« Donnons cette sagesse aux jeunes : comme le bon vin, qui avec les années devient meilleur, donnons aux jeunes la sagesse de la vie »: les paroles du premier discours du pape François aux cardinaux, dans la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican, le vendredi 15 mars 2013, deux jours après son élection, prennent une importance particulière en cette période de préparation du synode des évêques de 2018 sur les jeunes. C’est pourquoi nous le re-publions à l’occasion de l’anniversaire de la première semaine du pontificat qui entre dans sa cinquième année. Il y parle aussi, trois fois, de Benoît XVI.
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AUDIENCE À TOUS LES CARDINAUX
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Salle Clémentine
Vendredi 15 mars 2013
Frères Cardinaux,
Ce temps dédié au Conclave a été riche de significations non seulement pour le Collège Cardinalice, mais aussi pour tous les fidèles. En ces jours, nous avons ressenti de façon quasi sensible l’affection et la solidarité de l’Église Universelle, comme également l’attention de tant de personnes qui, bien que ne partageant pas notre foi, regardent avec respect et admiration l’Église et le Saint-Siège. De tous les confins de la terre s’est élevée la prière fervente et unanime du peuple chrétien pour le nouveau Pape et c’est avec grande émotion que j’ai vécu ma première rencontre avec la foule rassemblée place Saint-Pierre, rempli d’émotion. C’est avec cette image émouvante du peuple joyeux et en prière encore imprimée dans ma mémoire que je désire manifester ma sincère reconnaissance aux évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées, aux jeunes, aux familles et aux personnes âgées pour leur proximité spirituelle si touchante et chaleureuse.
Je ressens le besoin d’exprimer ma plus vive et profonde gratitude à vous tous, vénérés et chers frères Cardinaux, pour votre collaboration empressée dans le gouvernement de l’Église durant la vacance du Siège. J’adresse à chacun un salut cordial – à commencer par le Doyen du Collège Cardinalice, M. le Cardinal Angelo Sodano – que je remercie pour les sentiments dévoués et les souhaits fervents qu’il m’a exprimés en votre nom. Avec lui, je remercie M. le Cardinal Tarcisio Bertone, Camerlingue de la Sainte Église Romaine, pour le rôle attentif qu’il a joué durant cette période délicate de transition, et aussi le très cher Cardinal Giovanni Battista Re, qui s’est occupé de nous au Conclave : merci beaucoup ! Ma pensée affectueuse rejoint les vénérés Cardinaux qui, en raison de l’âge ou de la maladie, ont manifesté leur participation et leur amour de l’Église à travers l’offrande de leurs souffrances et de la prière. Et je voudrais vous dire qu’avant-hier le Cardinal Mejia a eu un infarctus cardiaque : il est hospitalisé à Pie XI. Mais on pense que sa santé est stable, et il nous a envoyé ses salutations.
Ma gratitude ne peut manquer de rejoindre aussi ceux qui – à titres divers – se sont consacrés à la préparation et au déroulement du Conclave en ménageant la sécurité et la tranquillité des Cardinaux durant ce moment si important pour la vie de l’Église.
J’adresse une pensée pleine d’affection et de profonde gratitude à mon vénéré Prédécesseur Benoît XVI qui, durant son pontificat, a enrichi et vivifié l’Église par son Magistère, sa bonté, son gouvernement et sa foi, son humilité et sa douceur. Ils resteront un patrimoine spirituel pour tous. Le ministère pétrinien, vécu dans un esprit de totale abnégation, a trouvé en lui un messager docte et humble dont le regard est resté toujours fixé sur le Christ, le Christ ressuscité, présent et vivant dans l’Eucharistie. Notre prière fervente, notre souvenir constant, notre reconnaissance affectueuse et pérenne l’accompagneront toujours. Nous ressentons combien Benoît XVI a allumé en nos cœurs une flamme qui continuera à briller parce qu’entretenue par sa prière qui soutiendra l’Église sur son chemin spirituel et missionnaire.
Chers frères Cardinaux, notre rencontre se veut comme le prolongement de l’intense communion ecclésiale que nous venons de vivre. Pénétrés par un profond sentiment de responsabilité et soutenus par un grand amour pour le Christ et son Église, nous avons prié ensemble, partageant nos sentiments, nos expériences et réflexions. Dans ce climat de grande cordialité se sont ainsi accrues la connaissance réciproque et l’ouverture mutuelle ; et cela est bon, parce que nous sommes frères. Quelqu’un me disait : les Cardinaux sont les prêtres du Saint-Père. Cette communauté, cette amitié, cette proximité nous feront du bien à tous. Et cette connaissance et cette ouverture mutuelle nous ont facilité la docilité à l’action de l’Esprit Saint. Lui, le Paraclet, est l’acteur premier de toute initiative et manifestation de la foi. C’est curieux : cela me fait penser. Le Paraclet fait toutes les différences dans les Églises, et il semble que ce soit un apôtre de Babel. Mais d’autre part, il est Celui qui fait l’unité de ces différences, non dans « l’égalité », mais dans l’harmonie. Je me rappelle ce Père de l’Église qui le définissait ainsi : « Ipse harmonia est ». Le Paraclet qui donne à chacun de nous des charismes différents, nous unit dans cette communauté d’Église, qui adore le Père, le Fils et Lui, l’Esprit-Saint.
C’est vraiment en partant de l’authentique sentiment vécu de la collégialité qui unit le Collège Cardinalice que j’exprime ma volonté de servir l’Évangile avec un amour renouvelé, aidant l’Église à devenir toujours davantage en Christ et avec le Christ, la vigne féconde du Seigneur. Encouragés également par la célébration de l’Année de la Foi, tous ensemble, Pasteurs et fidèles, nous nous efforcerons de répondre fidèlement à la mission de toujours : porter le Christ Jésus à l’homme et conduire l’homme vers la rencontre avec Jésus-Christ qui est la Voie, la Vérité et la Vie, réellement présent dans l’Église et contemporain en chaque homme. Cette rencontre invite à devenir des hommes nouveaux dans le mystère de la Grâce, suscitant en l’esprit cette joie chrétienne qui constitue le centuple donné par le Christ à qui L’accueille en sa propre existence.
Comme le Pape Benoît XVI nous l’a rappelé de nombreuses fois dans ses enseignements et, en dernier lieu, par son geste courageux et humble, c’est le Christ qui guide l’Église par son Esprit. L’Esprit Saint est l’âme de l’Église avec sa force vivifiante et unifiante : d’une multitude il fait un seul corps, le Corps mystique du Christ. Ne cédons jamais au pessimisme, à cette amertume que le diable nous offre chaque jour ; ne cédons pas au pessimisme et au découragement : nous avons la ferme certitude que l’Esprit Saint donne à l’Église, par son souffle puissant, le courage de persévérer et aussi de chercher de nouvelles méthodes d’évangélisation, pour porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 8). La vérité chrétienne est attirante et persuasive parce qu’elle répond au besoin profond de l’existence humaine, annonçant de manière convaincante que le Christ est l’unique Sauveur de tout l’homme et de tous les hommes. Cette annonce reste valable aujourd’hui comme elle le fut au début du christianisme, quant s’opéra la première grande expansion missionnaire de l’Évangile.
Chers frères, allez ! La moitié d’entre nous avons un âge avancé : la vieillesse est – j’aime le dire ainsi – le siège de la sagesse de la vie. Les vieillards ont la sagesse d’avoir cheminé dans la vie, comme le vieillard Siméon, la vieille Anne au Temple. Et justement cette sagesse leur a fait reconnaître Jésus. Donnons cette sagesse aux jeunes : comme le bon vin, qui avec les années devient meilleur, donnons aux jeunes la sagesse de la vie. Il me vient à l’esprit ce qu’un poète allemand disait de la vieillesse : « Es ist ruhig, das Alter, und fromm » : c’est le temps de la tranquillité et de la prière. Et aussi de donner aux jeunes cette sagesse. Vous allez retourner dans vos sièges respectifs pour continuer votre ministère, enrichis de l’expérience de ces jours, si chargés de foi et de communion ecclésiale. Cette expérience unique et incomparable nous a permis de saisir en profondeur toute la beauté de la réalité ecclésiale, qui est une réverbération de l’éclat du Christ Ressuscité : un jour nous regarderons ce très beau visage du Christ Ressuscité !
Je confie mon ministère, et votre ministère, à la puissante intercession de Marie, notre Mère, Mère de l’Église. Que sous son regard maternel chacun de vous puisse marcher heureux et docile à la voix de son divin Fils, renforçant l’unité, persévérant d’un commun accord dans la prière et témoignant la foi authentique dans la présence continue du Seigneur. Avec ces sentiments – ils sont vrais ! – avec ces sentiments, je vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique, que j’étends à vos collaborateurs et aux personnes confiées à votre soin pastoral.
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