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Année Laudato si’: «Face à la crise, c’est ensemble que l’on doit en sortir»

Réflexions de sr Christine Gautier, professeure à l’Angelicum

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« C’est seulement ensemble qu’on pourra sortir de la crise, et ça c’est tout le message de Laudato si’, affirme sœur Christine Gautier, dominicaine et enseignante à l’Université pontificale Saint Thomas d’Aquin (Angelicum) à Rome : « Si tout est lié, c’est ensemble que l’on doit penser à des solutions d’avenir. Face à la crise, c’est ensemble que l’on doit en sortir. » Des propos recueillis par Vatican News du 12 juin 2020.

Le 24 mai dernier démarrait l’année Laudato si’, une initiative du Dicastère pour le service du développement humain intégral, lancée dans le cadre du cinquième anniversaire de la publication de l’encyclique du pape François sur la sauvegarde de la maison commune. Sœur Christine Gautier réfléchit sur le sens de cette année Laudato si’ et la pertinence de l’encyclique dans le contexte actuel de la pandémie. Sœur Christine enseigne aussi dans le cadre du Joint Diploma en écologie intégrale proposé conjointement par des universités pontificales de Rome.

Selon elle, l’encyclique « a sûrement changé quelque chose » dans notre rapport à la maison commune, mais « il y a encore beaucoup à changer, car pour changer vraiment au niveau des sociétés, il faut que toutes ces petites initiatives que l’on voit éclore continuent à faire “boule de neige” ». « C’est aussi pour cela que le dicastère a lancé cette Année Laudato si’, pour qu’il y ait une accélération dans la diffusion et dans la prise de conscience », explique la sœur.

Au début de l’encyclique, rappelle sœur Christine, le pape « nous invite à transformer en ‘souffrance personnelle’ cette conscience douloureuse de ce qui va mal dans notre Maison commune ». « Il faut donc que cela devienne une souffrance personnelle pour que l’on se mette en marche pour changer les choses, reprend la sœur : Je pense donc que l’enjeu de cette année est de continuer l’approfondissement et d’accélérer la mise en œuvre ».

La professeure de l’Angelicum souligne que « la conversion sociale, collective, communautaire, passe par la conversion des personnes, et qu’il faut partir du concret qui tisse nos vies quotidiennes, et donc partir des relations humaines indépendamment des institutions ».

La sœur cite des exemples de cette conversion individuelle et collective : « Il y a beaucoup de communautés “Laudato Si’” qui se sont formées, par exemple en Italie, donc de petits groupes de personnes qui se mettent ensemble pour vivre selon les inspirations de l’encyclique: produire différemment, consommer différemment, gérer ses déchets, être artisan de paix… Elles se soutiennent au niveau de réseaux de communautés, et nous en avons l’expérience au diplôme “Laudato si’, pour une écologie intégrale”, de personnes qui, pour mieux animer leur communauté “Laudato Si’”, viennent se former. Il y a donc un dialogue, un va-et-vient, entre la théorie – l’étude des textes et les approfondissements sur l’encyclique-, et la pratique, à petite échelle. »

Laudato si’ : « des repères pour “l’après” »

La sœur souhaite que la solidarité qui est née entre les gens pendant la pandémie ne disparaisse pas après: « Si on pense pouvoir retourner à la normale comme avant, oui, on peut retourner dans nos rythmes effrénés qui oublient l’autre et qui écrasent le voisin. … le risque existe, mais il y a aussi l’espérance qu’il n’y a pas que cela dans le cœur de l’homme. Au contraire, pour sortir de la crise, on aura été obligés, je pense, d’inventer des nouvelles choses, des nouvelles manières de vivre, des nouvelles habitudes sociales, et donc on ne revivra pas demain comme avant. » La sœur Christine pense aussi que l’encyclique « va nous donner des repères pour “l’après” ».

Elle souligne l’importance du « rôle des médias » qui sont appelés à mettre en relief les meilleures choses qui existent maintenant : « Parfois on met un zoom sur ce qui ne va pas, sur ce qui fait peur, note-t-elle, et on oublie au contraire de valoriser ce qu’il y a de mieux dans l’homme. La pandémie, comme toute crise, a un effet révélateur et cette révélation est à double tranchant: elle révèle les limites qu’il y a dans le cœur de l’homme, mais elle révèle aussi de très belles choses. »

En parlant en particulier des jeunes, la sœur dit qu’ils « sont beaucoup plus sensibilisés qu’on ne le pense, et beaucoup plus accueillants, ouverts au message de l’encyclique ». Comme beaucoup d’autres, les jeunes réfléchissent aux « conséquences » de la crise : « On a été obligés de ralentir, on a été obligés de découvrir une autre manière de travailler, une autre manière d’être en relation, note la sœur Christine. Quels sont les bénéfices de ce ralentissement, sur nous, sur la planète ? Nous, on a beaucoup plus entendu les oiseaux par exemple… c’est extraordinaire, cette baisse de pollution qui a permis un éveil de la nature. Je pense donc que chacun peut recueillir ces échos et en tirer un trésor pour la suite. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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