« Nous sommes appelés à marcher ensemble, convaincus que l’avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures », fait observer le pape François qui invite au dialogue, dans le respect de l’identité, de l’altérité, de façon à transformer « la pollution de la haine en oxygène de la fraternité », car frères et soeurs du même « Dieu miséricordieux ».
Le pape est en effet ce vendredi après-midi à l’aéroport du Caire vers 14h 20, en provenance de Rome, après 3h 15 de vol et pour une distance de 2 350 km, sur un A 321 de l’Alitalia. L’avion avait décollé à 11h05. Il a été accueilli par l’ambassadeur d’Egypte près le Saint-Siège, Seif Elnasr Hatem, et par un ministre délégué du président.
Le pape François a ensuite rendu une visite de courtoisie au palais présidentiel, à Heliopolis, où il a été accueilli par le président égyptien Al-Sissi, vers 14h30.
Puis il s’est rendu à la conférence internationale interreligieuse organisée par Al-Azhar et le Conseil musulman des Anciens sur la paix, au siège de Al-Azhar – « La Splendide » -, soit un trajet, en voiture, d’environ 10 km.
Le pape a été accueilli par le recteur de l’université, le grand imam el-Tayeb. Après un entretien privé, le grand imam a tenu un discours avant de donner la parole au pape François devant des représentants de l’islam sunnite, mais aussi chiite, et des représentants de différentes confessions chrétiennes, dont le patriarche Bartholomée et le pasteur Olav Fykse Veit, du Conseil œcuménique des Eglises, et le patriarche Tawadros II.
Ce tweet a été posté sur son compte @Pontifex_fr à l’issue de la rencontre: « Nous sommes appelés à marcher ensemble, convaincus que l’avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures ».
Dans son discours, le pape a remercié celui qu’il appelle « mon frère le grand imam » d’avoir organisé cette rencontre et de l’avoir invité.
Le pape a insisté sur la valeur de l’instruction pour la paix et l’importance de l’éducation des jeunes générations: « L’éducation devient, en effet, sagesse de vie quand elle est capable de faire jaillir de l’homme, en contact avec Celui qui le transcende et avec ce qui l’entoure, le meilleur de lui-même, en modelant une identité non repliée sur elle-même. »
« Il n’y aura pas une éducation adéquate pour les jeunes d’aujourd’hui si la formation offerte ne correspond pas bien à la nature de l’homme, en tant qu’être ouvert et relationnel », a souligné le pape lentement, en regardant son auditoire, et en détachant les paroles.
Du mal ne jailli que le mal et de la violence la violence, a averti le pape François qui a invité au contraire de mettre au centre une éthique qui refuse « la peur de l’autre ».
Il a encouragé le « dialogue interreligieux » : « Nous sommes toujours appelés à marcher ensemble, convaincus que l’avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures. »
Il a recommandé de mettre en oeuvre trois principes : « le devoir de l’identité, le courage de l’altérité et la sincérité des intentions ».
« Éduquer à l’ouverture respectueuse et au dialogue sincère avec l’autre, en reconnaissant ses droits et ses libertés fondamentales, spécialement la liberté religieuse, constitue la meilleure voie pour bâtir ensemble l’avenir, pour être des bâtisseurs de civilisation. Car l’unique alternative à la civilisation de la rencontre, c’est la barbarie de la confrontation », a précisé le pape François.
«Des jeunes qui, comme des arbres bien plantés, sont enracinés dans le terrain de l’histoire et, grandissant vers le Haut et à côté des autres, transforment chaque jour l’air pollué de la haine en oxygène de la fraternité», a-til insisté.
Il a invité à une « authentique alliance », sur cette terre de civilisation et d’alliance qu’est l’Egypte : « Le Sinaï nous rappelle avant tout qu’une authentique alliance sur cette terre ne peut se passer du Ciel, que l’humanité ne peut se proposer de jouir de la paix en excluant Dieu de l’horizon, ni ne peut gravir la montagne pour s’emparer de Dieu. »
Il a souligné que les Dix Paroles du Sinaï commencent par le commandement de « ne pas tuer »: « La violence est la négation de toute religiosité authentique », a déclaré le pape sous les applaudissements de l’assemblée.
Des applaudissements ont aussi salué cette affirmation : « Nous sommes tenus de dénoncer les violations contre la dignité humaine et contre les droits humains, de porter à la lumière les tentatives de justifier toute forme de haine au nom de la religion et de les condamner comme falsification idolâtrique de Dieu : son nom est Saint, il est Dieu de paix, Dieu salam. »
Applaudissements encore quand le pape a ajouté : « Ensemble, de ce lieu de rencontre entre Ciel et terre, terre d’alliances entre les peuples et entre les croyants, redisons un ‘‘non’’ fort et clair à toute forme de violence, de vengeance et de haine commises au nom de la religion ou au nom de Dieu. »
« Plus on grandit dans l’amour de Dieu plus on grandit dans l’amour de Dieu », a fait remarquer le pape avant d’être de nouveau applaudi : « Notre devoir est de prier les uns pour les autres, demandant à Dieu le don de la paix, de nous rencontrer, de dialoguer et de promouvoir la concorde en esprit de collaboration et d’amitié ».
Applaudissements encore lorsqu’il a dit : « aujourd’hui, il faut des bâtisseurs de paix, non des armes »: « Aucune incitation à la violence ne garantira la paix, et toute action unilatérale qui n’engage pas des processus constructifs et partagés est, en réalité, un cadeau aux partisans des radicalismes et de la violence », applaudissements. « Encore plus à la racine, il faut combattre la prolifération des armes qui, si elles sont fabriquées et vendues, tôt ou tard, seront aussi utilisées », applaudissements.
Il a conclu en invitant encore à « développer des processus de paix pour ce peuple bien-aimé et pour la région médio-orientale tout entière. Al Salamò Alaikum: la paix soit avec vous! », sous une ovation debout.
Les applaudissements se sont succédé à partir de cette citation de Jean-Paul II : « Nous vivons sous le soleil d’un unique Dieu miséricordieux […] En ce sens, nous pouvons donc nous appeler, les uns les autres, frères et sœurs […], car sans Dieu la vie de l’homme serait comme le ciel sans le soleil ».
Le pape s’est ensuite rendu, à 6 km de là, à l’hôtel Al-Masah, « Le Diamant », pour rencontrer les autorités du pays – environ 800 personnes – et tenir un deuxième discours, après celui du président Al-Sissi.
Il avait ensuite rendez-vous au patriarcat copte orthodoxe avec le pape Tawadros II, pour des discours, une prière œcuménique et un hommage aux martyrs.
Au dîner, à la nonciature, des enfants des écoles comboniennes devaient accueillir le pape, ainsi que quelque 300 jeunes du Sud et du Nord de l’Egypte.
Conférence interreligieuse sur la paix, Le Caire, capture
Conférence interreligieuse pour la paix: appelés à marcher ensemble
Les applaudissements de l’assemblée scandent le discours du pape