Le Saint-Siège se dit favorable à la constitution d’un groupe de pays pour favoriser une négociation en vue du retour à la paix civile au Venezuela et il plaide pour l’aide humanitaire, des élections et la libération des prisonniers.
Mgr Bernardito Auza, Observateur permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Etats américains est en effet intervenu, le 20 juin 2017, sur « la situation au Venezuela », lors de la 47e assemblée de cette organisation, qui se tient au Mexique, à Cancun (19-21 juin 2017).
Mgr Auza appelle à une solution pacifique, durable et viable à la crise. Et en particulier il demande des mesures urgentes pour pallier la pénurie de nourriture et de médicaments dont souffre la population et permettre aux institutions catholiques d’offrir leur aide. Il invite les parties en présence à trouver un accord sur la date des élections. Il plaide pour la libération des prisonniers.
Mgr Auza s’est exprimé en espagnol et il a rappelé les différentes interventions du pape François pour le bien commun et la liberté.
Voici notre traduction complète de l’intervention de Mgr Auza.
Déclaration de Mgr Auza
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège est reconnaissante de cette occasion de pouvoir partager sa préoccupation pour la situation actuelle au Venezuela ainsi que son espérance que cette réunion sous l’égide de l’Assemblée générale de l’Organisation des Etats américains puisse aider à résoudre la grave crise que traverse le pays.
On sait bien que, dès le début de la crise, le Saint-Père comme la Secrétairerie d’Etat et la Conférence épiscopale vénézuélienne, par leurs différentes interventions, ont appelé les pouvoirs publics et politiques à dépasser les intérêts de partis et les idéologies, à écouter la voix du peuple, à défendre le bien commun, à créer un climat de sérénité et de paix sociale, à respecter les institutions en faveur du vivre ensemble national, et à favoriser l’action sociale des institutions nationales et internationales pour affronter la crise indéniable dont souffre le Venezuela et qui frappe fortement sa population.
Pour cela, le Saint-Siège a toujours maintenu une position claire, en réclamant à tous les responsables politiques l’arrêt de la violence, et en en appelant au respect de la vérité et de la justice.
Monsieur le Président,
Sans cesser d’exhorter à la négociation ni d’avertir des dangers des discours bellicistes et agressifs, le Saint-Siège a manifesté, à chaque instant, sa disponibilité à collaborer à la recherche d’une solution pacifique, durable et viable, à la crise vénézuélienne, avec pour condition que le gouvernement et l’opposition le demandent formellement comme cela s’est effectivement produit.
Comme on le sait, en octobre et en novembre 2016 ont été organisées les rencontres de la Table du dialogue national, à Caracas, et compte tenu que les accords alors conclus n’ont pas été concrétisés, le cardinal Secrétaire d’Etat, au nom, et par décision du pape François, a remis une lettre aux parties en présence et aux autres participants, le 1er décembre. En jouant le rôle d’accompagnement que le Saint-Siège avait été invité (à jouer), on y demandait :
* De prendre les décisions nécessaires pour la mise en oeuvre urgente de mesures destinées à soulager la grave crise de pénurie de nourriture et de médicaments dont souffre la population, tout en assurant de la pleine disponibilité des institutions de l’Eglise catholique, dont la Caritas, pour offrir toute l’aide possible, avec les moyens à sa disposition, pour sortir de cette situation d’urgence sociale ;
* Que les parties en présence se mettent d’accord sur un calendrier électoral qui permette aux Vénézuéliens de décider sans délai de leur avenir ;
* Que l’on prenne les mesures nécessaires pour restituer au plus tôt à l’Assemblée nationale son rôle prévu par la Constitution ;
* Que l’on trouve le moyen d’accélérer le processus de libération des prisonniers.
Monsieur le Président,
A l’occasion de la XXXVIe assemblée ordinaire du Conseil épiscopal latino-américain qui a eu lieu récemment au Salvador, les évêques du continent ont fait observer qu’au Venezuela « le manque de nourriture, le manque de médicaments et le manque de liberté deviennent insoutenable ».
Le Saint-Siège voit avec préoccupation comment, en dépit des efforts réalisés, et que tout le monde connaît, la situation a acquis des connotations dramatiques ces derniers mois.
Le 30 avril, après la prière du Regina Coeli, le Saint-Père a lancé un appel, au gouvernement et à toutes les composantes de la société du Venezuela, à éviter toute nouvelle forme de violence, à respecter les droits humains et à chercher des solutions négociées à la grave crise humanitaire, sociale, politique et économique qui frappe la population.
A ce sujet, ma délégation désire signaler que le climat actuel d’affrontements a aussi touché l’Eglise catholique au Venezuela. Des épisodes de menaces contre les prêtres, des irruptions violentes durant les célébrations liturgiques, des accusations injustifiées contre des institutions ecclésiastiques et des attaques diffamatoires publiques contre certains évêques, se sont vérifiés.
Cependant, en partant de la conviction que ce doit être les citoyens qui posent les bases pour solutionner les problèmes internes, on considère que l’on ne doit pas épargner les efforts pour aider le pays à sortir de cette grave crise, puisque, comme l’a dit le pape François, le 29 avril dernier : « Tout ce que l’on peut faire pour le Venezuela doit être fait, avec les garanties nécessaires ».
Monsieur le Président,
Avec pour seule finalité la promotion du bien de tous et de chacun des Vénézuéliens, et de favoriser une solution pacifique et démocratique à la situation actuelle, le Saint-Siège redit sa position, déjà connue, qu’une négociation sérieuse et sincère entre les parties, basée sur des conditions claires indiquées dans la lettre déjà mentionnée du 1er décembre 2016 – à commencer par la tenue d’élections directes, libres et transparentes prévues pour les années 2016-2017 – seraient la seule issue pour sortir de la grave crise dans laquelle le pays est plongé. A ce propos, la récente décision du gouvernement de convoquer une assemblée nationale constituante, loin d’aider à résoudre les problèmes, présente le risque de les compliquer davantage, et met en danger l’avenir démocratique du pays.
D’autre part, on évalue très positivement la possibilité qu’un groupe de pays de la région, ou éventuellement d’autres continents, choisis par le gouvernement et par l’opposition, accompagne les négociations en tant que garants.
Merci beaucoup, Monsieur le Président.
© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin
Venezuela, audience du 08/06/2017 © L'Osservatore Romano
Venezuela: la feuille de route du Saint-Siège (traduction complète)
Mgr Auza à l’Organisation des Etats américains