Père Michael Czerny SJ, capture @ migrants-refugees.va

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Europe: lutter contre l’esclavage moderne à «chaque niveau de responsabilité», par le p. Czerny

« Qu’est-ce que l’esclavage? Qui est responsable? Comment regarder et écouter? Que devrait-on faire? »

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Le Saint-Siège appelle à attaquer l’esclavage moderne à « chaque niveau de responsabilité » : celui des « gouvernements », celui des « auteurs » et celui des « clients ou utilisateurs finaux ». « Avec ces trois actions responsables, sensibilisons-nous à ce grand mal … qui veut être caché puisqu’il est scandaleux et ‘politiquement incorrect’. »
C’est ce qu’a déclaré p. Michael Czerny, S.J., sous-secrétaire de la section Migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, en intervenant à une discussion sur l’esclavage d’aujourd’hui qui a lieu ce vendredi 29 juin 2018, à Katholische Akademie, à Berlin. Il a exprimé un point de vue du Vatican sur ce problème en s’arrêtant sur « quatre questions : Qu’est-ce que l’esclavage ? Qui est responsable ? Comment regarder et écouter ? Que devrait-on faire ? »
« Sensibiliser et reconnaître » la « présence » de l’esclavage moderne est « un bon premier pas », affirme le père Czerny.
En invitant à « lutter » contre l’esclavage aux niveaux différents, le sous-secrétaire condamne la politique de certains États qui « ne cherche pas à s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’esclavage » et qui adopte une « attitude » « trompeuse » « en raison des intérêts économiques en coulisses ». Les pays, ajoute-t-il, « ont besoin d’une économie, d’infrastructures et de cadres réglementaires adéquats pour garantir la sécurité … de leurs populations ». Dans le contexte de « l’extrême pauvreté », de « la violence et la corruption », « il est trop facile de faire de la traite et de l’esclavage ».
Le père Czerny invite à une « élaboration de politiques » et à « l’application des lois pour arrêter les auteurs » de l’esclavage et pour les empêcher à « échapper à la justice et à avoir le dernier mot sur la vie des autres ».
Le pape François, rappelle le sous-secrétaire, « identifie la principale cause de traite et de l’esclavage : c’est « l’égoïsme sans scrupules des nombreux hypocrites de notre monde ». P. Czerny cite comme exemples « le commerce du sexe en personne et sur Internet, le travail forcé pour des biens et des services bon marché, le commerce des organes ». « C’est la demande ou la chaîne de consommation qui détermine l’offre », constate-t-il.
« S’il y a tellement de jeunes femmes victimes de la traite qui se retrouvent dans les rues de nos villes, poursuit-il, c’est parce que beaucoup d’hommes ici – jeunes, d’âge moyen, âgés ; nos pères, frères, fils – exigent ces services et sont prêts à payer pour leur plaisir. »
« Nous sommes donc tous invités à aller au-delà de l’hypocrisie et à faire face à l’idée de faire partie du problème », estime le p. Czerny. Car, poursuit-il en citant le pape, « la vraie solution est la conversion des cœurs, coupant la demande pour assécher le marché ».
« Le problème concerne tout le monde ! » dit le pape
Le p. Czerny consacre une partie de son discours pour rappeler la position du pape François sur l’esclavage dans le monde moderne.
« Le commerce des êtres humains, dit le pape, est une forme moderne d’esclavage » qui « viole la dignité de Dieu de tant de nos frères et sœurs et constitue un véritable crime contre l’humanité ». Le sous-secrétaire rappelle que le pape a « toujours été bouleversé par le sort de ceux qui sont victimes de divers types de traite d’êtres humains ». Ce « problème concerne tout le monde », affirme le pape : « Ce réseau infâme de crime est maintenant bien établi dans nos villes, et beaucoup de gens ont du sang sur leurs mains en raison de leur complicité confortable et silencieuse. »
Le p. Czerny évoque encore une citation du pape qui dit : « L’Église catholique entend intervenir dans toutes les phases de la traite des êtres humains : elle veut les protéger de la tromperie et de la sollicitation ; elle veut les trouver et les libérer quand ils sont transportés et réduits en esclavage ; elle veut les aider une fois qu’ils sont libérés. »
Le sous-secrétaire rappelle que l’Église « est dotée d’un réseau international de religieuses qui luttent contre la traite des êtres humains et l’esclavage ». Il s’agit du réseau « Talitha Kum » dont quelques sœurs avec des jeunes immigrants victimes de la traite ont rencontré le pape François en février dernier. C’est « de ce dialogue » avec le pape, note le p. Czerny, que « vient le ‘point de vue de Rome ‘ » sur ce problème qu’il présente ici, à Berlin.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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