Les nouvelles technologies « offrent un grand potentiel pour promouvoir une économie durable et inclusive », fait observer le cardinal Parolin.
Le cardinal secrétaire d’État est intervenu, le 18 mai 2017, à Rome pendant la cérémonie de remise des prix du concours international « Économie et société », qui s’est tenu dans le cadre du congrès annuel promu par la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice.
Il fait observer que « les nouvelles technologies peuvent accroître, de fait, la participation des individus dans les décisions politiques et dans la défense des droits. Tout dépend de quelle orientation on réussira à donner au profond changement en cours ».
Les vainqueurs de cette année sont Markus Vogt, le père Dominique Grenier et Burkhard Schäfers: « Chacun d’eux, dans son propre domaine de recherche ou de travail, et dans le développement de ses compétences, a dit le cardinal Parolin, nous aide à donner des réponses aux questions et aux préoccupations suscitées par les développements économiques et technologiques du XXIème siècle, de cette époque que certains ont indiquée comme celle de la quatrième révolution industrielle. »
« Il faut une implication de tous les acteurs sociaux, spécialement des entrepreneurs, non seulement pour augmenter l’engagement à la bienfaisance, mais pour affronter avec détermination le problème de l’inégalité et de la disparité des revenus qui, comme le relève bien la Déclaration, conduit à des situations de vulnérabilité pour de nombreuses personnes et pour les familles, y compris dans les pays plus développés. Il faut avant tout un esprit de générosité magnanime », fait observer le cardinal Secrétaire d’Etat.
Voici notre traduction d’une partie du discours du cardinal Parolin, publié en italien par L’Osservatore Romano en italien du 20 mai 2017.
AB
Idées nouvelles et concepts anciens pour promouvoir la dignité humaine
Sur les pas de Zachée
Devant la tendance toujours présente d’interpréter et de modeler la réalité sociale à partir d’un paradigme idéologique unidimensionnel – marxisme, libéralisme au siècle dernier et, aujourd’hui, ce qu’on pourrait appeler « technolâtrie », qui cherche à camoufler une nouvelle idéologie sous les traits de la science – les auteurs primés contribuent à renforcer la manière de penser propre de la doctrine sociale chrétienne. Cette méthodologie intellectuelle est adaptée pour susciter des idées nouvelles, capables de renouveler les canaux de transmission de concepts anciens, et pourtant valides.
C’est ce que fait le professeur Vogt, avec l’affirmation de la multidimensionnalité de l’approche de la compréhension de la réalité sociale et avec la proposition de la « durabilité » comme quatrième élément de base de la doctrine sociale de l’Église. C’est aussi ce que fait le père Greiner, à travers la communication agile, créative et proactive de la même doctrine. Ainsi enfin le journaliste Schäfers qui suggère de reconsidérer les idées du père Oswald von Nell-Breuning, qui eurent un rôle très important dans le développement de la doctrine sociale chrétienne sous le pontificat de Pie XI et qui continuent d’offrir des points de départ valides pour affronter les défis d’aujourd’hui.
La Fondation Centesimus Annus m’a fait parvenir la Déclaration 2017, « Construire des alternatives pour promouvoir la dignité humaine », qui propose aussi une approche multidimensionnelle et non idéologique des sciences sociales, ainsi que de la pratique politique et économique afin qu’elles puissent vraiment œuvrer pour le bien commun. Merci pour les réponses aux enseignements et aux exhortations du Saint-Père que contient celle-ci, réponses qui montrent la vitalité de la pensée de l’entrepreneuriat chrétien.
En effet, il faut une implication de tous les acteurs sociaux, spécialement des entrepreneurs, non seulement pour augmenter l’engagement à la bienfaisance, mais pour affronter avec détermination le problème de l’inégalité et de la disparité des revenus qui, comme le relève bien la Déclaration, conduit à des situations de vulnérabilité pour de nombreuses personnes et pour les familles, y compris dans les pays plus développés. Il faut avant tout un esprit de générosité magnanime : l’Évangile nous propose l’exemple de Zachée qui, touché par le regard de Jésus, partage la moitié de ses richesses avec les pauvres. C’est pourquoi il est de grande importance d’encourager les fonds volontaires de solidarité qui se constituent, y compris comme un effet du dialogue approfondi au sein de la Fondation Centesimus Annus.
À cet égard, j’apporte les remerciements du Saint-Père pour la contribution des disponibilités de l’exercice 2016 que la Fondation a offerte pour les œuvres de charité du pape, en particulier pour le soutien aux réfugiés mineurs non accompagnés. Je ne peux pas ne pas m’unir au désir du Conseil de la Fondation et ne pas encourager les membres de l’action caritative sous la conduite inspirée du pape François. En outre, comme le demande le pape lui-même, il faut des actions urgentes pour aider les plus pauvres à devenir les premiers acteurs de leur destin. Ainsi, il apparaît nécessaire de concevoir et de diffuser des modèles et des pratiques d’entreprises qui leur soient aussi accessibles.
En même temps, on ne peut pas ne pas partager l’appel à inclure les pauvres dans les réseaux de productivité et à développer une médiation financière à la mesure de leurs besoins et de leurs possibilités. Il faut aussi étudier avec une attention particulière la suggestion de « brokers de bonne volonté », véritables médiateurs plus qu’intermédiaires, qui fassent se rencontrer les entreprises et les banques avec les initiatives locales, avec les groupes pour le développement et avec les micro-entreprises, pour trouver dès que possible des modèles effectivement applicables.
La Déclaration Centesimus Annus 2017 affronte également le thème des migrants et des réfugiés, reconnaissant que l’objectif fondamental doit être de « défendre le droit de chacun à vivre dans la dignité, en exerçant avant tout le droit à ne pas émigrer ». Ceci requiert une action décisive pour la paix. Nous savons bien que cela ne dépend pas en premier des entrepreneurs mais des gouvernements et de la communauté internationale. Mais les entrepreneurs peuvent offrir une contribution précieuse en sensibilisant l’opinion publique, en dialoguant personnellement et institutionnellement avec la classe politique.
Une dernière série de thèmes concerne l’économie numérique, la robotisation et les « big data », à savoir l’immense masse organisée d’informations sur les personnes et leurs comportements, obtenues à travers l’interaction numérique des individus.
Beaucoup a été publié récemment sur les dangers pour le travail, pour l’inclusion sociale, pour la liberté de cette nouvelle phase, parfois aussi avec des accents dramatiques. D’autre part, de façon plus sereine, on reconnaît que ces innovations offrent un grand potentiel pour promouvoir une économie durable et inclusive. Également, les nouvelles technologies peuvent accroître, de fait, la participation des individus dans les décisions politiques et dans la défense des droits. Tout dépend de quelle orientation on réussira à donner au profond changement en cours.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Le card. Pietro Parolin à l'ONU © compte facebook de la Mission du Saint-Siège aux Nations Unies
Économie et société: pour promouvoir la dignité humaine, par le card. Parolin
« Idées nouvelles et concepts anciens » (traduction)