Alors que le martyre de la clarisse indienne Rani Maria Vattalil (1954-1995), tuée de 54 coups de couteau, a été reconnu par l’Eglise catholique le 23 mars 2017, Radio Vatican met en relief le pardon de la famille à l’assassin : à travers un geste symbolique, l’une des sœurs l’a notamment adopté comme « frère ».
Rani Maria est née le 29 janvier 1954, seconde de sept enfants, à Pulluvazhy, un petit village près de Kochi, la capitale commerciale du Kerala. Elle rejoignit le Couvent des clarisses franciscaines à Kidangoor en 1972 et prononça sa première profession deux ans plus tard. Elle choisit le nom de Rani (reine) Maria. Elle commença sa mission dans le nord de l’Inde, à Bijnore, en 1975 et rejoignit en 1992 Udainagar, dans le district de Dewas, où elle travailla parmi les travailleurs agricoles sans terre, se battant pour leurs droits et pour de justes salaires. Une lutte qui dérangeait les propriétaires terriens.
La religieuse avait 41 ans quand Samundhar Singh, employé par des propriétaires terriens, l’a poignardée dans un bus le 25 février 1995. L’attaquant l’a suivie lorsqu’elle est sortie du bus bondé en courant et a continué à la poignarder. Morte sur le bord de la route à Nachanbore Hill, près d’Indore, Rani Maria continua à dire : « Jésus ! Jésus ! » jusqu’à son dernier souffle.
La famille de la religieuse assassinée défraya la chronique en pardonnant à Samundhar Singh qui devint leur « frère » : la jeune sœur de Rani Maria, Selmy Paul, membre de la même congrégation, noua en effet au bras de l’ancien assassin un « rakhi », un fil sacré symbolisant un lien de fraternité et de protection, selon la coutume hindoue. De même, la mère de Rani Maria, Eliswa, lui rendit visite en prison et baisa les mains du bourreau de sa fille.
Ces gestes bouleversèrent Samundhar qui se repentit de son action. Il mène maintenant une vie exemplaire dans son village après avoir purgé sa peine. Le documentaire, « The Heart of a Murderer » (Le cœur d’un meurtrier), qui décrit son crime et son repentir, a gagné un prix au Festival mondial du film sur l’harmonie interreligieuse, en 2013.
Le site internet de sa congrégation souligne que le martyre de la religieuse a aidé à semer « la graine de l’amour et de la justice et la fraternité dans de nombreux cœurs ». Il considère le martyre de Rani Maria comme « l’événement le plus glorieux de l’histoire d’Udainagar et de la Province d’Amala ».
Durant sa vie, Rani Maria s’est beaucoup impliquée aussi dans l’éducation des enfants. Ses programmes de développement en faveur des pauvres, des opprimés et des marginalisés, allaient contre les intérêts cachés de bailleurs de fonds et d’exploitants sociaux.
Avec une traduction de Constance Roques