« À Lourdes, un temps mémoriel et pénitentiel pour les victimes d’abus », titre Radio Vatican (Olivier Bonnel) ce samedi 6 novembre 2021, au cours de l’assemblée plénière des évêques de France (2-8 novembre).
Une photo prise par une victime a été dévoilée sur le parvis de l’église Sainte-Bernadette du sanctuaire de Lourdes: la sculpture d’un visage d’enfant qui pleure, sur le pilier d’une église. Elle s’accompagne d’un texte où l’on peut lire: «Dans les yeux de l’enfant se mêlent la souffrance, la violence subie, le déni de sa parole et une grande solitude».
«Que cet intense visage de l’enfance humilié me poursuive, nous hante, même, chacun de nous qui portons d’une manière ou d’une autre, une responsabilité, jusqu’à ce que nous ayons fait se rencontrer la justice et la vérité», a lancé Sœur Véronique Margron, la présidente de la Conférence des Religieux et Religieuses de France (Corref).
Puis, en silence, en « civil » et non en vêtements liturgiques, les évêques, accompagnés d’une centaine de laïcs et de personnes victimes invitées à Lourdes, ont traversé le Gave pour se rendre devant le parvis de la basilique Notre-Dame du Rosaire.
Le glas de Lourdes a sonné longuement en mémoire des très nombreuses victimes, suivi d’un long silence, de l’assemblée à genoux.
Un silence rompu par l’orgue et le chant « Seigneur prends pitié », alternant avec la lecture du Psaume 21: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »
Agenouillé devant la Croix, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a ensuite imploré le pardon de Dieu: «Nous pensions être préservés par la sainteté de ton Fils et le sacrifice qu’il a remis entre nos mains. Nous découvrons que nous sommes capables, nous tes ministres, nous que tu as appelés et choisis, de profaner ton don le plus ultime, de transformer en un système humain de dégradation, de mépris, de mort, le don jaillissant de ton Esprit. Pardonne-nous de n’avoir pas compris combien le pouvoir que tu donnes exige de nous une clarté sans faille. Pardonne-nous d’avoir pris ta miséricorde pour une tolérance devant le mal».
Puis soeur Véronique Margron OP, présidente de la Corref a invoqué le Dieu qui délivre du mal: « Toi qui seul peux nous délivrer, nous aussi, du mal que nous avons commis contre la vie, l’intégrité, la dignité, la confiance, la foi de chaque existence, meurtrie, une par une, l’une après l’autre, visage défiguré après visage défiguré. »
« Ouvre nos yeux à toute détresse… « : cette prière de l’assemblée a conclu la démarche de pénitence.
Après un nouveau temps de silence, le chantre a entonné plusieurs fois le refrain: « En toi, Seigneur mon espérance, sans ton appui je suis perdu, mais rendu fort par ta puissance je ne serai jamais déçu ».
Et le chant d’un « Je vous salue Marie » a jailli spontanément avant que l’assemblée ne se sépare.