La visite du pape François à Genève le 21 juin 2018 « est un des fruits d’un cheminement œcuménique, entre Rome et Genève, qui a commencé il y a des décennies », estime le pasteur luthérien Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE). « C’est un pas vraiment important », ajoute-t-il.
À dix jours du « pèlerinage œcuménique » du pape en Suisse, à l’occasion des 70 ans du Conseil œcuménique des Églises (COE), le pasteur a accordé une interview à L’Osservatore Romano publiée le 11-12 juin 2018.
La visite du pape François à Genève, a dit Olav Fykse Tveit, est « une étape, certainement pas un point d’arrivée, car il y a tant de thèmes que nous sommes appelés à approfondir, au niveau local, national et mondial, tels que la sauvegarde de la création, la construction de la paix, l’éducation au dialogue des jeunes, la justice économique, pour n’en mentionner que quelques-uns ».
« Cette visite, a-t-il poursuivi, a aussi une dimension spirituelle : en nous embrassant entre frères et sœurs, on témoigne de cet amour de Dieu qui est le moteur du dialogue œcuménique. »
« Cette dimension spirituelle, a expliqué le pasteur, enrichit notre marche et est un message pour tous les chrétiens du monde qui sont appelés à vivre le partage, en partant de la rencontre avec l’autre, qui est « rencontre » avec Dieu ».
« Dans cette phase du cheminement œcuménique, a dit Olav Fykse Tveit, il peut être utile de garder à l’esprit le modèle de la Trinité pour comprendre l’unité qui doit conduire les chrétiens à un partage toujours plus grand, grâce à une pleine participation au pèlerinage œcuménique. »
En parlant des perspectives du dialogue entre Genève et Rome, le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises a dit que « le COE et l’Église catholique, même avec leurs profondes différences, doivent être des voix et des témoins d’espérance dans le cheminement œcuménique et dans le monde ».
Nous devons, a-t-il poursuivi, « contribuer » « à cultiver ensemble l’espérance de vivre l’unité, à partir de l’amour et du soin que l’on doit avoir l’un pour l’autre, afin de rendre toujours plus forte l’annonce de la Parole de Dieu ». « Nous devons le faire, a-t-il souligné, nous sommes appelés à le faire, non pas pour nous-mêmes, mais par obéissance aux paroles de Jésus-Christ qui nous demande de nous mettre au service les uns des autres pour faire connaître son amour à l’égard du monde. »
« Le travail pour l’unité du pape François est un encouragement »
Pour répondre à la question sur le rôle du pape François dans le mouvement œcuménique, le pasteur a voulu « distinguer deux niveaux : celui de l’Église luthérienne et celui du COE ».
« En tant que pasteur luthérien, a dit Olav Fykse Tveit, je vois en François un « collègue » passionné de l’annonce de l’Évangile, comme le montrent ses paroles et ses gestes, qui aident tant à comprendre que les chrétiens doivent vivre la Parole de Dieu en se mettant au service des plus petits dans le monde. » « En tant que secrétaire général du COE, a-t-il expliqué, je dois reconnaître que le travail pour l’unité du pape François est un encouragement à se rappeler que nous devons faire ensemble tout ce que nous pouvons, en poursuivant le chemin que nous partageons déjà depuis des années dans cette dimension mondiale qui est l’une des particularités du dialogue œcuménique. »
En évoquant la prière œcuménique de Lund du 31 octobre 2016, le pasteur a dit que cette rencontre « a été une pierre milliaire dans le dialogue œcuménique ». « La prière de Lund, a-t-il ajouté, n’a pas été un moment de dialogue entre catholiques et luthériens, mais a été pensée pour le monde entier, proposant une lecture commune sur la Réforme de l’Église du XVIe siècle. »
Le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises a aussi noté que « récemment » « le COE a voulu réaffirmer le rôle fondamental des religions dans la construction de la paix » et que « sur cet aspect, il y a une grande harmonie avec l’Église catholique, comme en témoignent, entre autres, les contacts fréquents et continus avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux ». « Avec le pape François, a-t-il poursuivi, nous avons partagé cet engagement à Assise, en relançant l’idée que pour les chrétiens, construire la paix est un devoir : l’amour du Christ pousse les chrétiens à devenir des artisans de paix, comme dit l’apôtre Paul avec une grande clarté. »
Le pasteur a parlé du Pèlerinage de justice et de paix lancé à Busan, en République de Corée, en 2013, lors de la dernière Assemblée générale du COE. Ce programme – qui « s’est articulé en une série d’initiatives » – était “une expérience particulièrement significative, a expliqué Olav Fykse Tveit, puisque, en tant d’endroits, les chrétiens ont découvert ensemble ce que Dieu demande pour vivre l’unité ».
« La recherche de la justice et de la paix, a-t-il ajouté, n’est pas un programme politique ; il s’agit de vivre les valeurs chrétiennes avec lesquelles surmonter les conflits. C’est précisément pour cette raison que le pèlerinage de justice et de paix a une dimension œcuménique, mais il ne se limite pas à la participation des chrétiens ; il est ouvert aux hommes et aux femmes de bonne volonté, qui sont toujours les bienvenus. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Le pape François et le pasteur Tveit à Lund (Suède) © L'Osservatore Romano
La visite du pape à Genève, «un des fruits d'un chemin œcuménique», par le pasteur Tveit
Les perspectives du dialogue entre Genève et Rome