Mgr Francesco Follo © CCIC Centre Catholique International de Coopération avec l'UNESCO

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« Liberté d’expression et/ou liberté de parole, oui, mais… » , par Mgr Follo

« Avoir cette liberté, oui, mais sans offenser »

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 Liberté d’expression et/ou liberté de parole

Le mot grec parrêsia est composé « pan » = tout  et « rhéma » = discours, donc signifie  « dire tout ».

Dans la Grèce antique la parrêsia (liberté de parole) était considérée une vertu. Ella a été identifiée avec le droit et le devoir attribué au citoyen, et surtout à l’homme public, de tout dire, de ne pas interposer de filtres ou de distorsions ou de censures entre ce qu’il pense et ce qu’il dit : tout dire, et donc, dire la vérité.

Ce n’est pas toujours commode, au contraire, cela impose des risques et demande donc du courage. Renoncer à enchaîner – donc à plaire, à prendre au piège, et devoir exiler les rusés et les désirables – peut mettre en danger son gain, sa satisfaction flattée, son consentement et la stabilité acquise.

Et cela est vrai autant dans la relation aux autres qu’à soi-même. C’est un choix qui n’est jamais libre : exprimer la vérité a toujours un coût – en amitié, en argent, en votes électoraux ; cependant, c’est aussi un choix dont dépend la liberté.

Dans un monde où des mensonges subtils et accommodants – d’étiquette, d’amour de la paix, de raison d’État – règnent sur la société démocratique, aussi bien ceux qui complotent que ceux qui boivent des mensonges sont des esclaves (même ceux qui gardent la chaîne sont enchaînés).

La parrêsia est une vertu civile, transparente, lumineuse, pudique et sans cérémonie – en un mot, socratique – qui purge les abcès de la société civile.

A propos de la liberté de parole/d’expression, la parrêsia, il est particulièrement intéressant tenir compte du plus ancien texte chrétien disponible (autre que le Nouveau Testament) qui est probablement la Lettre dite de Clément de Rome aux Corinthiens, ou Prima Clementis, dans laquelle le terme parrêsia apparaît explicitement.

La plupart des érudits datent la lettre de 96-97 après le Christ, immédiatement après le meurtre de l’empereur Domitien, qui, dans les dernières années de son règne, s’était déchaîné contre les juifs et contre les chrétiens.

Dans la Lettre, cette franchise ou liberté de parole envers les hommes prend le double visage de la laudatio et de la vituperatio, mais sans atteindre les extrêmes de la flatterie ou de l’injure.

En effet, l’un des concepts clés qui guident la parrêsia chrétienne, et la pensée de Clément en particulier, est celui d’epieikeia, qui signifie « attention à la situation concrète », et donc « compréhension », « douceur » ou « modération ». Il s’agit de voir le bien qui existe déjà, et aussi de mettre en évidence ce qui manque ou qui fait obstacle.

Le Magistère de l’Eglise a toujours continué à proposer et à réfléchir sur ce thème (p.e. Dignitatis humanae et Fides et Ratio) et assez récemment le Pape François a souligné qu’il y avait des limites à la liberté d’expression, en particulier lorsqu’il s’agit d’insulter ou de ridiculiser la foi de quelqu’un.

Le Saint-Père François a affirmé : « Nous avons l’obligation de parler ouvertement. Chacun a le droit et le devoir de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun. Avoir cette liberté, oui, mais sans offenser ».

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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