Une génération Lisbonne 2023 est-elle en train de naître pour la France ? Ce qui s’est passé mardi matin est proprement bouleversant. Pour la première fois, lors des JMJ européennes a été organisé un « temps des Français » sur la célèbre esplanade de la Promenade maritime d’Algès dans la banlieue ouest de Lisbonne où ont traditionnellement lieu de grands concerts.
Après avoir effectué notre mission de bénévolat pour accueillir les quarante et un mille pèlerins français, les JMJistes varois se sont installés sur le carré qui nous avait été réservé. Animés par le comédien Medhi Djaadi, musulman converti, les temps forts de cette matinée se sont alors succédé dans une ambiance de grande ferveur. Tout d’abord l’acclamation des JMJistes, provenant de toutes les régions de France, accompagnée d’un chant traditionnel pour chaque région. Puis le décompte du lancement officiel de ce temps des français dans un tonnerre d’applaudissements. Des chants de louange ponctuaient les différents temps, mains levées et cœurs tournés vers notre Seigneur. Le fil conducteur de cette matinée était l’Évangile de la pêche miraculeuse (Lc 5, 1-11).
La grâce de Dieu est passée par différents témoignages, notamment celui très puissant d’Olivier Giroud, notre champion du monde et meilleur buteur de l’équipe de France de football. Certaines de ses phrases m’ont beaucoup marquée : « Vous êtes un sommet d’espérance. » Nous, jeunes, portons la foi, cette lumière dans ce monde chaotique, nous portons l’espérance dès aujourd’hui.
Il y a une semaine en confession à Fatima, le prêtre m’a demandé pour ma pénitence de lire et méditer le psaume 23 : « L’éternel est mon berger, je ne manque de rien. » Ce verset prononcé aujourd’hui par Olivier Giroud a une fois de plus résonné dans mon cœur. Il est difficile de s’abandonner, difficile de faire pleinement confiance en Dieu quand « ses voies sont impénétrables », quand l’on ne comprend pas où il veut nous mener.
Le témoignage de la comédienne Violaine de la Théardière nous a alors éclairé. « Le Seigneur est le meilleur logisticien, le meilleur GPS. » Peu importe la route que l’on prend, le Seigneur opère toujours un recalcul d’itinéraire et nous ne sommes jamais dans l’impasse. Faisons confiance aux signes que Dieu nous donne, ce Dieu d’amour qui ne veut que notre bien et qui est toujours premier dans l’initiative.
C’est ce que nous a dit l’évêque américain de Winona-Rochester, Mgr Richard Barron : au début de la vie chrétienne, il y a littéralement une invasion de la grâce qui nous saisit, nous permet de nous reconnaître pécheur comme Pierre qui tombe à genoux devant le Christ, puis qui fait de nous des disciples missionnaires. « Nous sommes les héritiers de la grâce que Dieu a donné à la Fille aînée de l’Église », a-t-il déclaré.
Le cardinal Aveline nous a aidé à comprendre l’appel de Dieu, cet appel de Jésus à l’apôtre Pierre, saisi d’effroi – devant la pêche miraculeuse : « Je te ferai pêcheur d’hommes. » La mission naît après l’adoration comme Pierre à genoux devant le Christ, et non l’inverse, nous a dit l’archevêque de Marseille. Nous aussi, Jésus nous lance un appel, celui de le faire connaître : « Le monde a besoin qu’on lui parle du Christ mais il a encore plus besoin qu’on le montre par nos vies. »
Après l’adoration du Saint-Sacrement dans un silence saisissant malgré les 40 000 personnes présentes, les évêques de France tous réunis nous ont proposé de choisir plusieurs engagements. D’abord, travailler à l’unité de l’Église. Jésus a choisi un pasteur, Pierre, puis chacun des papes qui lui ont succédé pour guider les fidèles. Ce pasteur est à la tête d’une seule Église « une, sainte, catholique et apostolique ». Le devoir de notre génération est de préserver la communion de cette Église. Ensuite, la fraternité, nous devons nous lever et servir les plus pauvres et les plus petits : « Amen je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 34-40). Enfin l’évangélisation et l’annonce explicite du Nom de Jésus : « Nous devons témoigner auprès de nos contemporains de la tendresse de Dieu, témoigner du royaume qui vient. »
Les dizaines de milliers de jeunes Français ont ensuite prié pour leurs évêques en levant les mains en signe de bénédiction. Cette matinée incroyable s’est alors conclue avec la prière improvisée du président de la Conférence des évêques de France sur nous, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, peut-être l’une des plus belles prières jaillies du cœur d’un pasteur sur les jeunes.
Il y aura un avant et un après Lisbonne pour les jeunes de France ; à nous d’être maintenant fidèles à cet appel avec la grâce de l’Esprit Saint !