Cardinal Peter Turkson during the presentation of reflexion about miners work in de world

Cardinal Peter Turkson, ZENIT - by HSM

"La paix se construit dans le dialogue respectueux", affirme le card. Turkson

Intervention au colloque de l’UNESCO sur le « Rapprochement des cultures par les langues »

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« La paix se construit dans le dialogue respectueux de l’identité de chacun et dans la réciprocité », affirme le cardinal Peter Turkson.
Le préfet du Dicastère pour le Service du développement humain intégral est intervenu lors du colloque  « Dialogue social – Rapprochement des cultures par les langues » qui s’est tenu à l’UNESCO, à Paris, le 16 mai 2017. Le cardinal Turkson s’est inspiré des enseignements du pape François sur le dialogue social mais aussi l’encyclique Paix sur la Terre (Pacem in Terris, 1963) du pape Jean XXIII qui avait posé le principe du « dialogue pour la paix » repris dans les documents du concile Vatican II et de papes ultérieurs.
L’Église « est porteuse d’une parole de vérité qu’elle offre au monde, mais elle demeure en même temps à l’écoute du monde dans un dialogue constant », a dit le cardinal.
Dans l’exhortation apostolique post-synodale du pape François Evangelium Gaudium, il a noté que le pape distinguait « trois champs du dialogue social pour accomplir un service en faveur du plein développement de l’être humain et procurer le bien commun : le dialogue avec les États, avec la société … et avec les autres croyants. »
« L’Église, a-t-il souligné, partage avec l’État le souci pour la paix ». « Le dialogue qui s’instaure à ce niveau cherche à promouvoir la rencontre, à « projeter la recherche de consensus et d’accords. »
« Le deuxième champ concerne le dialogue entre la foi, la raison et les sciences », a poursuivi le cardinal. Contrairement au scientisme et au positivisme, a-t-il expliqué, « l’Église propose un autre chemin, qui exige une synthèse entre un usage responsable des méthodologies propres des sciences empiriques, et les autres savoirs comme la philosophie, la théologie, et la foi elle-même, qui élève l’être humain jusqu’au mystère qui transcende la nature et l’intelligence humaine. »
Enfin, « l’œcuménisme ou le dialogue avec d’autres chrétiens non-catholiques » est « un autre chantier » où le dialogue social « se fait ».
Le dialogue interreligieux, « une condition nécessaire pour la paix »
Le cardinal Turkson a consacré une grande partie de son discours au dialogue interreligieux qui est, selon les paroles du pape François, « une condition nécessaire pour la paix dans le monde ».
Le cardinal s’est particulièrement arrêté sur les relations de l’Église avec l’islam : « Face à l’islam, a-t-il dit, le pape recommande une formation adéquate des interlocuteurs, non seulement pour qu’ils soient solidement et joyeusement enracinés dans leur propre identité, mais aussi pour qu’ils soient capables de reconnaître les valeurs des autres ». »
« Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, a poursuivi le cardinal, l’affection envers les vrais croyants de l’islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. »
Le pape François, a rappelé le cardinal Turkson, a évoqué, « au sujet du dialogue interreligieux, la question des immigrés de foi islamique » et a invité « à une attitude de respect mutuel ». « La grande question des migrations » et les « défis qu’elle pose à la paix sociale », a-t-il souligné, « concerne aussi bien les pays d’origine ou de départ, que ceux de transit, de destination ou de retour ».
« Sur le plan purement humain, l’accueil de l’étranger a toujours posé des problèmes, y compris dans la Bible », a rappelé le préfet. L’accueil de l’étranger, « souvent considéré comme le bouc émissaire de nos maux, toujours suspecté à tort ou à raison et regardé avec méfiance, constitue pourtant un défi majeur pour notre monde et doit être considéré comme le thermomètre de l’humanité de nos sociétés ». « Alors que la société se mondialise, l’enfermement sur soi ne peut être que suicidaire », a-t-il affirmé.
Le développement intégral, « chemin vers la paix »
Le cardinal Turkson a aussi abordé « une autre dimension du dialogue pour la paix, à savoir le développement ».
En rappelant une célèbre affirmation de Paul VI : « Le développement est le nouveau nom de la paix » (dans Populorum progressio), le cardinal Turkson a souligné que « la question » était « de savoir quelle forme de développement promouvoir et comment y parvenir ». À ce propos, il a cité les paroles du pape François qui « affirme sans ambiguïté qu’ « une paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de violence ».
« Le terme ‘intégral’ donne une indication claire sur la nature du développement que l’on doit poursuivre », a expliqué le préfet : « C’est le développement de chaque homme et de tous les hommes, un développement qui ne se limite pas à la seule sphère matérielle, mais qui la transcende pour englober la dimension spirituelle de la personne, corps et esprit. »
Dans ce contexte, il a voulu « rappeler l’énorme travail en faveur du développement, de la réconciliation et de la paix mené dans le monde par tant de religieux et de religieuses ». « Ces dernières, en particulier, a-t-il dit, souvent au prix de leur propre vie, conduisent un remarquable ministère de présence, d’assistance matérielle, d’accompagnement spirituel et de guérison de blessures multiples dont les résultats sont sous nos yeux. »
La liberté religieuse, « dans le respect de l’identité de chacun » 
Dans son intervention, le préfet s’est arrêté également sur la question de la liberté religieuse : « La négation du droit de professer publiquement sa religion et d’œuvrer pour que les vérités de la foi inspirent aussi la vie publique a des conséquences négatives sur le développement véritable », a-t-il dit.
« L’exclusion de la religion du domaine public, a-t-il ajouté, comme, par ailleurs, le fondamentalisme religieux, empêchent la rencontre entre les personnes et leur collaboration en vue du progrès de l’humanité. »
Le pape, a rappelé le cardinal, « appelle par ailleurs à un dialogue social qui transcende les limites de la religion et englobe également ceux qui, ne se reconnaissant d’aucune tradition religieuse, cherchent sincèrement la vérité, la bonté, la beauté ».
En concluant, le cardinal a salué « la contribution de l’UNESCO » qui est « cruciale pour le devenir des pays en développement et la formation de leur jeunesse ». Ce « parcours de formation », a-t-il estimé, devrait « également demeurer ouvert à la promotion des langues – nationales et autres – dans un contexte de mondialisation et d’intégration croissante ».
« La connaissance des langues étrangères peut favoriser le rapprochement des individus et des peuples, améliorer la communication, promouvoir la réconciliation et surmonter des préjugés et stéréotypes », a-t-il souligné.
Le cardinal Turkson a raconté une petite histoire d’un « jeune prêtre africain » qui « faisait part de sa conversion culturelle à propos d’une langue de son pays qu’il considérait comme langue des voyous, parce qu’utilisée par l’armée pour donner des ordres ». Ce prêtre, a poursuivi le cardinal, « ne croyait donc pas qu’on pouvait prier et invoquer Dieu dans cette langue, jusqu’au jour où il fut envoyé dans cette zone linguistique pour y accomplir son ministère sacerdotal. C’est alors qu’il comprit que Dieu pouvait être invoqué dans n’importe quelle langue, y compris dans celle qu’il considérait jusque-là comme une langue des barbares ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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