Favoriser la construction de ponts sur le nouveau continent européen: entre le christianisme et l’islam, entre le religieux et le sécularisé, le nord et le sud européen, entre églises minoritaires et majoritaires, entre riches et pauvres: telles sont les bases sur lesquelles devra désormais s’appuyer la Conférence des Eglises européennes (CEC), plus de 50 ans après sa fondation.
« Et maintenant, qu’attendez-vous ? La CEC et sa mission dans une Europe en mutation » : tel est en effet le thème de la XIVe Assemblée générale de la CEC qui s’est ouverte mercredi 3 juillet, à Budapest, en Hongrie et qui, jusqu’au 8 juillet, devra redessiner les contours de sa structure et sa manière de faire « œcuménisme ».
Cette assemblée réunit quelque 230 représentants de 115 églises (anglicanes, orthodoxes, évangéliques et de tradition catholique) provenant de toute l’Europe. Afin d’envisager son avenir et son rôle en Europe, la CEC a désigné un groupe de révision qui présentera son rapport.
Dans son intervention au nom du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), le cardinal Peter Erdö a exprimé l’intérêt que portaient les épiscopats à cette assemblée, après tant d’années de rapports « officiels et féconds » entre l’organisme qu’il préside et la CEC.
Depuis sa création en 1971, a-t-il rappelé, « le CCEE a accompli avec la CEC de nombreux pas, approfondissant son dialogue et ses relations par rapport aux traditions ecclésiales, théologiques et spirituelles », qui ont permis la mise en place d’une commission mixte, devenue, au fil des années, « un élément fondamental de la coopération œcuménique européenne. ».
Le cardinal Erdö souhaite que ce dialogue et ces relations s’intensifient, dans la recherche commune d’une « pleine et visible unité de l’Eglise » :
« Ce sont les hommes et les communautés vivantes et non les structures à elles seules qui peuvent témoigner de manière efficace la présence de Jésus dans notre monde » a-t-il dit, mais « les organismes qui sont vraiment au service de l’Evangile sont d’un grand secours pour le travail commun de tous ceux qui, soucieux de faire la volonté du Seigneur, cherchent (…) l’unité de cette Eglise qui, comme le dit le Concile Vatican II « est signe et instrument de l’unité du genre humain » (cf. LG 1).
« Le monde autour a changé, la sécularisation de la vie quotidienne peut rendre particulièrement difficile cette marche vers Dieu et les grandes promesses peuvent sembler presque irréalisables », souligne-t-il dans son intervention.
Il reconnaît qu’après « des décennies de dictature cherchant, entre autres, à empêcher la transmission de la foi », et les grands bouleversements vécus par tant de pays du centre de l’Europe, comme la Hongrie, son pays, les attentes de « liberté et vérité » qui reposaient sur la chute du communisme peuvent donner aujourd’hui la sensation que celles-ci n’étaient pas réalistes.
Or l’espérance chrétienne selon laquelle « le Christ est en nous et parmi nous » ne déçoit jamais, rappelle le cardinal : « le Christ vit dans son Eglise et dans la communauté des chrétiens », et Il est encore aujourd’hui « source d’espérance pour toute l’Europe ».
C’est donc sur une note de grande espérance que le cardinal Erdö a conclu son discours, en citant les paroles d’encouragement du pape Jean Paul II, il y a dix ans : « L’heure est venue que l’Europe décide à nouveau de son avenir dans la rencontre avec la Personne et le message de Jésus-Christ » (cf. Ecclesia in Europa, 2).