Une avocate pakistanaise des droits humains, Aneeqa Anthony, a offert au pape François, à l’audience générale de ce mercredi 22 juin, Place Saint-Pierre, une brique peinte symbolisant les nombreux chrétiens esclaves dans les usines de briques du Pakistan.
Elle est venue demander l’aide du pape, rapporte Michaela Koller, du service en allemand de Zenit, qui l’a rencontrée : « Les pays européens ne devraient pas fermer leurs portes à la souffrance des chrétiens », dit l’avocate.
Cette brique a été faite par les trois enfants du couple chrétien, Shama Bibi, 26 ans, et de Shahzad Masih, 28 ans, qui ont été sévèrement battus et brûlés vifs dans un four à briques par une foule en novembre 2014. Anthony représente les enfants auprès du tribunal.
Le pape François a pris la brique et a écouté attentivement l’histoire. Lors de la conversation personnelle avec le pape, Aneeqa Anthony a dit : « Ce don modeste de mon pays a été conçu par les enfants esclaves, qui, comme beaucoup de chrétiens, ont peiné dans une usine de briques. Ils ont été forcés de voir leurs parents Shama et Shahzad être brûlés vifs dans un four à briques par une foule fanatique, sous prétexte d’un blasphème présumé, en novembre 2014. Mes collègues et moi, qui sommes des avocats, nous avons fait placer les suspects derrière les barreaux. Nous ne sommes plus en sécurité dans notre maison. Le Pakistan n’est pas un pays sûr : pas pour les chrétiens comme nous, et surtout pas pour les enfants de Shama et Shahzad. Les pays européens ne devraient pas fermer leurs portes à la souffrance des chrétiens. Aidez-nous à convaincre leurs gouvernements! »
Le couple chrétien, Shama Bibiet et Shahzad Masih, a été accusé d’avoir brûlé des pages du Coran. Selon la police locale, le propriétaire de l’usine où ils travaillaient avait incité un prédicateur musulman qui a accusé publiquement le couple de blasphème. Une foule fanatique les a traînés autour de l’usine, les a battus presque à mort, puis les a poussés dans un four à briques. À l’époque, le cardinal Jean-Louis Tauran a qualifié cet événement d’un «acte barbare» et il a demandé aux autorités musulmanes de le dénoncer.
Le 16 avril dernier, le principal suspect du lynchage a été libéré sous caution. Les observateurs craignaient pour la vie des enfants du couple qui sont maintenant âgés de trois, cinq et sept ans ainsi que pour la vie de l’avocate : les suspects peuvent commettre un acte de vengeance. Les appels à tuer Aneeqa Anthony ont commencé à circuler à Lahore dès le début de décembre 2015.
Aneeqa Anthony, qui se bat pour l’égalité des droits pour les minorités, est soutenue par une Société internationale pour les droits humains de Francfort (Allemagne).
Selon l’indice mondial de l’esclavage, le Pakistan est parmi les cinq premiers pays qui emploient le plus d’esclaves en chiffres absolus, beaucoup d’entre eux appartenant à la minorité chrétienne (2,7 pour cent de la population du Pakistan), toujours selon Michaela Koller.
La brique des esclaves (c) ZENIT - Michaela Koller
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