L’Osservatore Romano en italien du 3 janvier 2017 se fait l’écho du message de Mgr Jacques Blaquart pour la Journée de prière et de réflexion 2017 contre la traite des êtres humains, le 8 février prochain.
Instituée par le pape François en 2015, le jour de la fête de sainte Joséphine Bakhita, la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains a lieu en effet chaque 8 février. Evêque d’Orléans et président du Conseil pour la solidarité de la Conférence des évêques de France, Mgr Blaquart invite à se mobiliser pour cette cause.
Le quotidien de la Cité du Vatican rappelle que toutes les deux minutes, dans le monde, un petit garçon ou une petite fille est victime de l’exploitation sexuelle, que plus de 200 millions de mineurs, dont 73 millions âgés de mons de 10 ans, sont contraints au travail. Chaque année 22 000 de ces petits travailleurs meurent victimes d’accidents. Et en trente ans, on estime que 30 millions d’enfants ont été victimes de la traite.
Voici le message de Mgr Blaquart, en date du 20 décembre 2016.
AB
Message de Mgr Blaquart pour le 8 février 2017
En France, la définition de la traite – comme sa réalité sur notre sol – est très mal identifiée. On pense souvent qu’il s’agit d’un phénomène d’un autre temps ou existant loin de chez nous, sur d’autres continents. La traite des êtres humains est le fait de recruter, héberger ou déplacer une personne d’un endroit à un autre, dans le même pays, ou dans un autre dans le but de l’exploiter pour en retirer un bénéfice. La victime est le plus souvent trompée, enlevée, vendue, contrainte par des violences physiques, morales et psychologiques. Les formes d’exploitation subies varient : travail forcé, exploitation sexuelle, esclavage domestique, mariage forcé, obligation de mendier, contrainte à voler et commettre d’autres délits, trafics d’organe, enfants soldats… et de nouvelles formes apparaissent avec l’évolution du terrorisme.
En 2007, le Secours Catholique – Caritas France a créé, en France, le Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » après avoir soutenu pendant plusieurs années des partenaires qui accompagnaient des victimes de traite et leurs familles en Europe centrale et orientale et en Asie. En 2016, ce Collectif rassemble 25 associations dont un certain nombre d’organisations chrétiennes : Justice et Paix, la Cimade, l’Action Catholique des femmes, l’Armée du salut, Aux Captifs la libération, le Comité Protestant évangélique pour la Dignité humaine, la congrégation Notre Dame de Charité du bon Pasteur, la Fédération de l’entraide protestante, les Champs de Booz, le Secours Catholique-Caritas France. Les associations agissent à différents niveaux : accompagnement des victimes, prévention des publics à risque, formation des professionnels, mise en réseaux au niveau national et international, sensibilisation du grand public… Leur expertise et leur diversité renforcent le poids du Collectif dans son travail de plaidoyer. Le Collectif travaille sans cesse à ce que les législations françaises et internationales évoluent et s’appliquent réellement pour lutter efficacement contre ce phénomène.
Le Collectif réitère ses demandes au gouvernement français d’une vraie politique publique pour lutter contre la traite des moins de 18 ans comme des adultes. Il préconise : des moyens concrets conséquents répondant aux besoins de repérage, d’identification, de prise en charge (logement, alimentation, santé, scolarisation ou formation professionnelle, accompagnement juridique), de protection des victimes de toutes les formes de traite ; la reconnaissance du statut de victime à tout mineur victime de traite en dehors de toute démarche pénale ; – l’application de la loi selon laquelle un-e mineur-e en situation de prostitution est un-e enfant en danger, qui doit être protégé-e ; l’accompagnement de ces mineurs lors de leur passage dans l’âge adulte. Il insiste sur : le rattachement de la mission interministérielle contre la traite des êtres humains au Premier Ministre ; la sensibilisation du grand public notamment en décrétant la lutte contre la traite Grande Cause nationale ; la formation des policiers, gendarmes, magistrats, avocats, enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux et médecins pour mieux identifier les victimes ; la participation effective des associations à l’élaboration du plan national de lutte contre la traite des êtres humains. A l’heure où un nouveau plan d’action national contre la traite doit être écrit en France, le Collectif rappelle l’urgence d’y insérer des moyens financiers pour prévenir et lutter contre la traite.
Président du Conseil pour la solidarité