« J’étais au service des papes, qui sont les serviteurs de l’Église et de l’humanité. Je me considère comme un serviteur du serviteur », affirme Mgr Federico Lombardi SJ, à l’antenne de RCF.
C’est ainsi qu’il a décrit son expérience au service de trois papes pendant 25 ans, dont 10 ans en tant que directeur de la salle de presse du Vatican. Mgr Lombardi est intervenu mercredi 25 janvier 2017 aux 21es Journées François de Sales, organisées par la Fédération des médias catholiques de France, qui se tiennent pendant trois jours à Annecy. Le quotidien « La Croix » a publié la synthèse de l’intervention de Mgr Lombardi.
« Je considère cela comme un privilège d’avoir pu servir des personnalités comme Jean-Paul II, comme papes Benoît et François qui sont un don de Dieu pour l’Église », souligne le jésuite qui est maintenant le président d ela fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
Être « serviteur du serviteur » – « c’était vraiment l’attitude dans laquelle j’ai essayé de vivre, explique-t-il, en m’adaptant aux attitudes de ces différents papes pour comprendre bien leur message, leur expérience et pour communiquer cela aux journalistes. J’ai vécu ça profondément ».
Du pontificat du pape Jean-Paul II, Mgr Federico Lombardi retient son « courage » médiatique : le pape n’a pas eu peur de se montrer devant les caméras dans des moments d’intimité ou de maladie.
« Il avait raison, car il avait bien compris le poids de l’image », admet Mgr Lombardi. Il raconte que chaque voyage, chaque déplacement du pape, « jusqu’au dernier » donnait lieu, ensuite, à une sérieuse évaluation du point de vue de la communication, à laquelle Jean-Paul II procédait personnellement.
En parlant à RCF de son travail aux côtés de Benoît XVI, le père Lombardi raconte que ce pape « avait travaillé durant tout le pontificat de Jean-Paul II comme préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Dans ce sens, il y a eu une véritable continuité dans les deux pontificats. Et je pense qu’il a été élu pour cela, en tant que personne de continuité. »
Mgr Lombardi confie qu’il a le pape Benoît XVI « une admiration pour sa synthèse de culture, de théologie, de foi et de spiritualité ». Il pense aussi à « la sincérité avec laquelle il a pris sur soi les fautes et les limites de l’Église, en particulier dans la crise des abus sexuels ». « Dans ce sens, je l’admire beaucoup », note-t-il.
« Benoît XVI n’avait pas vraiment la préoccupation de son image, ajoute Mgr Lombardi, mais il avait celle de la conversion de l’Église, qui passait par sa propre conversion spirituelle. »
« La crise des abus sexuels » fut « l’expérience la plus douloureuse que j’ai eu à gérer, avoue le père Lombardi, mais j’ai vécu cela en syntonie avec le pape comme expérience de purification, de douleur et de communication d’une attitude crédible d’humilité de l’Église. »
L’élection du pape François a beaucoup surpris Mgr Lombardi : « C’était une surprise totale, dit-il. J’étais absolument sans mot.»
Le comportement spontané du pape actuel n’est pas toujours facile pour les gens qui travaillent dans la communication : « Il faut toujours surveiller ce qu’il va dire, ce qu’il va changer, explique le père Lombardi, la manière dont il va décider un geste, une visite, une rencontre ». Cela nécessite pour l’entourage de développer une « certaine herméneutique » des prises de paroles « spontanées » du pape François.
« Il n’y a pas une personne au Vatican, qui connaisse l’agenda du pape, avoue l’ancien directeur de presse avec humour, chacun a connaissance d’une partie, mais nul ne maîtrise l’ensemble : pas plus ses secrétaires particuliers que le Préfet de la maison pontificale. »
Le pape François conserve une grande liberté, indique Mgr Lombardi : « Il a gardé la capacité de décider lui-même de ses activités et du cours de sa vie. »
Conférence de presse dans l'avion Rome-Erevan (c) L'Osservatore Romano
«Je me considère comme un serviteur du serviteur» déclare Mgr Lombardi
Intervention aux 21es Journées François de Sales