Assemblée des évêques d'Italie © Vatican Media

Assemblée des évêques d'Italie © Vatican Media

Les « Béatitudes de l’évêque »: le cadeau du pape François aux évêques d’Italie

« Heureux l’évêque qui n’a pas peur de rider son visage de larmes »

Share this Entry

Les « Béatitudes de l’évêque »: c’est le cadeau offert par le pape François à ses confrères, les évêques d’Italie, dont il a rejoint l’assemblée pendant environ deux heures ce lundi 22 novembre 2021, entre 16h et 18h, et à l’occasion du chemin synodal italien.

Le cadeau du pape François

Au début de sa conversation avec les évêques italiens, le pape François a offert aux personnes présentes une carte portant une représentation du Bon Pasteur et le texte des huit « Béatitudes de l’évêque ».

« Heureux l’évêque qui fait de la pauvreté et du partage son style de vie, car par son témoignage il construit le royaume des cieux »: c’est la première de ces « béatitudes » inscrites à côté de l’image de Jésus Bon Pasteur, portant sur ses épaules une brebis, que le pape a offerte aux évêques réunis en assemblée générale.

Il s’agit des paroles de l’homélie prononcée par l’archevêque de Naples, Mgr Domenico Battaglia, pour l’ordination épiscopale de ses auxiliaires, Mgr Michele Autuoro, Mgr Francesco Beneduce, et Mgr Gaetano Castello, le 31 octobre 2021.

Mgr Battaglia avertissait ses nouveaux auxiliaires à propos des Béatitudes de l’Evangile: « Ces huit paroles ne sont pas un traité de théologie, une abstraction philosophique ou morale mais elles sont avant tout le portrait de Jésus, notre Seigneur et Maître, et elles nous sont données par l’Evangile pour que nous apprenions jour après jour à les réécrire avec notre vie en nous conformant à lui ! Vous êtes tout d’abord appelés aujourd’hui à réécrire les Béatitudes dans le nouveau service que l’Église vous confie. »

Puis Mgr Battaglia a lu ses « Béatitudes de l’évêque »:

Heureux l’évêque qui fait de la pauvreté et du partage son mode de vie, parce que par son témoignage il construit le royaume des cieux.

Heureux l’évêque qui n’a pas peur de rider son visage de larmes, afin que les douleurs du peuple, les fatigues des prêtres puissent se refléter en elles, trouvant la consolation de Dieu en embrassant ceux qui souffrent.

Heureux l’évêque qui considère son ministère comme un service et non comme un pouvoir, en faisant de la douceur sa force, donnant à chacun le droit de cité dans son cœur, pour habiter la terre promise aux doux.

Heureux l’évêque qui ne s’enferme pas dans les palais du gouvernement, qui ne devient pas un bureaucrate plus attentif aux statistiques qu’aux visages, aux procédures qu’aux histoires, essayant de lutter aux côtés de l’homme pour le rêve de justice de Dieu parce que le Seigneur, rencontré dans le silence de la prière quotidienne, sera sa nourriture.

Heureux l’évêque qui a à cœur la misère du monde, qui n’a pas peur de se salir les mains avec la boue de l’âme humaine pour y trouver l’or de Dieu, qui ne se scandalise pas du péché ni de la fragilité des autres parce qu’il est conscient de sa propre misère, parce que le regard du Crucifix ressuscité sera pour lui le sceau d’un infini pardon.

Heureux l’évêque qui chasse la duplicité de cœur, qui évite toute dynamique ambiguë, qui rêve du bien même au milieu du mal, parce qu’il saura jouir du visage de Dieu, en trouvant son reflet dans toute flaque d’eau de la cité des hommes.

Heureux l’évêque artisan de paix, qui accompagne les chemins de la réconciliation, qui sème le germe de la communion dans le coeur des prêtres, qui accompagne une société divisée sur le chemin de la réconciliation, qui prend tout homme et toute femme de bonne volonté par la main pour construire la fraternité : Dieu le reconnaîtra comme son fils.

Heureux l’évêque qui, pour l’Evangile, n’a pas peur d’aller à contre-courant, en rendant son visage « dur » comme celui du Christ en route vers Jérusalem, sans se laisser freiner par les incompréhensions ni par les obstacles parce qu’il sait que le Royaume de Dieu progresse dans la contradiction du monde.

Le Bon Pasteur © Conférence épiscopale italienne

Le Bon Pasteur © Conférence épiscopale italienne

Une assemblée synodale

Pour sa part, le secrétaire général de la CEI, Stefano Russo, a commenté ce cadeau à la télévision catholique italienne Tv2000 au terme de cette rencontre à huis-clos: « Ce billet que le Pape nous a remis aujourd’hui est une exhortation pour que l’évêque soit toujours un témoin de miséricorde. ».

Ce fut « un exercice de synodalité », avec le don des « Béatitudes épiscopales », a déclaré Mgr Russo : « Une rencontre très agréable et familiale ».

Mgr Russo a encore expliqué : « Dans le cheminement synodal, nous vivons le temps de l’écoute et, comme toujours, le Pape, avant tout, en témoigne. Il est venu parmi nous et a écouté les évêques qui posaient des questions et s’est longtemps arrêté pour y répondre. Le Pape est vraiment très attentif à nos réalités. Dans chaque réponse à chaque évêque, il mentionnait quelque chose en rapport avec les diocèses ».

Demain matin, le cardinal Bassetti lira un discours introductif. Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, interviendra ensuite avant un débat.

Ensuite, le travail se poursuivra en groupes à partir du discours de Mgr Erio Castellucci, vice-président de la CEI sur le thème: « Annoncer l’Evangile dans un temps de régénération. Le Chemin synodal en Italie ».

Enfin, jeudi 25 novembre, le cardinal Bassetti fera le point sur les nouvelles voies élaborées au Conseil permanent de la fin septembre sur une « Église synodale de l’écoute et de la proximité ».

Le pape François revient au Vatican

Le pape François a de son côté quitté la Maison Sainte-Marthe du Vatican vers 15h30, pour se rendre en voiture au centre de congrès romains « Ergife », sur la Via Aurelia, pour une rencontre privée avec les évêques italiens.

Le pape a ouvert la 75e assemblée générale extraordinaire de la Conférence épiscopale (CEI), qui se déroule du 22 au 25 novembre 2021 sur le thème « Chemin synodal des Églises en Italie ».

A son arrivée, le pape François a été accueilli par le cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse-Città della Pieve et président de la CEI ; par les vice-présidents Mgr Erio Castellucci, archevêque abbé de Modène – Nonantola et évêque de Carpi, Mgr Giuseppe Andrea Salvatore Baturi, archevêque de Cagliari, par Mgr Antonino Raspanti, évêque d’Acireale ; et par le Secrétaire Général, Mgr Stefano Russo, évêque émérite de Fabriano-Matelica.

À la fin de la rencontre, peu avant 18 heures, le pape a quitté l’hôtel Ergife pour rentrer au Vatican.

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel