Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, Fra Angelico, @Musée San Marco (Florence, Italie)

Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, Fra Angelico, @Musée San Marco (Florence, Italie)

Fin de la retraite de carême: la consolation du Christ ressuscité qui s’approche

Neuvième et dernière méditation du p. Michelini ofm

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Alors que la retraite s’achevait sous le “signe de la charité” avec le don du pape François et de la curie pour les pauvres d’Alep (Syrie), le père Giulio Michelini a conclu lui aussi ses méditations sous ce signe là, rapporte L’Osservatore Romano en italien du 11 mars 2017. Et sous le signe de la consolation qu’apporte à chaque croyant la proximité du Christ ressuscité.
Le prédicateur est parti d’une omission, d’un geste de charité « manqué », en évoquant le roman de Franz Kafka, La métamorphose (1915) : si quelqu’un, a-t-il fait remarquer, était entré dans la chambre du personnage central, Gregor Samsa, au lieu d’être un « horrible insecte », il aurait « retrouvé son humanité », il serait « redevenu humain ». Combien de personnes, a-t-il demandé, non pas dans un roman, mais dans la vie réelle, attendent que s’entendre dire : « Tu es un homme » ?
Cette rencontre entre l’Evangile de Matthieu et le roman en allemand de l’auteur austro-hongrois – « l’un des plus représentatifs du siècle dernier », estime le p. Michelini – a préparé la méditation sur le Christ ressuscité qui aujourd’hui « en dépit de nos doutes et de nos péchés », s’approche sans cesse de l’homme et lui pardonne. Après cinq jours à méditer la Passion du Christ, voici la joie : « Il est ressuscité ! »
Et l’attitude de Jésus ressuscité qui se fait « proche » devient ainsi, a souligné le franciscain italien, le « programme de vie du chrétien ».
La méditation sur la Passion et la souffrance aboutit à la consolation chrétienne: « La mort de Jésus n’est pas la fin de l’Evangile. La fin, c’est un commencement nouveau. »
Et pour comprendre ce « réveil » – du verbe grec « egeiro » qui exprime la résurrection de Jésus – le p. Michelini a évoqué à nouveau le personnage de Kafka qui, un matin, dans sa chambre, sort du sommeil, transformé en insecte : « C’est-à-dire qu’il découvre qu’il n’est plus un homme ». Or, a-t-il fait observer « la question de l’humanisme resurgit avec force à notre époque, et c’est dans ce questionnement que la résurrection de Jésus montre encore sa force bouleversante ».
Mais la réponse peut rencontrer des obstacles, des barrières dressées par l’homme lui-même. Et l’Evangile de Matthieu est le seul à suggérer « avec courage » les oppositions fondamentales possibles à l’annonce de la résurrection et il « invite donc à réfléchir aux doutes et aux objections de l’homme d’aujourd’hui ».
Certains diront que « Jésus n’est pas vraiment ressuscité », que son corps a été « volé ». Ou bien que rationnellement, « la résurrection n’est pas possible » : on pose alors l’hypothèse d’une « mort apparente ». D’autres évoquent le rapport entre l’homme et la nouvelle : même si elle était vraie « la résurrection de Jésus ne change pas ma vie, c’est une vérité du catéchisme qui n’a rien à voir avec la réalité quotidienne ».
Autre objection : « Je suis tellement pris par mes affaires » que « la résurrection de Jésus ne m’intéresse pas ». Voilà la « mondialisation de l’indifférence » contre laquelle le pape François nous met en garde, invitant les consciences à ne pas « se laisser anesthésier ».
Mais il y a aussi la confrontation avec ce que l’on appelle aujourd’hui la « post-vérité » : le fait que les nouvelles vraies ou fausses ont un potentiel impressionnant de diffusion.
Enfin, on doit faire ses comptes avec le fait que la résurrection « reste de toute façon un fait métahistorique auquel je ne peux me confier qu’en regardant le tombeau vide et en écoutant les récits des apparitions successives de Jésus à ses disciples ».
Autant de défis face auxquels chacun pourra vérifier quelle est sa propre réponse de foi, a ajouté le prédicateur. En faisant le parallèle entre le sort de Gregor Samsa et la transfiguration de Jésus au Thabor, au cours de laquelle Jésus ne s’est pas « transformé » mais a révélé « qui il était », il a indiqué la route qui conduit à la « conscience » que « le Christ ressuscité est le même Christ homme de l’histoire » et c’est un message de « libération de l’homme ».
Dès lors deux voies s’ouvrent. D’une part l’invitation à « étudier la Bible davantage » pour « combler la distance entre le Nouveau Testament et l’homme d’aujourd’hui ». D’autre part, la voie de la « charité » qui aurait sauvé le personnage de Kafka. C’est par ce double chemin que peut passer « l’annonce » fondamentale : « Il est ressuscité ! »
Le prédicateur a fait observer un « détail intéressant » en Matthieu 28, 10 : « Alors Jésus dit (aux femmes) : N’ayez pas peur, allez annoncer à mes frères qu’ils aillent en Galilée. » L’exégète a fait observer que certains manuscrits omettent le « mes » mais aussi la mention des « frères », comme si elle provoquait un « malaise » : « C’est difficile de croire que Jésus puisse pardonner aux Onze apôtres. Et pourtant Jésus, comme le patriarche Joseph, « pardonne » aussi à qui l’a renié. »
Le Christ ressuscité « se présente aussi à ses frères même s’ils doutent ». Cela met en lumière les faiblesses de tout chrétien, mais deux termes indiquent aussi la « consolation » : le verbe « s’approcher » (prosèrchomai) et le nom d’Emmanuel (“Dieu avec nous”).
Alors le prédicateur s’est adressé à son auditoire: « Le Seigneur ressuscité vous aime et il s’approche de nous tous parce qu’il est l’Emmanuel, le Dieu qui s’approche.»

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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