 avril 2016.
Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution prononcée par le pape en italien. Elle est publiée par le Saint-Siège également en anglais.
AB
Allocution du pape François
Eminence, chers Frères en Christ,
En ce jour de la veille de la fête des saints apôtres Pierre et Paul, cela me remplit de joie de vous rencontrer, vous qui êtes venus à Rome pour représenter Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomée et le Saint Synode, et de vous souhaiter la bienvenue la plus cordiale. Votre présence à l’occasion des célébrations en l’honneur des patrons principaux de l’Église de Rome est un signe de la communion grandissante qui unit l’Église catholique et le Patriarcat œcuménique.
Faire mémoire des Apôtres, de leurs enseignements et de leur témoignage signifie se souvenir des racines communes sur lesquelles nos Églises sœurs sont fondées, mais aussi prendre conscience de la mission commune au service de l’Évangile, pour générer une nouvelle humanité, tendue vers Dieu.
Dans de nombreuses sociétés qui se disaient traditionnellement chrétiennes, à côté de brillants exemples de fidélité au Seigneur Jésus-Christ, on assiste à une offuscation progressive de la foi chrétienne, qui n’affecte plus les choix des individus ni les décisions publiques. Le mépris de la dignité de la personne humaine, l’idolâtrie de l’argent, la diffusion de la violence, l’absolutisation de la science et de la technologie, l’exploitation inconsidérée des ressources naturelles ne sont que quelques signes sérieux d’une réalité tragique à laquelle nous ne pouvons nous résigner. Je suis entièrement d’accord avec ce que le Patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomée a dit dans son discours lors de sa récente visite à Rome pour participer à la conférence internationale sur « Les nouvelles politiques et styles de vie à l’ère numérique »: « Nous rejetons l’expression cynique « Il n’y a pas d’alternative » […]. Il est inacceptable que les formes alternatives de développement et la force de la solidarité sociale et de la justice soient ignorées et calomniées. Nos Eglises peuvent créer de nouvelles possibilités de transformation pour notre monde. En fait, l’Église elle-même est un événement de transformation, de partage, d’amour et d’ouverture. […] Dans nos Eglises, nous faisons l’expérience de la certitude bénie que l’avenir n’appartient pas à l’ »avoir » mais à l’ »être », non à la « pleonexia » [en grec, cupidité, ndlr] mais au « partage », non à l’individualisme et à l’égoïsme mais à communion et à la solidarité: il n’appartient pas à la division mais à l’amour ».
C’est pour moi réconfortant de constater que cette convergence de visions avec mon frère bien-aimé Bartholomée se traduit par un travail commun concret. Et au cours de ces derniers mois, le Patriarcat œcuménique et l’Église catholique ont également collaboré à des initiatives concernant des thèmes d’une importance considérable, tels que la lutte contre les formes modernes d’esclavage, la défense de la création, la recherche de la paix. A cet égard, je suis sincèrement reconnaissant à Sa Sainteté Bartholomée d’avoir immédiatement accepté mon invitation à se rencontrer le 7 juillet prochain à Bari avec les chefs des Eglises et des communautés chrétiennes du Moyen-Orient pour prier et réfléchir sur la situation tragique qui afflige tant de frères et les soeurs de cette région.
J’espère que nous multiplierons les occasions dans lesquelles nous, catholiques et orthodoxes, à tous les niveaux, puissions travailler ensemble, prier ensemble, annoncer ensemble l’unique Evangile de Jésus-Christ que nous avons reçu de la prédication apostolique, faire de plus en plus, sur ce chemin commun, l’expérience de l’unité qui, par la grâce de Dieu, nous unit déjà.
Eminence, chers frères, merci encore de votre présence. Par l’intercession des saints Pierre et Paul et de saint André, frère de saint Pierre, le Seigneur Tout-Puissant nous accorde d’être de fidèles annonciateurs de l’Évangile. Et, en invoquant sa bénédiction sur nous tous, je vous prie, s’il vous plaît, de prier pour moi.
© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin
Délégation du Phanar 28/6/2018 © Vatican Media
Œcuménisme: le pape François invite à «ne pas se résigner» (traduction complète)
Affronter ensemble les défis et les tragédies actuelles