« Marcher ensemble sur le chemin de la non-violence », tel est le titre du Message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux aux bouddhistes pour la fête de Vesakh/Hanamatsuri 2017, publié le 22 avril par le Saint-Siège.
Cette fête, qui commémore les principaux événements de la vie de Bouddha, sera célébrée entre le 3 et le 10 mai selon les pays. Le dicastère propose cette année une réflexion « sur la nécessité urgente de promouvoir une culture de la paix et de la non-violence », soulignant que « Jésus-Christ et le Bouddha étaient des promoteurs de la non-violence ainsi que des artisans de la paix ».
« Bien que nous reconnaissions le caractère unique de nos deux religions dans lesquelles nous restons chacun engagés, peut-on lire dans le message signé du cardinal Jean-Louis tauran, nous convenons que la violence vient du cœur humain et que les maux personnels entraînent des maux structurels. Nous sommes donc appelés à une entreprise commune » et « à travailler ensemble pour prévenir les conflits et reconstruire les sociétés brisées ».
Le Vatican énumère des domaines d’action : « enseigner à ceux qui, respectivement, nous suivent, à combattre le mal dans leur cœur ; (…) dénoncer le mal et défier ceux qui fomentent la violence; former les cœurs et les esprits de tous, en particulier ceux des enfants; aimer et vivre en paix avec tous et avec l’environnement, (…) exhorter les médias à éviter et à contrer les discours de haine ainsi que les rapports biaisés et provocateurs; encourager les réformes éducatives pour éviter la distorsion et la mauvaise interprétation de l’histoire et des textes scripturaires; prier pour la paix mondiale tout en marchant ensemble sur le chemin de la non-violence ».
AK
Message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux
Chrétiens et Bouddhistes: marcher ensemble sur le chemin de la non-violence
Chers Amis Bouddhistes,
1. Au nom du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, nous vous adressons nos chaleureuses salutations et vous assurons de notre prière à l’occasion de Vesakh. Que cette fête apporte la joie et la paix à vos familles, vos communautés et vos nations.
2. Nous souhaitons réfléchir cette année sur la nécessité urgente de promouvoir une culture de la paix et de la non-violence. La religion se trouve de plus en plus au centre des préoccupations du monde d’aujourd’hui, mais parfois de manière contradictoire. Alors que de nombreux croyants religieux s’engagent à promouvoir la paix, d’autres exploitent la religion pour justifier leurs actes de violence et de haine. Alors que l’apaisement et la réconciliation sont offerts aux victimes de la violence, certains essaient également d’effacer toute trace et toute mémoire de «l’autre»; l’émergence d’une coopération religieuse mondiale se fait jour, en même temps que la politisation de la religion. Et s’il existe une prise de conscience de la pauvreté endémique et de la faim dans le monde, la déplorable course aux armements, hélas, continue. Cette situation nécessite un appel à la non-violence, un rejet de la violence sous toutes ses formes.
3. Jésus-Christ et le Bouddha étaient des promoteurs de la non-violence ainsi que des artisans de la paix. Comme l’écrit le pape François, «Jésus aussi a vécu en des temps de violence. Il a enseigné que le vrai champ de bataille, sur lequel s’affrontent la violence et la paix, est le cœur de l’homme : ‘C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses’ (Mc 7, 21)» (Message du pape François pour la célébration de la 50e Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2017: «La non-violence: style d’une politique pour la paix», n 3). Il souligne en outre que «Jésus a tracé la voie de la non-violence, qu’il l’a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la croix, par laquelle il a réalisé la paix et détruit l’inimitié (cf. Ep 2, 14-16)». En conséquence, «être aujourd’hui de vrais disciples de Jésus signifie adhérer également à sa proposition de non-violence» (ibid.).
4. Chers amis, votre fondateur, le Bouddha, a également annoncé un message de non-violence et de paix. Il a encouragé tous les hommes à «dompter la colère par la non-colère; dompter le mal par le bien; dompter l’avarice par le don; dompter le mensonge par la vérité» (Dhammapada, XVII, 3). Il a enseigné en outre que «la victoire engendre la haine, le vaincu vit dans la souffrance. Le paisible vit heureux, abandonnant victoire et défaite» (ibid., XV, 5). La conquête de soi est donc plus grande que la conquête des autres: «Conquerrait-il mille fois mille hommes sur le champ de bataille, en vérité, le plus noble vainqueur est celui qui se conquiert lui-même» (ibid., VIII, 4).
5. Malgré ces nobles enseignements, bon nombre de nos sociétés sont confrontées à l’impact des blessures, passées et présentes, causées par la violence et les conflits. Ce phénomène inclut la violence domestique, la violence économique, sociale, culturelle et psychologique, ainsi que la violence contre l’environnement, notre maison commune. Malheureusement, la violence engendre d’autres maux sociaux, et «le choix de la non-violence comme style de vie devient toujours plus une exigence de responsabilité à tous les niveaux […]» (Discours du pape François à l’occasion de la présentation des Lettres de créance, 15 décembre 2016).
6. Bien que nous reconnaissions le caractère unique de nos deux religions dans lesquelles nous restons chacun engagés, nous convenons que la violence vient du cœur humain et que les maux personnels entraînent des maux structurels. Nous sommes donc appelés à une entreprise commune: étudier les causes de la violence, enseigner à ceux qui, respectivement, nous suivent, à combattre le mal dans leur cœur; libérer du mal les victimes et les auteurs de violence; dénoncer le mal et défier ceux qui fomentent la violence; former les cœurs et les esprits de tous, en particulier ceux des enfants; aimer et vivre en paix avec tous et avec l’environnement, enseigner qu’il n’y a pas de paix sans justice, qu’il n’y a pas de vraie justice sans pardon. Tous invités à travailler ensemble pour prévenir les conflits et reconstruire les sociétés brisées, nous devons exhorter les médias à éviter et à contrer les discours de haine ainsi que les rapports biaisés et provocateurs; encourager les réformes éducatives pour éviter la distorsion et la mauvaise interprétation de l’histoire et des textes scripturaires; prier pour la paix mondiale tout en marchant ensemble sur le chemin de la non-violence.
7. Chers amis, puissions-nous nous consacrer activement à promouvoir au sein de nos familles et des institutions sociales, politiques, civiles et religieuses un nouveau mode de vie où la violence soit rejetée et la personne humaine, respectée. C’est dans cet esprit que nous vous souhaitons une fois de plus une fête paisible et joyeuse de Vesakh!
Jean-Louis Cardinal Tauran
Président
+ Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ
Secrétaire
© Librairie éditrice du Vatican
Assise, Journée pour la paix, 20 septembre 2016 © L'Osservatore Romano
Chrétiens et Bouddhistes: "marcher ensemble sur le chemin de la non-violence"
Message du Vatican pour la fête de Vesakh (Texte intégral)