Lorsqu’il prend l’appel sur son portable en disant « Pronto! » (« Allô! »), il entend cette réponse stupéfiante: « Ciao Michele, je suis le pape François »… Michele Ferri n’en croyait pas ses oreilles.
Il a cru à une blague. Mais différents appels privés précédents lui font croire que le pape a essayé plusieurs fois de le joindre. Pas de standard, pas d’intermédiaire: un appel direct. « C’était lui », raconte-t-il. Car mercredi, 7 août, vers midi, il a répondu. « Une émotion unique », écrit-il sur sa page facebook, et raconte aux journaux télévisés de la mi-journée: « Il m’a dit qu’il a pleuré quand il a lu ma lettre ».
Michele avait bien écrit au pape, après la mort de son frère, Andrea, propriétaire d’une station de service à Pesaro, tué dans la nuit du 3 au 4 juin, pour lui dire sa douleur et celle de sa famille. Les funérailles ont été célébrées par le curé de Soria, don Mario Amedeo, qui ne savait rien de la lettre écrite au pape. Il a été informé mercredi soir par la maman de Michele.
Michele, lui, voit aussi dans la réponse du pape un signe de son frère: « Il a voulu que nous recevions un peu de réconfort ».
Il a dit au pape qu’il appellerait sa maman, « parce qu’elle est celle d’entre nous qui souffre le plus ». Mais il veut que le contenu de l’appel reste « personnel » parce que justement c’était « personnel ».
Il conclut: « J’ai même oublié de lui demander s’il pensait venir un jour à Pesaro ». Pesaro se trouve que la côte adriatique, au nord d’Ancône, au sud de Rimini.
Michele a 51 ans, il se déplace en fauteuil. Il était très lié à son jeune frère Andrea. Et le 17 juillet il a écrit au pape sa colère: « Je t’ai toujours tout pardonné, mais cette fois, Dieu, non, cette fois je ne te pardonne pas ».
« Je n’aurais jamais écrit une lettre aux autres papes, confie-t-il, mais lui, je le sentais et je l’ai fait. Il a dû m’appeler trois fois, mais mardi je n’avais pas mon portable avec moi. Je n’aurais jamais pu imaginer que le pape m’appelle personnellement. Peut-être qu’il m’écrive une lettre autographe que j’aurais conservée parmi mes souvenirs les plus chers. J’aurais voulu lui demander tant d’autres choses, mais l’émotion était telle que la seule chose que j’ai réussi à lui demander, a été de pouvoir appeler ma mère, après un appel pour l’avertir, de façon à ce qu’elle n’ait pas une émotion trop forte. Même elle ne savait pas que je lui avais écrit ».
« Tout ce que j’ai écrit, raconte encore Michele Ferri, et ce que nous nous sommes dit restera toujours et seulement pour moi, ma famille, mes amis et les amis d’Andrea. Ce pape est d’une humanité unique, et pour la première fois, quelqu’un a réussi à mettre en nous tant d’espérance et de sérénité, surtout, à consoler notre maman. La grandeur d’un pape n’est pas de faire des choses incroyables mais les choses les plus simples et une petite chose comme celle-là témoigne de sa grandeur. »