Pauvreté urbaine © Wikimedia commons / Nikkul

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ONU : pour éradiquer la pauvreté, le développement humain intégral, par Mgr Auza

Intervention à New York (Traduction intégrale)

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« La croissance économique ne garantit pas le développement social et ne s’attaque pas nécessairement aux causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion », a affirmé Mgr Auza.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu lors de la troisième commission de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, sur le développement social, ce lundi 2 octobre 2017 à New York.
Pour Mgr Auza, « une compréhension plus large du développement humain intégral est nécessaire pour obtenir des gains durables ».
L’économie mondiale devrait « mettre les personnes en premier », c’est-à-dire « prioriser le principe de subsidiarité » et favoriser « une culture de la rencontre, de la sortie et du travail avec les pauvres », a indiqué le nonce apostolique. Il faut développer des politiques qui « autonomisent les personnes vulnérables, renforcent les communautés naturelles et aident les personnes marginalisées à éviter les exclusions ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Bernardito Auza.
HG
 
Monsieur le Président
Permettez-moi de vous féliciter pour votre élection en tant que président de la troisième commission. Ma délégation attend avec impatience de travailler de manière constructive avec la Commission pendant votre mandat.
Chaque année, nous affirmons que de nombreux progrès ont été réalisés dans l’éradication de la pauvreté, tout en reconnaissant en même temps que les progrès restent insuffisants. Même avec une croissance économique renouvelée, un progrès technologique continu et l’adoption et la mise en œuvre prometteuses d’accords internationaux comme l’Agenda 2030 et la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, nous ne pouvons pas ne pas nous inquiéter de l’inégalité toujours croissante, de l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim pour la première fois au cours des dix dernières années et du nombre d’individus qui sont encore laissés en arrière.
L’une des raisons les plus flagrantes de cette disparité de plus en plus grande est que la croissance économique ne garantit pas le développement social et ne s’attaque pas nécessairement aux causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion. Alors que l’augmentation des investissements et des emplois, ainsi qu’une économie plus diversifiée, sont indispensables pour sortir les pauvres de l’extrême pauvreté, une compréhension plus large du développement humain intégral est nécessaire pour obtenir des gains durables. Il est particulièrement nécessaire de veiller à ce que les plus vulnérables et marginalisés d’entre nous ne soient pas exclus de la réalisation générale des progrès accomplis.
Mettre l’accent sur le développement humain intégral signifie reconsidérer notre compréhension du but de l’économie internationale. Comme l’a conseillé le pape François dans sa lettre encyclique Laudato Si ‘, nous ne pouvons plus traiter « les êtres vivants comme de simples objets soumis à une domination humaine arbitraire … [parce que] la vision qui consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l’humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de pouvoir ». [1] Au lieu de cela, l’économie mondiale devrait chercher à profiter à tous, matériellement et spirituellement. En pratique, cela signifie prioriser le principe de subsidiarité dans toutes les politiques sociales et économiques que nous encourageons. Cela implique aussi une culture de la rencontre, de la sortie et du travail avec les pauvres. Cela signifie rencontrer et parler avec les personnes vulnérables dans notre société. En un mot, cela signifie mettre les personnes en premier. Lorsque nous rencontrons les personnes marginalisées, nous ne pouvons pas réduire leurs besoins à des termes purement économiques. C’est grâce à la culture de la rencontre que ceux qui occupent des postes de pouvoir apprennent ce qui est nécessaire pour développer les capacités présentes à tous les niveaux de la société tout en acquérant un plus grand sens de la responsabilité pour le bien commun.
Le modèle économique actuel tend à mettre l’accent sur le succès et l’autosuffisance au-dessus de la communauté, ce qui donne une réponse inadéquate aux réalités mondiales auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. Notre interdépendance croissante nécessite des politiques et des investissements qui autonomisent les personnes vulnérables, renforcent les communautés naturelles et aident les personnes marginalisées à éviter les exclusions. Ceci est particulièrement évident lorsqu’on considère les personnes âgées, handicapées, les jeunes et les migrants.
En particulier, les personnes âgées et handicapées sont confrontées à certaines des formes les plus graves de discrimination et de violence. Par définition, l’économie est le plus favorable pour ceux qui y contribuent avec peu d’aide. Pour les personnes âgées et handicapées, cependant, l’accès aux services de soutien essentiels pour s’engager activement dans la société est une question de dignité humaine fondamentale. L’augmentation des investissements dans les filets de sécurité sociale, comme les fonds de santé et de retraite, est également essentielle pour réduire les vulnérabilités des plus défavorisés. Le soutien gouvernemental aux soins familiaux a non seulement la possibilité d’économiser de l’argent public, mais aussi d’offrir aux personnes âgées et handicapées le type de soutien que seuls des proches peuvent offrir.
Monsieur le Président
Le développement social signifie aussi un travail digne pour les jeunes. Comme le dit le pape François dans Laudato Si ‘, « Le travail est une nécessité, il fait partie du sens de la vie sur cette terre, chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle ». [2] Pour que cela soit une réalité, des politiques devraient être mises en place pour encourager les apprentissages et fournir de petits prêts et des opportunités pour que les jeunes prennent des risques et progressent en faisant, en particulier pour les jeunes femmes et les adolescentes.
Enfin, la situation actuelle des migrants et des réfugiés mérite notre plus grande attention. Qu’ils soient forcés de migrer pour des raisons économiques ou pour des raisons de persécution et de conflit, leurs droits humains doivent être respectés et l’accès aux services de base, y compris les soins de santé primaires et l’éducation pour les enfants, doit être garanti. Une attention et un soin particuliers pour les enfants et les jeunes migrants non accompagnés ne profiteront qu’aux sociétés dans lesquelles ils restent ou finissent par retourner.
Monsieur le Président,
Comme le thème du débat général de cette année, un véritable développement social nécessitera une « attention centrée sur les personnes ». Avec la volonté et l’attention politiques nécessaires envers toute personne humaine, un monde meilleur est à notre portée.
Merci, Monsieur le Président.
1 Pape François, lettre encyclique Laudato Si’, 82.
2 Pape François, lettre encyclique Laudato Si’, 128.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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