Le PCC intensifie sa campagne pour aligner toutes les religions sur son agenda politique © asi-informa.com.mx

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Le gouvernement chinois remplace les croix d’église par le chef du Parti communiste

Le renforcement du contrôle du Parti communiste chinois sur la liberté religieuse suscite des inquiétudes

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Un rapport récemment publié a révélé les efforts croissants du Parti communiste chinois (PCC) pour exercer un contrôle radical sur les pratiques religieuses à l’intérieur de ses frontières, avec un accent particulier sur l’Église catholique. Selon les conclusions de la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF), le PCC intensifie sa campagne visant à aligner toutes les religions sur son programme politique, en supprimant de force les éléments qu’il juge incompatibles avec l’idéologie de l’État.

Le rapport met l’accent sur la politique de « sinisation » du PCC, un processus qui consiste théoriquement à adapter les pratiques religieuses à la culture chinoise. Dans la pratique, cependant, cette politique a été utilisée pour subordonner les croyances religieuses à la vision marxiste et aux intérêts politiques du PCC. La répression en cours touche un large éventail de religions, du catholicisme au protestantisme, en passant par l’islam, le bouddhisme et les religions chinoises traditionnelles.

Réécriture de la foi : du Christ à Xi

Le rapport détaille les changements choquants imposés aux communautés religieuses. Les églises sont contraintes de retirer les croix et, dans certains cas, les images du Christ et de la Vierge Marie sont remplacées par des portraits du président chinois Xi Jinping. Les textes religieux sont censurés et les membres du clergé subissent des pressions pour intégrer l’idéologie du PCC dans leurs sermons. Le parti a également ordonné l’affichage de ses slogans dans les lieux de culte, transformant ainsi les espaces sacrés en plateformes de propagande politique.

Les communautés catholiques, en particulier, ont été durement touchées par ces mesures. Le PCC exige que tous les groupes religieux s’inscrivent auprès d’associations contrôlées par l’État. Pour les catholiques, cela signifie adhérer à l’Association Catholique Patriotique de Chine (APCC), qui opère sous le contrôle strict d’agences gouvernementales telles que l’Administration d’État des Affaires Religieuses et le Département du Travail du Front Uni.

Ceux qui refusent de s’y soumettre, y compris les catholiques fidèles au Vatican et les communautés dites « clandestines », s’exposent à de graves répercussions. Selon le rapport de l’USCIRF, ces personnes sont souvent étiquetées comme membres de « sectes », ce qui les conduit au harcèlement, à la détention ou même à la disparition.

Le dilemme du Vatican

L’accord de 2018 entre le Vatican et le PCC a été initialement salué comme une avancée diplomatique, fournissant un mécanisme de collaboration entre les autorités chinoises et l’Église pour la nomination des évêques. Cependant, le rapport révèle que cette coopération est loin d’avoir été sans heurts. Malgré l’accord, le gouvernement chinois a nommé des évêques sans l’approbation du Vatican, ce qui a encore tendu les relations entre Pékin et le Saint-Siège.

La disparition continue de membres du clergé restés fidèles à l’Église qualifiée par le passé de clandestine, est particulièrement préoccupante. Des personnalités telles que l’évêque Peter Shao Zhumin et l’évêque Augustine Cui Tai ont disparu après avoir refusé de s’aligner sur la CPCA, contrôlée par l’État. D’autres, comme l’évêque James Su Zhimin, sont portés disparus depuis des décennies et le gouvernement refuse de révéler où ils se trouvent.

Les défenseurs de la liberté religieuse, dont Asif Mahmood, commissaire de l’USCIRF, affirment que le PCC considère ces communautés clandestines comme une menace directe parce qu’elles ne reconnaissent pas l’autorité du gouvernement pour dicter la doctrine religieuse. « Le gouvernement chinois n’est pas intéressé par la protection des droits religieux », a déclaré M. Mahmood. « Son objectif est d’assurer une loyauté absolue au Parti Communiste et à son programme politique. »

Persécution religieuse dans toutes les confessions

Le rapport indique clairement que le contrôle exercé par le PCC sur la religion ne se limite pas au catholicisme. Les chrétiens protestants, les musulmans, les bouddhistes, les taoïstes et les adeptes des religions populaires chinoises sont également visés. Le sort difficile de la population musulmane ouïgoure du Xinjiang est l’un des exemples les plus flagrants de persécution religieuse. Plus d’un million de Ouïgours ont été détenus dans des « camps de rééducation », où ils sont contraints de renoncer à leur foi, à leur langue et à leur culture au profit de la loyauté envers le parti. Cette politique a été condamnée au niveau international et de nombreux experts l’ont qualifiée de génocide.

De même, les bouddhistes tibétains ont vu leurs chefs religieux persécutés, leurs temples détruits et leurs textes religieux manipulés. Le gouvernement a également lancé des campagnes visant à modifier ou à démolir les statues et les temples taoïstes, obligeant les chefs religieux à intégrer la propagande du PCC dans leurs pratiques.

Un tollé mondial pour la liberté religieuse

Les conclusions du rapport de l’USCIRF ont suscité de nouveaux appels à l’action internationale. Nina Shea, directrice du Centre pour la Liberté Religieuse de l’Institut Hudson, a décrit la répression du PCC à l’encontre des catholiques comme la plus sévère depuis l’ère maoïste. Elle note que les évêques catholiques sont particulièrement vulnérables, car leur rôle dans le maintien de l’unité de l’Église avec le Vatican fait d’eux les principales cibles des efforts du PCC pour rompre les liens avec le pape.

Shea a également critiqué l’accord entre le Vatican et la Chine, notant qu’il n’aborde pas la persécution des ecclésiastiques qui refusent de rejoindre l’Église sanctionnée par l’État pour des raisons de conscience. « Cet accord ne tient pas compte de l’oppression subie par ces chefs religieux et ne protège pas leur liberté de pratiquer leur religion comme ils l’entendent. », déclara-t-elle.

Le rapport de l’USCIRF souligne que les efforts du PCC pour contrôler l’expression religieuse ne relèvent pas de la foi mais du pouvoir. En tentant d’assimiler les pratiques religieuses à une vision du monde centrée sur l’État, le parti cherche à consolider son autorité et à supprimer toute contestation potentielle de son pouvoir.

Le sort des communautés religieuses en Chine reste incertain aux yeux du monde entier. Toutefois, les preuves de plus en plus nombreuses des violations des droits de l’homme commises au nom de la « sinisation » montrent clairement que la guerre du PCC contre la religion est loin d’être terminée et que la pression internationale risque de s’intensifier à mesure que ces pratiques se poursuivront.

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Rédaction

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