Le pape Benoît XVI utilisant les réseaux sociaux © Vatican Media

Le pape Benoît XVI utilisant les réseaux sociaux © Vatican Media

De Benoît XVI à François : le rôle positif des réseaux sociaux dans le changement de perception du pape

Analyse du directeur éditorial de ZENIT sur le rôle de la presse et des réseaux sociaux dans la perception des papes, notamment Benoît XVI et François.

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Par Jorge Enrique Mújica 

Traduit de l’espagnol

(ZENIT News / Rome, 3 janvier 2023) – 

Parmi l’abondance de publications qui ont consacré leur première page au cardinal Joseph Ratzinger [1] après son élection comme pape, celles qui ont eu le plus grand impact visuel – et le plus grand ressenti – sont peut-être celles du journal italien Il Manifesto et du journal britannique The Mirror. Les deux journaux s’accordaient dans une même perspective : refléter la personnalité du nouveau pontife avec le titre et l’illustrer avec la photographie choisie.

Il Manifesto avait titré en première page « Il pastore tedesco » (« Le berger allemand »), tandis que The Mirror avait choisi un titre similaire : « God’s rottweiler » (« Le rottweiler de Dieu »). Toutes deux montraient le nouveau pontife saluant en souriant depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, mais avec un détail qui n’était pas passé inaperçu : Ratzinger montrait ses dents. De cette façon, le titre incitait le public à imaginer ce que la photo représentait également.

Le titre et la photo n’étaient pas le fruit d’une réflexion spontanée : les deux premières pages relataient l’histoire des « légendes noires » [2] qui avaient accompagné l’homme qui, pratiquement tout au long du pontificat de Jean-Paul II, avait été à la tête d’un des dicastères du Saint-Siège qui ne jouissait déjà pas d’une bonne réputation : la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Près de huit ans plus tard, les unes et les titres accompagnant le premier pape latino-américain ont pris une direction complètement différente, dans la mesure où l’on peut reconnaître que la couverture journalistique, pratiquement unanime, a été positive [3]. Les études de perception sociologique menées dans les mois qui ont suivi l’élection du pape François ont révélé une évaluation globale majoritairement positive [4].

L’une de ces études, peut-être la plus complète, a été réalisée par un groupe de sondage américain bien connu [5]. En résumé, nous pouvons constater que huit catholiques américains sur dix ont une impression « favorable » ou « très favorable » du pape. On a noté une plus grande intensité religieuse chez les catholiques au cours des douze derniers mois précédant l’étude (26 % ont déclaré être pleins d’espoir, 40 % ont déclaré prier plus souvent, et pas moins de 21 % ont déclaré lire davantage la Bible). L’analyse a également montré que le pape François était plus populaire parmi les catholiques que parmi les non-catholiques (dont, toutefois, seuls 4 % ont une opinion défavorable).

En Italie, une analyse réalisée par le Barometro Politico Demopolis pour le quotidien Il Corriere della Sera a montré que 90 % des Italiens avaient « beaucoup de confiance » dans le pape François (7 % ont répondu peu ou pas du tout, tandis que 3 % étaient sans opinion). Ce chiffre contraste avec la cote de confiance de Jean-Paul II, qui était de 60 à 70 % à son apogée.

En se concentrant uniquement sur le segment « catholique », le pape François a même atteint 95 % d’opinion favorable et 68 % chez les non-catholiques ou ceux qui se déclarent sans religion.

Parmi les aspects de la personnalité du pape François que les Italiens apprécient le plus, l’enquête a révélé les pourcentages suivants : sa proximité avec les gens (75 %), sa spontanéité (71 %), son attention aux plus faibles (68 %), sa sobriété (54 %) et son travail de renouvellement de l’Église (52 %). L’étude montre que l’évaluation positive du pape a également conduit à un meilleur jugement de l’Église catholique.

Parmi les gestes du pape François les plus appréciés par les Italiens figurent ses appels téléphoniques pour réconforter les gens (67 %), son choix de vivre dans la résidence de Santa Marta et non dans l’appartement papal (65 %), sa visite aux immigrants sur l’île de Lampedusa (60 %), sa dénonciation de l’existence d’un lobby gay (58 % ; ce que curieusement le pape n’a jamais fait) et sa rencontre historique avec Benoît XVI dans les jours qui ont suivi son élection (53 %).

Parmi les phrases les plus populaires de François, on en trouve quatre avec les pourcentages suivants :

– « Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres » (67 %),

– « Ne vous laissez pas voler votre espoir » (63 %),

– « Permission, merci, pardon sont les trois mots clés pour vivre ensemble : s’ils sont utilisés, la famille avance » (60 %) 

– « La mondialisation de l’indifférence nous rend tous responsables » (56%).

Un fait curieux révélé par l’enquête est que 78 % des Italiens souhaiteraient que le pape François soit président, s’il n’était pas pape, tandis que 65 l% voudraient l’avoir comme premier ministre.

Comment un changement de perception aussi marqué entre Benoît XVI et François a-t-il été possible en si peu de temps ? Les réseaux sociaux ont-ils joué un rôle important dans ce renversement d’image ?

1 – Opinion publique et opinion publiée

Le rôle décisif de la presse écrite, de la télévision et de la radio dans le compte rendu des événements est différent aujourd’hui de ce qu’il était en 2005, lorsque le cardinal Joseph Ratzinger a été élu pape. À cette époque, la radiodiffusion était la forme de communication prédominante, ce qui signifiait que la communication était comprise comme étant à sens unique : la transmission d’un contenu que le public recevait passivement.

Aujourd’hui, le journalisme fonctionne différemment : si, par le passé, l’ « opinion publique » recevait et faisait massivement sienne l’ « opinion publiée », à l’ère de la « bidirectionnalité », ce n’est plus possible, ou du moins pas de la même manière. Ce n’est pas possible parce qu’aujourd’hui la communication est un partage, et cela fait de toute personne ayant un appareil dans sa main, avec une connexion internet, un générateur et un diffuseur de son contenu personnel et/ou de celui de tiers (au moins potentiellement).

De cette façon, le journalisme en particulier et la communication en général sont dialectiques, transversaux et, de ce fait, il est difficile pour ceux qui, jusqu’à récemment, étaient les générateurs traditionnels de l’opinion publiée, de fermer les yeux sur l’opinion publique authentique. Le fait que les gens soient aujourd’hui les éditeurs d’eux-mêmes [6] sur le web signifie qu’ils sont aussi effectivement ceux qui définissent les tendances de l’opinion [7], y compris dans la sphère religieuse.

2 – Le rôle spécifique des réseaux sociaux

Lorsque Benoît XVI, nouvellement élu, s’est avancé sur le balcon central de la basilique vaticane, le soir du 19 avril 2005, pour saluer la foule réunie sur la place Saint-Pierre, les réseaux sociaux n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui : à l’époque, le réseau social le plus utilisé était MySpace, qui avait à peine deux ans [8] et dont les utilisateurs étaient principalement concentrés aux États-Unis, avec l’anglais comme langue exclusive. Facebook était apparu quelques mois avant l’élection de Benoît XVI, en février 2004, mais sa diffusion était initialement limitée aux campus universitaires des États-Unis et, évidemment, il n’avait pas encore le développement et l’impact qu’il a connus des années plus tard. YouTube est apparu en février 2005 et Twitter a fait ses premiers pas un an plus tard, en mars 2006. Instagram, Snapchat et TikTok n’existaient pas du tout.

Ce sont les réseaux sociaux qui ont joué un rôle spécifique et décisif dans le changement de perception de l’image de la papauté, plus précisément du pape François. Des analyses spécialisées corroborent cette thèse [9] : sur la période mars-novembre 2013, le pape était la personne ayant le plus grand volume de recherches mensuelles sur Google au niveau mondial, avec 1 737 300 recherches, et la plus mentionnée sur le web, avec plus de 49 millions de mentions. Le fait que les mentions associées au pape aient une répartition géographique mondiale et hétérogène montre qu’il ne s’agit pas d’un phénomène qui peut être réduit à une partie particulière du monde. Mais les données fournies par les études en disent encore plus sur sa popularité : parmi l’un des secteurs qui peuplent le plus la toile – les jeunes – le pape est devenu la troisième personnalité la plus appréciée au monde, juste derrière les One Direction (78 millions de mentions) et Justin Bieber (53 millions).

Du point de vue de l’efficacité de la communication, le pape pourrait bien être appelé ce que l’on appelle dans le jargon des communicateurs un « gourou » [10] ou un « influenceur ». En termes d’interaction, les messages du pape François sur Twitter sont un succès : l’engagement moyen est de 6 637 pour 0,79 tweets par jour, ce qui, comparé à celui d’Obama (engagement moyen de 2 309 pour 7,76 tweets par jour), lui confère un niveau d’interaction très élevé [11]. Et comment les choses se passent-elles sur Facebook [12] ? Bien qu’il n’y ait pas de présence institutionnelle-personnelle-officielle de la personne du pape, les pages non officielles du Saint-Père montrent des utilisateurs plus fidèles que les autres pages des leaders mondiaux (l’engagement des pages non officielles du pape est de 26 % alors que l’engagement de la fanpage officielle de Barack Obama, par exemple, n’était que de 2 % lorsqu’il était président) [13].

Le fait que la presse grand public, souvent hostile à l’Église en particulier et au christianisme en général, ait succombé à la nécessité de présenter le pape François tel que les gens le perçoivent [14], est dû à trois lignes d’action que nous identifions comme suit (et dont on ne peut nier le rôle décisif) :

2.1 La communication institutionnelle du Saint-Siège et le passage aux réseaux sociaux

Les funérailles de Jean-Paul II, le conclave qui a suivi [15] et l’élection de Benoît XVI ont fait que le Vatican a été confronté à une forme de communication qui exigeait des conditions différentes de celles des époques et des expériences passées.

Afin de ne pas nous écarter du thème central, nous laissons à d’autres [16] le soin d’analyser et de relater ce moment particulier, mais nous constatons que les leçons tirées de cette période en 2005 ont conduit à repenser la nécessité d’une communication encore plus efficace de la part des organes compétents du Saint-Siège. Ces réflexions se sont concrétisées quelques années plus tard, comme on peut le voir ci-dessous [17].

Au cours du pontificat de Benoît XVI, la migration institutionnelle de l’Église vers les réseaux sociaux a été une constante : le 5 juin 2008, le Saint-Siège a ouvert une chaîne institutionnelle sur YouTube (http://www.youtube.com/vaticanes ; en réalité, il existe plusieurs chaînes dans différentes langues) pour offrir en vidéo la couverture des dernières nouvelles des activités du pape.

Le 12 avril 2010, le Bureau de communication du Vatican a annoncé le lancement du blog officiel du Service d’information du Vatican (un blog multilingue hébergé sur Blogger, société satellite de Google, Inc, le plus grand portail de blogs gratuits au monde). Aujourd’hui, cette initiative n’existe plus. Un an plus tard, le 19 avril 2011, est lancée la version numérique du journal du plus petit pays du monde et l’un des plus anciens : l’Osservatore Romano [18] (http://www.osservatoreromano.va).

Quelques mois plus tard, à la veille du 29 juin 2011, c’est Benoît XVI lui-même qui a mis en ligne ce que l’on appelle la « CNN du Vatican » : le portail news.va qui rassemble en un seul endroit les informations de tous les médias liés au Saint-Siège (de Radio Vatican à la salle de presse du Saint-Siège, L’Osservatore Romano, en passant par la chaîne vidéo YouTube, les profils Instagram, la page Facebook et les différents comptes Twitter officiels).

Les deux derniers épisodes de cette migration vers les plateformes numériques ont été le lancement également historique du profil personnel du pape Benoît XVI sur le réseau de microblogging Twitter [19] (12 décembre 2012), un compte repris ensuite par le pape François et qui, une décennie plus tard, compte 53,5 millions de followers. [20]. Enfin, le 23 janvier 2013, la première application officielle du pape est née : « The Pope App » (http://www.thepopeapp.com), toujours sous le pontificat de Benoît XVI [21].

Le pape François a hérité de tout le cadre sur lequel l’équipe de Benoît XVI avait travaillé ces dernières années. C’est dans ce contexte qu’il a débuté et qui lui a servi, dans une large mesure, de plateforme [22]. Il faut ajouter que durant le pontificat de François, la ligne initiée par son prédécesseur a été poursuivie.

2.2 La diffusion de contenus liés au pape à partir de profils privés sur les réseaux sociaux.

C’est lors d’une audience avec un groupe de scouts de la région italienne de Piacenza que certains d’entre eux ont approché le pape à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre. Soudain, l’un d’eux a sorti son téléphone portable et, avec d’autres amis, a demandé une photo au Saint-Père. C’est ainsi qu’est né le premier selfie d’un groupe d’enfants avec le pape. Le propriétaire du téléphone a téléchargé la photo sur Instagram et, en peu de temps, elle est devenue virale non seulement sur le réseau social où la photo avait été téléchargée à l’origine, mais a également migré de sa source initiale vers des millions de comptes privés et de médias sur Facebook, Twitter, LinkedIn, etc.

Mais d’autres cas sont aussi intervenus : à la mi-février 2014, une vidéo prise avec un IPhone dans laquelle le pape François adresse un message à un groupe de protestants américains réunis en assemblée a été mise en ligne sur YouTube [23]. La vidéo aurait été enregistrée par un pasteur protestant qui a été reçu en audience privée par François. Près d’un mois plus tard, le 10 mars 2014, la vidéo comptait plus de 74 000 vues. Enfin, comment ne pas se souvenir du célèbre appel du pape aux carmélites de Lucena, en Espagne, pour partager leur joie à l’occasion de Noël et de la nouvelle année. Les religieuses n’ont pas répondu, mais le message du pape a été enregistré sur le répondeur et s’est retrouvé sur une multitude de portails internet, pas seulement catholiques.

La facilité avec laquelle n’importe qui peut « capturer » un moment avec le pape, que ce soit en photo ou en vidéo, puis le poster sur le web, est une pratique courante pour ceux qui visitent le Vatican et participent à une activité présidée par le Saint-Père. Cela s’est répété tout au long du pontificat de François. Pratiquement tous ces moments sont des expériences positives [23 bis] qui impliquent, à différents niveaux, mais de manière réelle, des personnes. Ce sont elles qui partagent leur propre expérience avec leurs proches, déterminant, à force de témoignages personnels, la manière dont les tiers perçoivent et conservent l’image du pape qui leur est transmise.

Parler en bien du pape François sur la base de sa propre expérience n’est pas socialement mal vu : alors que Benoît XVI a été accompagné par les légendes noires de sa fonction précédente et sur sa nationalité, augmentées ensuite par les vicissitudes subies pendant son pontificat, François a été accompagné dès le début par cette bienveillance publique gagnée grâce à son magistère gestuel, synthétisé dans ces mots sur lesquels il insiste tant : miséricorde et tendresse [24]. Non pas que Benoît XVI n’ait pas eu une action similaire de gestes de bonté : c’est simplement que la presse a cantonné dès le départ l’image du pape allemand, et que les réseaux sociaux qui pouvaient montrer le témoignage contrasté de ceux qui pouvaient contester ces « perceptions conditionnantes » n’étaient pas développés à l’époque.

2.3 Le pape François, accroche médiatique

On comprend que le pape François soit devenu – techniquement parlant – une sorte de produit rentable pour ceux qui s’occupent d’informations religieuses en général et ecclésiastiques en particulier.

Le pape François a suscité un intérêt médiatique qui peut être divisé en quatre domaines : a) les initiatives qui ont vu le jour autour de sa personne, b) les sujets qui accompagnent les nouvelles qui tournent autour de lui, c) l’émergence de profils non officiels sur les réseaux sociaux, et d) les publications ou médias qui ont concentré leur attention sur le Saint-Père.

A) Les initiatives qui ont vu le jour autour de lui : le 5 mars 2014, l’hebdomadaire Il mio Papa (« Mon pape ») a fait son apparition dans les kiosques italiens. Il s’agissait de la première publication entièrement consacrée au pape François, avec un tirage non négligeable de 3 millions d’exemplaires au cours du seul premier mois de son lancement.

Cette publication, soutenue par la maison d’édition Mondadori, a été le point de départ d’une série d’initiatives autour du pape François, allant d’un moteur de recherche (http://bergoogleo.com/) à des applications destinées à satisfaire la demande d’informations sur le vicaire du Christ, comme celle lancée par la principale agence de presse italienne, ANSA (http://www.papafrancesconewsapp.com), ou l’application pour enfants « The Pope Francis Comics ». Au cours de l’année 2014, de nombreux livres [25] sur le pape François, un parfum [26], une ligne de vêtements [27] et même un film [28] ont été annoncés.

B) Un phénomène particulier s’est produit avec le pape Bergoglio : les détails deviennent des nouvelles et l’intérêt est suscité par ce qui n’existait pas auparavant. Les appels téléphoniques à un large éventail de destinataires, les lettres « hors protocole » adressées aux mères célibataires, aux grands-mères solitaires, aux jeunes en difficulté ou aux transsexuels en sont des exemples ; comment ne pas se souvenir de la multitude de câlins et de caresses aux malades, aux enfants et aux jeunes époux (payer son logement dans la résidence qui l’a accueilli comme cardinal avant qu’il ne soit élu pape, laver les pieds des jeunes prisonniers lors de son premier Jeudi Saint en tant que pape, porter sa valise lors de son voyage au Vatican), portant sa valise lors de son voyage au Brésil, caressant l’enfant qui a grimpé et n’est pas descendu du podium lors de la rencontre avec les familles sur la place Saint-Pierre, embrassant le patient atteint de neurofibromatose, avec les pauvres de Rome qu’il a invités à déjeuner avec lui le jour de son anniversaire, etc.). La facilité avec laquelle nous nous souvenons de nombre de ces scènes montre à quel point elles nous sont familières et, en somme, à quel point nous sommes habitués à ce type de gestes.

Il n’est guère surprenant que le contenu de ses premières homélies quotidiennes dans la chapelle Santa Marta de sa résidence au Vatican ait fait l’objet de gros titres presque quotidiens. Si l’on considère que, de plus, les titres se rapportent au contenu des homélies, presque toujours sur la vie de foi, on ne peut qu’y voir un exemple de l’intérêt des personnes pour ce que le pape proclame, qui n’est autre que l’Évangile. Sinon, la presse aurait cessé de venir assister aux homélies quotidiennes de l’évêque de Rome. En bref : l’ordinaire transformé en actualité.

C) Apparition inconsidérée de profils non officiels sur les réseaux sociaux : dans l’empressement de porter la parole du pape dans l’espace numérique, divers comptes non officiels ont été créés sur Facebook et dans différentes langues, ainsi que des profils Twitter, différents des comptes officiels du pape sur ce réseau de microblogs [29] et d’autres réseaux sociaux. Toutes ces initiatives présentent la difficulté non seulement de tromper les gens en ne montrant pas ce qui provient du Saint-Père et ce qui est le résultat de leur propre ingéniosité et initiative : qui n’a pas reçu par WhatsApp des chaînes de textes soi-disant rédigés par le pape alors que ce n’était pas le cas ?

D) Publications ou médias qui ont concentré leur attention sur le Saint-Père. 2013 a été l’année où la presse grand public (même la moins attendue) et les grands médias ont consacré leurs couvertures à l’homme à la soutane blanche : TIME magazine, Forward, The New Yorker, The Advocate, MTV, Le Monde, Vanity Fair, Esquire, Forbes et Rolling Stone l’ont tous fait. Au cours de cette première année de pontificat, François a donné de nombreuses interviews grâce auxquelles nous avons pu le connaître de manière plus « familière » : à ce stade, il est franchement difficile de déterminer le nombre exact de toutes les interviews qu’il a données.

3. François, un pape dans la dynamique du 2.0

Bien qu’autant le Vatican (communication institutionnelle) que les utilisateurs des réseaux sociaux (partage-bidirectionnalité-transversalité) aient canalisé une image concrète du pape François, au point de conditionner les grands médias sur la vision commune du Saint-Père qu’il fallait refléter, c’est surtout la personnalité même du pape qui a facilité cette empathie, qui a ensuite conduit à un enthousiasme continu.

Selon les mots d’un spécialiste, la personne du pape François est capable de créer des événements communicatifs. C’est la conceptualisation plus ou moins analogue d’un autre professionnel du domaine qui parle du Saint-Père comme de celui qui réalise des événements personnels transformateurs. Le premier est Antonio Spadaro qui déclare :

« Le pape François est l’homme à la grande capacité communicative reconnue. Son message, capable de toucher les gens de manière immédiate, directe et intuitive, est ancré dans une expérience pastorale, conduite par sa nature à la création de relations authentiques. Et le message façonne et modèle la manière dont il l’exprime, même avec son propre corps. Le pape François exprime sa propre corporalité d’une manière naturellement équilibrée vis-à-vis de son interlocuteur. Il ne s’agit pas d’un calme rigide mais d’une souplesse qui le voit plongé dans une contemplation absorbée, comme lorsqu’il célèbre la messe ; à d’autres moments, il arrive dans une précipitation dans laquelle il semble même perdre l’équilibre. Ce qui est vrai pour son corps l’est aussi pour sa voix, et plus encore pour la communication épistolaire qui lui est si chère. Si la réponse de la « place » traditionnelle à ce langage inédit du pape est très forte, celle de la « place numérique » l’est tout autant : il suffit de penser au grand succès de sa présence sur Twitter [30] ».

Cette « capacité » à impliquer les gens, à les rendre participants d’une interaction vivante et animée a été immédiatement expérimentée le jour même où François a été connu du monde comme le nouveau successeur de saint Pierre :

« Nous nous souvenons bien de la première apparition du pape dans la loge des bénédictions, immédiatement après son élection : non seulement il a béni ceux qui étaient sur la place et ceux qui l’ont suivi à la télévision et sur internet, mais il s’est d’abord incliné, demandant à tous de prier pour lui… Qu’a-t-il fait du point de vue de la communication ? Il a impliqué ceux que l’on imaginait être les destinataires, et la conséquence a été que toute la place a réagi, participant à la première personne à la construction de l’événement […] Un autre exemple de la modalité communicative personnelle du pape François est qu’il interroge les personnes auxquelles il s’adresse. La dynamique est la même : le pape est à l’intérieur de l’événement communicatif, il le crée et lui donne des impulsions pour qu’il se développe de l’intérieur. Ainsi, plutôt que de « communiquer », le pape François crée des « événements communicatifs » auxquels nous nous sentons appelés à participer activement. En ce sens, nous sommes confrontés à une reconfiguration du langage qui fixe des accents différents et de nouvelles priorités [31] ».

Il est compréhensible que face à une personnalité capable de créer des événements communicatifs qui impliquent et interpellent les gens, ceux-ci se « connectent » plus facilement avec le pape François, même à travers des expériences qui ne sont pas immédiates mais plutôt le résultat des expériences d’autres personnes qui s’y réfèrent à travers les réseaux sociaux, avec l’aval de leur propre témoignage. Comment en est-on arrivé là ? C’est plus ou moins la question posée par Marc Carroggio, professeur et chercheur à la faculté de communication institutionnelle de l’Université pontificale de la Sainte-Croix, et à laquelle il répond en suivant l’idée de Spadaro (le pape en tant que « créateur d’événements communicatifs »), mais en les qualifiant d’événements personnels transformateurs :

« Toute personne qui l’approche remarque immédiatement son implication affective. À l’exception des célébrations liturgiques, pendant lesquelles il apparaît concentré, son langage corporel et facial change continuellement : il lit attentivement les signes et les signaux envoyés par l’interlocuteur, les traite rapidement et réagit avec un arc gestuel qui va de la joie-surprise à la douleur-gravité. Il se connecte aux humeurs des autres, il se met à l’écoute et génère un retour […] François tend à transformer les relations et les discours en événements personnels transformateurs […] Au milieu des foules, le regard de Bergoglio tend à être individuel. Il va à la rencontre de l’enfant, des personnes âgées, des malades et de ceux qui l’interpellent. Il provoque des contacts singuliers : chaque jour, il utilise le téléphone pour consoler une personne, pour la remercier d’une lettre, pour lui donner un conseil. Dans ses audiences privées, il s’intéresse à l’homme politique et au responsable institutionnel, mais il rompt immédiatement avec le protocole pour pénétrer l’intériorité de la personne. Le paradigme communicatif de François implique l’interlocuteur […] L’utilisation de questions et l’appel à la participation sont deux façons typiques de susciter la « complicité ». D’autres fois, le moyen d’intervention est une demande précise de prière. […] La communication empathique du pontife est, en partie, un don naturel. Mais c’est aussi un processus qui demande de l’initiative [32] ».

En mettant en évidence ce qui a été exprimé ci-dessus, l’impression pourrait être que Benoît XVI n’a pas été un pape de bonne communication. Naturellement, il faut partir de la différence compréhensible des personnalités [33], qui nous aide à comprendre que ce n’est pas que Benoît XVI n’ait pas eu des gestes plus ou moins semblables, mais qu’en traînant derrière lui une mauvaise presse imméritée, cela a conditionné non seulement la façon dont il a été perçu, mais aussi la façon dont son message a été compris par de nombreuses sensibilités.

Si le pape François a bénéficié d’un effet de proximité dû à la forte charge émotionnelle des médias qui, au niveau institutionnel, au niveau des individus qui utilisent les réseaux sociaux, et au niveau des médias eux-mêmes, sont partagés, et ne sont pas mal vus ; avec Benoît XVI, cela ne s’est pas passé ainsi : Il était socialement « mal vu » de partager du contenu sur lui, étant donné la mauvaise réputation qui s’était construite autour de lui. Et cela a entraîné un effet de distanciation.

Conclusion

Les médias grand public – mais aussi les plus modestes – ont succombé à la reconnaissance publique positive du pape François. Compte tenu de la large résonance et de l’attention suscitée et entretenue par le Saint-Père, il ne saurait y avoir de contraste entre « opinion publique » et « opinion publiée » sans porter atteinte à la crédibilité des médias. Mais l’attention portée au pape, même dans ses détails les plus périphériques, risque de diluer l’importance du message central ou du moins de le minimiser. 

Le fait que, parfois, seuls certains types d’informations soient mis en avant, qui ne visent qu’à souligner une ligne de discontinuité entre François et ses prédécesseurs, en présentant une personnalité « bienfaisante », reste le défi de la communication pour le Vatican lui-même : plus précisément pour ce nouveau cadre désormais connu sous le nom de Dicastère pour la communication. 

Certes, l’anecdotique correspond à la mentalité numérique actuelle où l’importance des choses se réduit à une popularité éphémère, mais il est également vrai que dans tout cela on peut entrevoir une harmonie entre ce qui est commun dans la vie du pape et ce qui est commun dans la vie des personnes à l’ère des réseaux sociaux.

***

Quelques jours après l’élection du pape François, la fanpage de NBC News sur Facebook a publié une image avec deux photos qui résument ce qui a été dit jusqu’à présent : pour les deux photos, le lieu était le même (la place Saint-Pierre) ainsi que les circonstances (l’annonce de l’élection d’un nouveau pape). Mais, sur la photo de 2005, les gens avaient les mains baissées, sans téléphone. Sur la photo de 2013, la grande majorité tenait un appareil mobile. La communication publique du nom et de la personne de François a été accompagnée dès le premier instant par les réseaux sociaux. Et c’est ce que dit cette image, qui restera dans l’histoire de la communication. 

Au demeurant, les foules qui sont passées devant la dépouille de Benoît XVI les 2, 3 et 4 janvier 2022, tenaient dans leurs mains ce qui était plutôt rare le jour de son élection : un smartphone. Ce sont ces dispositifs qui montrent aujourd’hui à la presse que l’affection pour Benoît XVI ne correspond pas tout à fait à la mauvaise image qu’ils ont entretenue en 2005.

 

Jorge Enrique Mújica

Diplômé en philosophie de l’Athénée pontifical Regina Apostolorum de Rome,  Jorge Enrique Mújica est un collaborateur chevronné de la presse écrite et numérique sur les questions de religion et de communication. Sur son compte Twitter : https://twitter.com/web_pastor, il parle de Dieu et de l’internet et de l’Église et des médias : « evangelidigitalisation ».

 

 

Notes de bas de page :

[1] Un aperçu varié des couvertures consacrées au pape Benoît XVI, alors nouvellement élu, a été réalisé par Diego Contreras sur son blog personnel. Il peut être consulté à ce lien http://goo.gl/5dvndB [Dernière consultation : 10.03.2014]. Comme on peut le constater, la plupart des couvertures allaient plus ou moins dans le même sens : mettre en évidence l’accumulation de préjugés communs autour de l’élu.

[2] Les étiquettes « conservateur » et « nazi allemand » ont constitué un terreau, qui a ensuite été pimenté – déjà pendant son pontificat – par d’autres étiquettes autour d’événements qui ont été exploités contre lui dans les médias : depuis les discours de Ratisbonne de 2006, en passant par la levée de l’excommunication des lefebvristes, la réhabilitation du Missel et de la forme extraordinaire de la messe, la question des abus sexuels dans l’Église, les événements entourant la « banque du Vatican », jusqu’à la fuite de documents plus connue sous le nom de Vatileaks. Certes, il faut aussi reconnaître le traitement médiatique respectueux et flatteur de la démission du pontificat de Benoît XVI.

[3] Le professeur Diego Contreras lui-même, de l’Université pontificale de la Sainte-Croix, a compilé un concentré de titres de la presse internationale dans son blog « La Iglesia en la prensa » (L’Église dans la presse). Il peut être consulté grâce à ce lien http://goo.gl/2sXn8E [Dernière consultation : 10.03.2014].
Comme on peut le constater, les gros titres se sont concentrés sur des aspects tels que l’origine géographique du nouveau pape, son statut de religieux jésuite et les paroles et gestes « d’humilité et de proximité » qui ont accompagné sa première apparition publique ; très accessoirement, certains ont souligné les « heurts » entre les Kirchner et l’archevêque de Buenos Aires de l’époque. La seule tentative de fabriquer et de diffuser un canular contre le pape François a été le fait d’un journal numérique argentin sur deux sujets particuliers : le soutien présumé de Bergoglio à la dictature militaire et un cas de misogynie. Les deux ont échoué en raison de leur manque de crédibilité. Les articles suivants du blogueur espagnol Elentir se distinguent par leur qualité : « El periódico argentino que difama al Papa recibe de Kirchner una lluvia de millones », 15.03.2013, sur http://goo.gl/MSWdv9 ; et « Difunden en la red un bulo misógino para desprestigiar al Papa Francisco », 14.03.2013, sur http://goo.gl/XW3NT8 [Dernière consultation le 10.03.2014].

[4] Il faut souligner la valeur de l’étude de l’un des plus éminents sociologues, Massimo Introvigne, cf. “Il Papa commuove e riporta i fedeli nelle chiese”, La Nuova Bussola Quotidiana, 11.11.2013. Voir aussi à ce sujet : « Aumentan confesiones en Reino Unido », Aci-prensa/EWTN, 17.09.13 ; « Aumentan las confesiones en Latinoamérica », Clarín, Buenos Aires, 25.03.2013 ; « España : el ‘efecto Francisco’ aumenta la participación de los católicos », Zenit News Agency, 07. 11.11.2013 ; « Aumentan confesiones debido al efecto Francisco », El Universal, Mexique, 15.05.2013 ; ou « En este año con Francisco, creció 3 puntos el porcentaje de católicos practicantes en España », ReligionenLibertad.com, 06.03.2014.

[5] « Les catholiques américains considèrent le pape François comme un changement pour le mieux », Pew Research Religion and Public Life Project, 06.04.2014, sur http://goo.gl/0uARq3 [consulté le 10.04.2014].

[6] Intéressant à cet égard est « Le jour où internet nous a transformés en éditeurs de nous-mêmes », 11.11.2013, sur http://goo.gl/R9xsFo.

[7] Bien qu’il s’agisse d’un domaine différent, des exemples du pouvoir des citoyens sur les réseaux sociaux ont été révélés dans les manifestations du « printemps arabe », où Twitter et Facebook ont été décisifs pour canaliser le pouvoir d’unir les forces et de rallier les gens. On peut dire la même chose des événements en Ukraine et au Venezuela.

[8] Il a été lancé en août 2003. Avec le développement de Facebook, MySpace a connu une décrue pour atteindre un niveau beaucoup plus bas qu’à ses débuts.

[9] Cf. « La rete ama Papa Francesco : il Pontefice « personaggio » dell’anno anche online », étude réalisée par 3rdPLACE pour Aleteia.org. Pour cette étude, le cabinet de conseil spécialisé dans l’intelligence numérique a pris en compte de multiples canaux allant des blogs aux portails d’information, en passant par les forums de discussion et les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook et YouTube. L’objectif de l’étude était de démontrer la façon dont la popularité du pape François a eu un fort impact dans le monde numérique, faisant de lui la figure la plus populaire et le communicateur le plus efficace en 2013. Cette étude est disponible en italien et en anglais sur le site http://3rdplace.com/aleteia [Dernière consultation le 10.03.2014].

[10] Le pape François a été officiellement reconnu par le Parlement européen comme « Communicateur de l’année 2013 ».

[11] Déjà en août 2013, le rapport « Twiplomacy 2013 » classait le pape comme le dirigeant mondial le plus influent sur Twitter. Le rapport « Twiplomacy 2013 » est une étude sur l’utilisation de Twitter par les dirigeants mondiaux. Elle identifie, sur 505 comptes étudiés, le pape François comme le chef d’État et de gouvernement le plus influent dans la twiplomatie numérique (Cf. « Le pape François est le plus influent sur Twitter selon l’étude Twiplomacy 2013 », 01.08.2013, sur http://goo.gl/SmoTSg) [Dernière consultation le 10.03.2014].

[12] Voir également « Le pape François, le roi de Facebook, selon le rapport officiel 2013 de Facebook », 10.12.2013, sur http://goo.gl/G0FCAI [Dernière consultation : 10.03.2014].

[13] D’autres rapports corroborant la primauté du pape également sur le web sont : « Le pape François et son élection : les deux sujets qui ont dominé Facebook en 2013 », ZENIT News Agency, 10.12.2103, sur http://goo.gl/6RmSaA ; « Jeûne, prière et Twitter : les clés d’action du pape pour la guerre évitée en Syrie », ZENIT News Agency, 21.09.2013 sur http://goo.gl/vA6VOx [Dernière consultation : 10.03.2014].

[14] L’étude 3rdPLACE-Aleteia.org montre que « les mentions générées par les portails d’information et les médias ne représentent que 15 % de leur présence. Les autres sont des commentaires générés sur les réseaux sociaux par les internautes. 73 % des mentions proviennent de Twitter » (cf. « Mobile World Congress Barcelona : le pape François, « star » de l’internet », 25.02.2014, sur http://goo.gl/bjDgrz [Dernière consultation le 10.03.2014].

[15] Dans une interview publiée en deux parties par l’agence de presse ZENIT, le porte-parole du Vatican a évoqué ce que signifiait concrètement le conclave de 2013 et l’élection du pape François, voir « Padre Lombardi racconta il primo anno di papa Francesco », 02.03.2014 et 03.03.2014, sur http://goo.gl/xWqXyC [Dernière consultation le 10.03.2014].

[16] L’ouvrage de A. Scelzo, La penna di Pietro, est particulièrement précieux. Storia (e cronaca) della comunicazione vaticana dal Concilio a Papa Francesco, Libreria Editrice Vaticana, Vaticano 2014, 180-202.

[17] En résumé, on peut dire que la prise de conscience de la manière dont une certaine presse internationale conditionne la perception de l’image du pape et déforme ses messages, a fait naître la nécessité pour l’Église elle-même d’entrer en scène et de communiquer en son nom propre. Le saut vers les médias sociaux s’est fait progressivement pendant le pontificat de Benoît XVI, sous la direction et à l’initiative du Conseil pontifical pour les communications sociales.

[18] Deux ans plus tard, le 17 décembre 2013, le premier restylage du site web est arrivé (Cf. « Un changement de direction. Nouveau site internet de L’Osservatore Romano », 16.12.2013, sur http://goo.gl/OWjyoY) [Dernière consultation le 10.03.2014].

[19] L’agence Oogo S.r.l. a réalisé une étude-analyse des réactions et des sentiments générés sur Twitter au cours du premier mois d’activité des profils du pape Benoît sur ce réseau de microblogs. Oogo (www.oogo.com) s’est concentré sur deux aspects : les réactions générées sur le réseau aux tweets du pape et l’utilisation faite de Twitter par certains des cardinaux présents sur place. Sur les 270 456 messages de réponse générés au cours du premier mois (décembre 2012-janvier 2013), ceux à contenu positif étaient plus nombreux que ceux à contenu négatif (26 426 contre 22 542). Les 200 000 restants sont classés comme neutres. L’analyse s’est concentrée sur les 100 premiers messages, montrant que les messages négatifs se concentrent sur des sujets spécifiques tels que les prêtres pédophiles (26 %), les insultes à l’encontre du pape (25 %), la critique du pouvoir et des « richesses » du Vatican (20 %), l’ironie et la satire (16 %), les questions liées aux unions homosexuelles (8,5 %) et la critique de la foi (2,5 %) ; tandis que les positifs sont principalement des reprises des paroles de Benoît XVI (26,5 %), des remerciements et des vœux (25 %), des demandes de prières (16,6 %), des commentaires sur l’événement (12 %), des questions existentielles (7,6 %) et des réponses pour défendre le pape (7 %).

[20] Nous avons reproduit presque textuellement une partie d’un article que nous avons publié en janvier 2013 : « L’Église et les médias », 16.01.2013, sur http://goo.gl/r98Sxt [Dernière consultation le 10.03.2014]. Sur l’aspect numérique des comptes Twitter du pape François, on peut souligner qu’au 4 mars 2014, le compte linguistique avec le plus grand nombre de followers est le compte en langue espagnole avec 5 millions. Il est suivi par le compte anglais avec 3,7 millions.

[21] C’est également toujours sous Benoît XVI que le journaliste américain Greg Burtke a été nommé conseiller principal en communication du Saint-Siège à la fin du mois de juin 2012. Le travail de M. Burtke consiste globalement à conseiller le Vatican sur la meilleure façon de communiquer et de prévenir les risques dans le domaine de la communication institutionnelle de l’Église.

[22] La nouveauté en termes d’initiatives de médias sociaux pendant le pontificat du pape François a été le compte Instagram du Vatican : http://instagram.com/newsva.

[23] Voir ce lien : http://youtu.be/TsEJVP_eDAE [Dernière consultation le 10.03.2014].

[23 bis] Exception : déclaration du Chili aux journalistes et réprimande du Mexique à celui qui l’a fait entrer.

[24] Des études portant sur le langage verbal du Saint-Père montrent que parmi les mots les plus fréquemment utilisés figurent, par exemple, « guerre », « violence », « environnement », « paix », « faim », « enfants », « armes », « pauvreté », « droits de l’homme » et « famille ». Il est également symptomatique que les tweets du pape avec le plus grand nombre de retweets soient ceux liés à de tels sujets : celui du 17.03.2013 a 40 732 retweets ; celui du 19.03.2013 a 30 608 retweets et celui du 31.03.2013 a plus de 25 mille retweets.

[25] Par exemple A. Beltramo et M. Velásquez, De Benedicto a Francisco, Planeta, Barcelone 2013 ; E. Piqué, Francisco. Vida y revolución, La esfera de los libros, Madrid 2014 ; A. Spadaro, Papa Francesco, La mia porta è sempre aperta. Una conversazione con Antonio Spadaro, Rizzoli, Milano 2013 ; etc. Le 12 mars 2014, le journal La Stampa a publié une statistique éloquente : de mars 2013 à mars 2014, 214 livres sur le pape François ont été publiés rien qu’en Italie : 106 anthologies et 108 essais (voir « Quasi un libro al giorno nell’anno di Francesco. Dal marzo dello scorso anno ad oggii in Italia è stata raggiunta quota 214 titoli »).

[26] Cf. « François » : nouvelle ligne de parfum lancée en l’honneur du pape François, 19.09.2013, sur http://goo.gl/nJfokN [Dernière consultation le 10.03.2014].

[27] Cf. « Pour le magazine de mode Esquire, le pape François est aussi l’homme le plus élégant de 2013 », 06.01.2014, sur http://goo.gl/6MJn0a.

[28] « A Priest’s Tale : le film sur le pape François sera sur grand écran en mars 2014 », 09.09.2013, sur http://goo.gl/GsKWGv.

[29] Une liste non exhaustive de comptes peut être trouvée grâce à ce lien : https://twitter.com/web_pastor/resources/members.

[30] A. Spadaro, “Papa Francesco e la comunicazione”, La Civiltá Cattolica [3927], 2014, 241 (1er février 2014). [La traduction de l’italien en anglais a été assurée par mes soins].

[31] A. Spadaro, Papa Francesco e la comunicazione, 241-242. [La traduction de l’italien en anglais a été assurée par mes soins].

[32] M. Carroggio, El estilo comunicativo de Francisco, Temes d’Avui, décembre 2014 [Le texte original de cet article a été publié en catalan. L’auteur l’a ensuite rendu disponible dans une version privée en espagnol].

[33] À cet égard, la vision offerte par Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire privé du pape émérite Benoît XVI, est enrichissante, partant de ce qu’ils ont en commun pour passer ensuite aux « différences » entre l’ancien et l’actuel pontife : « Ce qu’ils ont en commun, c’est leur amour pour le Seigneur et pour l’Église. Cet amour est la base de tout ce qu’ils font. En revanche, ils sont différents dans leur personnalité, leurs gestes, leur comportement. Les gestes du pape François sont typiquement les siens, tandis que le pape Benoît a un caractère plutôt réservé. Ils ont tous deux apporté au ministère pétrinien les dons et les talents que le Seigneur leur a donnés. » (cf. Entretien avec l’évêque Georg Gänswein », Palabra, 1er mars 2014)

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