« L’impact de la pandémie de Covid-19 sur notre vie quotidienne, aux niveaux personnel, national et international, exige, entre autres, une plus grande attention à la lutte contre la corruption », affirme Mgr Janusz Urbanczyk. Il avertit que « les réponses au Covid-19 peuvent exposer à des risques et des opportunités de corruption et de violation des normes anti-corruption, comme le fait de réduire les coûts dans les processus de passation de marchés ».
Le représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, est intervenu à la deuxième réunion préparatoire du 28e Forum économique et environnemental de l’OSCE, qui s’est tenue en ligne le 15 juin 2020, sur le thème suivant : « Promouvoir la sécurité, la stabilité et la croissance économique dans l’espace de l’OSCE en prévenant et en combattant la corruption par l’innovation, une transparence accrue et la numérisation ».
Le porte-parole du Saint-Siège a souligné que la corruption sape la confiance dans le système juridique et social. C’est pourquoi, a-t-il rappelé, « les membres de l’administration publique ont le devoir essentiel d’agir avec transparence et honnêteté, favorisant ainsi la relation de confiance entre les citoyens et les institutions. La dissolution de cette confiance est l’une des plus graves manifestations d’une crise de la démocratie ».
Voici notre traduction de l’intervention en anglais de Mgr Urbanczyk.
HG
Intervention de Mgr Janusz Urbanczyk
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège tient à exprimer sa gratitude à la présidence albanaise de l’OSCE et au Bureau du coordinateur des activités économiques et environnementales de l’OSCE pour les efforts qu’ils ont déployés afin que cette importante deuxième réunion préparatoire du 28e Forum économique et environnemental de l’OSCE (FEE) puisse encore avoir lieu, bien que ce ne soit pas comme prévu initialement.
Notre gratitude va également à l’ambassadeur Igli Hasani, représentant permanent de l’Albanie et président du Conseil permanent, et à l’ambassadeur Thomas Greminger, secrétaire général de l’OSCE, pour leurs remarques de bienvenue. En outre, le Saint-Siège se félicite du thème de la 28e FEE, “Promouvoir la sécurité, la stabilité et la croissance économique dans la zone de l’OSCE en prévenant et en combattant la corruption par l’innovation, une transparence accrue et la numérisation“, qui s’appuiera sur les délibérations qui ont eu lieu lors de la première réunion préparatoire.
Ma délégation est consciente que toutes nos discussions au cours de cette réunion se déroulent dans la perspective de la pandémie mondiale COVID-19 en cours. Nous avons déjà commencé de constater des changements sociaux, économiques et environnementaux tangibles dans notre région en raison de cette crise.
L’impact de la pandémie de Covid-19 sur notre vie quotidienne, aux niveaux personnel, national et international, exige, entre autres, une plus grande attention à la lutte contre la corruption. Ainsi, ma délégation se réjouit que le Forum de cette année soit axé sur la lutte contre la corruption. Nous devons continuer à nous concentrer sur les décisions du Conseil ministériel concernant la nécessité de lutter contre la corruption et ses liens importants avec la bonne gouvernance (1) et à nous rappeler que dans la Charte pour la sécurité européenne de 1999, nous avons reconnu « que la corruption constitue une grande menace pour les valeurs communes de l’OSCE. Elle génère de l’instabilité et touche à de nombreux aspects des dimensions sécuritaire, économique et humaine » (2).
Il est indéniable que la corruption, en tant que l’une des blessures qui déchire le plus le tissu social, nuit gravement tant du point de vue éthique qu’économique. Elle donne l’illusion de gains rapides et faciles, mais, en réalité, elle nuit à tout le monde, sapant la confiance, occultant la transparence et conduisant à douter de la fiabilité même de l’ensemble du système juridique et social. En fait, comme le dit le pape François : « La corruption dégrade la dignité de l’individu et brise tous les bons et beaux idéaux. La société dans son ensemble est appelée à s’engager concrètement dans la lutte contre le cancer de la corruption sous ses différentes formes » (3).
Les membres de l’administration publique ont le devoir essentiel d’agir avec transparence et honnêteté, favorisant ainsi la relation de confiance entre les citoyens et les institutions. La dissolution de cette confiance est l’une des plus graves manifestations d’une crise de la démocratie. « Le bien commun constitue une ressource qui doit être protégée au profit de tous, en particulier des plus pauvres, et face à son utilisation irresponsable, l’État est appelé à exercer une fonction de contrôle indispensable, en sanctionnant dûment les comportements illicites » (4).
Alors que nous sommes confrontés à une crise sanitaire sans précédent, la priorité des gouvernements est évidemment la protection de la santé et de la sécurité. Les réponses au Covid-19 peuvent exposer à des risques et des opportunités de corruption et de violation des normes anti-corruption, comme le fait de réduire les coûts dans les processus de passation de marchés.
Il est nécessaire de rester vigilant dans la lutte contre les pratiques de corruption pendant le processus de réponse à cette pandémie. Bien qu’elle constitue un défi pour la communauté internationale, la pandémie de Covid-19 pourrait également offrir une réelle opportunité de rechercher des solutions nouvelles et innovantes, également dans la lutte contre la corruption, qui ne soient pas source de division, ni politisées ou partielles, mais qui visent véritablement le bien commun et le développement humain intégral de tous.
Ma délégation remercie une fois de plus les organisateurs pour leurs efforts et attend avec impatience les discussions complètes et intéressantes qui auront lieu lors des prochaines sessions de travail.
Merci, Monsieur le Président !
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(1) Décision MC 11/04 Sofia, décision MC 2/12 Dublin, décision MC 5/14 Bâle, décision MC 4/16 Hambourg, décision MC 8/17 Vienne.
(2) Charte pour la sécurité européenne, Istanbul 1999, 33.
(3) Pape François, Discours aux fonctionnaires de la Cour des comptes, 18 mars 2019.
(4) Cf. Ibid.
(5) Cf. l’intervention du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, lors de la « Réunion de haut niveau sur le financement du développement à l’ère de Covid-19 et au-delà », 28 mai 2020.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat